A Lyon, la première formation à la laïcité fait son bilan

Les objectifs sont multiples pour cette formation inédite. Les universités Lyon III et Catholique, l’Institut français de civilisation musulmane (IFCM) et le conseil régional du culte musulman se sont associés pour créer ce diplôme universitaire. Ou plutôt ces diplômes. Le premier, nommé "Religion, liberté religieuse et laïcité" s’adresse surtout aux agents des collectivités.

"Mieux traiter la diversité religieuse"

Pour Michel Younès, maître de conférences en théologie et en philosophie à l’université Catholique, cette formation a pour vocation de "fournir les clés pour mieux traiter la diversité religieuse". Des cas concrets ciblent les problématiques liées à la réglementation hospitalière ou pénitentiaire par exemple.
A côté du diplôme universitaire, le certificat est destiné  aux cadres religieux musulmans, comme les imams, les aumôniers ou les enseignants. Il a pour ambition de "leur permettre de comprendre comment la société française est construite et autour de quelles règles", explique Bruno Guiderdoni, vice-président de l’IFCM. Des cours intensifs de français sont également dispensés à ceux qui en ont besoin.

"Comprendre comment exercer ma religion dans un pays laïc"

Douze étudiants se sont inscrits pour le diplôme universitaire. Vingt ont été retenus pour le certificat, dont treize imams et quatre femmes. Une chance selon Karima Djilali-Beida, qui suit les cours du certificat. "Je suis une guide religieuse, je voulais comprendre ce qu’est la laïcité, pour mieux la transmettre, explique-t-elle. Je travaille à la Mosquée, mais on vit en France et on veut s’intégrer. Grâce à ces cours, je commence à comprendre le contexte dans lequel je vis, comment je peux exercer ma religion dans un pays laïc".
Et peu importe les horaires, "on est motivés", plaisante-t-elle.
Il le faut car l’investissement demandé est plutôt conséquent. Les étudiants ont cours le soir, de 18h à 20h et trois sessions de deux jours, consacrées à des analyses pratiques, sont programmées dans l’année. Un mémoire de fin d’étude est aussi obligatoire pour valider le diplôme. Une exigence qui justifie le niveau d’accès fixé à Bac +2, ou équivalent en cas de diplôme étranger.

Pour Kamel Kabtane, président de l’Institut français de civilisation musulmane, grâce à cette formation les cadres religieux musulmans ont pu "démontrer qu’ils voulaient être reconnus par la société française et contribuer à la cohésion sociale et au vivre-ensemble".
Fort de cette première expérience, les formations sont renouvelées l’année prochaine. Les dossiers sont à déposer avant le 7 juin pour le certificat et avant le 14 octobre pour le diplôme universitaire.