Christine Vernay, vigneronne à Condrieu : "De plus en plus de femmes dans le monde du vin"

Christine Vernay, vigneronne à Condrieu : "De plus en plus de femmes dans le monde du vin"
Christine Vernay - LyonMag

Christine Vernay, propriétaire du domaine viticole Georges Vernay à Condrieu, était l"invitée ce jeudi de Jazz Radio pour l'émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.

Vous avez été invitée lors du Printemps des Entrepreneurs organisé par le Medef. Ce genre de sollicitation, vous le prenez comme une vraie reconnaissance chaque fois ?
"Oui c’est une belle reconnaissance et un intérêt personnel."

Depuis l’an passé et votre titre de personnalité de l’année 2012 décerné par le célèbre guide Bettane et Desseauve des vins de France, on vous a vu donner beaucoup d’interviews. Ca fait aussi partie de la reconnaissance.
"Oui complètement. La reconnaissance de mes pairs, ce qui est très important. Mais je ne la prends pas spécialement pour moi, mais plus comme une reconnaissance du travail de plusieurs générations. Je représente la 3e génération, la première femme mais je m’inscris vraiment dans une continuité."

Qu’est-ce qui intrigue le plus dans votre parcours ? Le fait d’être une femme, que vous ayez repris le domaine de votre père ou que vous ayez totalement changé de vie, passer de prof d’italien à l’ENA à une vigneronne de Condrieu ?
"Les trois je crois. Ils peuvent paraître surprenants. Mais pour moi c’est un parcours qui est presque une continuité. Je crois que pour reprendre un domaine, il faut s’être construit ailleurs.
Une femme dans le milieu du vin, ca étonne mais de moins en moins."


Quel a été le déclic ?
"C’est le départ de mes parents à la retraite, je ne l’avais jamais imaginé. Je suis resté une petite fille qui ne voit pas ses parents vieillir. J’ai eu conscience que le domaine allait s’évanouir."

Quinze après, vous n’avez pas de regret ?
"Aucun ! Vraiment aucun."

Suite à ce classement dans les meilleurs domaines de France, vous avez remarqué un avant et après ?
"Non. Il y a eu un peu plus d’intérêt médiatique mais le regard de mes pairs est toujours le même. Ca mettre presque plus de pression. Rien n’est acquis, c’est une certitude."

En produisant du Condrieu, du Saint-Joseph et du Côte-Rôtie, vous avez la possibilité assez rare de travailler avec du blanc et du rouge. Qu’est ce que vous préférez ?
"Ah la question difficile pour moi… Souvent les vignerons ont une préférence ou sont plus connus sur le blanc ou le rouge. Mon père était connu pour le Condrieu, il a sauvé l’appellation. Donc moi en arrivant, je me suis peut-être plus investi sur les rouges. Avec la reconnaissance pour les deux couleurs. J’ai un rapport très différent, je n’ai pas les mêmes sensations mais j’ai le même plaisir."

La sensibilité d’une femme, c’est un plus ?
"Ca m’est difficile de répondre. Les hommes ne me disent rien. Mais je crois qu’une femme dans un milieu d’hommes n’a pas de concurrence. Bien sûr qu’elle est confrontée au regard des autres mais on arrive presque avec plus de libertés. Je n’ai pas envie de prouver quelque chose par rapport aux hommes. Je ne me confronte pas vraiment, j’ai envie d’agir.
Le monde du vin est un monde particulier. Il a une symbolique forte, c’est le sang de la vigne, les femmes étaient interdites dans les caves et puis ca reste physique, difficile. Mais les femmes aujourd’hui arrivent en sommellerie et s’autorisent à reprendre des domaines. Les filles de vignerons y pensent."


C’est le cas de votre fille ?
"Peut-être… Peut-être une quatrième génération mais j’ai encore le temps."

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