Grippe 2010 : 5 bonnes raisons d’aller se faire vacciner

Grippe 2010 : 5 bonnes raisons d’aller se faire vacciner

Que restera-t-il cette année de l’épisode ubuesque de la grippe A en 2009 ? Beaucoup de fausses idées à constater la désaffection de la population pour la vaccination. Ce comportement, moutonnier et infondé, a ses conséquences : seul 40% des usagers du vaccin y ont eu recours cette année, contre 80% habituellement début novembre. Bruno Lina, le virologue lyonnais, tord le cou pour Lyon Mag à cinq idées fausses qui circulent sur la grippe.

Le grippe A ne menace plus, je n’ai plus de raison valable d’aller me faire vacciner...
En 2009, un seul virus circulait : le H1N1. Cette disposition est propre aux années grippales pandémiques. 2009 en a fait partie. En 2010, le climat grippal est beaucoup plus classique et saisonnier. Toutefois, trois types de souches menacent : le H3N2, la grippe de type B, et... le H1N1 ! Aujourd’hui, on ne sait pas encore lequel sera responsable de l’épidémie de grippe, même si le H1N1 s’annonce beaucoup moins virulent que l’année précédente. Il est probable que cet hiver, ces trois virus co-circulent. Il s’agit des souches les plus récentes qui ont circulé et qui ont été responsables d’épidémies.

J’ai trois fois plus de chances d’attraper la grippe si trois virus circulent en 2010 ?
Impossible encore de déterminer quel sera le virus de la grippe responsable de l’épidémie cette hiver. Cela peut être le H1N1, le H3N2 ou le type B. Les souches des trois virus composent le vaccin. La seule façon de se protéger effectivement contre l’ensemble de ces virus qui peuvent être responsables d’une épidémie cet hiver, c’est de se faire vacciner : la protection est efficace. Le calcul est donc fallacieux, et le risque d’attraper le virus n’est pas triplé. Mais, à se faire vacciner, les chances de s’en protéger le sont. Le vaccin grippal a une excellente tolérance et montre son efficacité chaque hiver. Ne pas se faire vacciner, c’est prendre un risque lorsque l’on est fragile.

Le vaccin, c’est se faire inoculer sciemment un virus. C’est plus dangereux qu’autre chose...
Faux, faux et archifaux. Il faut tordre le coup à cette idée reçue. Le danger, c’est le virus, ce n’est pas le vaccin. Lorsque l’on parle de dangerosité liée à la grippe, on évoque l’infection virale, et non la vaccination. La vaccination contre la grippe existe en France depuis maintenant plus de quarante ans. Elle intègre trois virus dans sa composition vaccinale, qui sont les souches les plus récentes qui ont circulé et qui ont été responsables d’épidémie. Ce vaccin est un vaccin inactivé : les virus qui le compose sont non-infectieux et ne servent qu’à induire une préparation à la réponse immunitaire. Nous apprenons à notre système immunitaire au cours de la vaccination à lutter contre ces virus. La vaccination contre le grippe est un objectif majeur de santé publique.

De constitution fragile, vais-je mettre effectivement ma santé en danger si je ne me fais pas vacciner ?
Il y a une mortalité induite par la grippe. C’est une mortalité directe, mesurable, qui s’élève à une dizaine de cas chaque année. La mortalité indirecte est beaucoup plus importante. Parfois, des formes de grippes graves surviennent chez des individus qui accumulent un certain nombre de facteurs de risques. Ce n’est pas une conséquence immédiate de l’infection, mais une conséquence à terme de l’infection qui peut engager un pronostic vital. Un organe fragilisé sera décompensé pendant l’infection grippale, c’est à dire qu’il n’équilibrera plus les effets nuisibles du virus. Ce déséquilibre est la conséquence de l’infection grippale. Par exemple, une infection grippale peut décompenser une insuffisance cardiaque d’un individu. Et si l’individu, fragilisé, succombe quelques semaines après, difficile de ne pas faire le lien avec la grippe. Conséquence directe ? Lorsque l’on regarde les courbes de mortalité des individus en France, et qu’on superpose ces courbes avec celles de circulation du virus de la grippe, on voit bien que c’est au même moment que l’on observe une surmortalité au moment de la circulation des virus. Les personnes fragilisées sont donc particulièrement exposées.

On nous rebat les oreilles avec le vaccin contre la grippe. Mais voyez la grippe A, annoncée comme la plus virulente, elle n’a fait que très peu de morts...
La situation au cours des années pandémiques est très différente de la situation des années de grippe saisonnière. Il faut les comparer avec les autres années où cette configuration a été constatée, à savoir en 1957, en 1968 et même en 1918. On essaie aujourd’hui de faire des estimations de l’impact réel de la pandémie de grippe Ade 2009. Il n’a pas été observé de surmortalité chez les personnes âgées, car elles n’ont pas été atteintes par ce virus. Toutefois, lorsque se penche sur les décès enregistrés, ils ont été constatés chez des personnes potentiellement jeunes. La moyenne d’âge s’élève à 35 ans. Alors, si la mortalité était peu importante en nombre de décès l’année dernière, le nombre d’années de vie perdu est beaucoup plus important que ce que l’on rencontre lors d’une grippe saisonnière. C’est une situation particulière qui demande une comptabilité particulière, mais croire que la grippe A a été particulièrement peu virulente est une contre-vérité.

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