Thierry Rocourt, directeur des cinémas Pathé à Lyon : "Fréquentation à la baisse mais on reste sur un bon niveau"

L’année a mal commencé pour les cinémas avec une baisse de fréquentation de 16% sur le niveau national, moins 12% pour les Pathé de Lyon. Ca s’est amélioré depuis ou pas ?
"On est toujours sur la même tendance. Mais il faut relativiser. Depuis quatre ans, on est remonté à plus de 200 millions d’entrées. Donc on est tout de même dans une tendance de renaissance du cinéma en salles, parce que la profession a fait des investissements. Les Lyonnais ont beaucoup de chance parce qu’ils ont beaucoup de cinémas neufs ou en très bon état.
Mais la tendance reste la même, ca reste baissier mais à un bon niveau. Notamment sur le centre-ville parce que le Pathé Bellecour marche très très bien, le Coemedia également."

Quels sont les facteurs ? La crise, l’absence de bons films, le temps ?
"Il y a eu plein de bons films mais c’est le public qui choisit. S’il a un peu moins envie d’aller au cinéma, il est difficile de déterminer si les films sont moins bons que l’an dernier. On n’a pas eu de gros succès populaires. Le plus gros c’est Django Unchained qui bénéficie de la réputation de Quentin Tarantino. Après, les grands films populaires, à part Boule et Bill, n’ont pas donné tout à fait ce qu’on espérait."

Les gens réfléchissent à deux fois avant de venir au cinéma avec la famille ?
"On peut penser que certains arbitrages se font au détriment des loisirs. Donc on peut espérer que c’est passager. Il n’y a pas d’écroulement, c’est une érosion, un coup de moins bien. On continue à avoir des salles agréables. Pathé va travailler l’innovation, on a un plan sur cinq ans et il y aura de belles surprises."

Beaucoup d’investissement pour attirer le public, ca n’impose pas des prix de place plus chers ? 10,50 euros la place, 13,50 en Imax. Le cinéma n’est-il pas trop cher ?
"Pour que le public se déplace dans une salle de ciné, il faut qu’il y ait une valeur ajoutée, que ce soit en termes de confort, de service et de qualité technologique.
Je vous le dis sincèrement, dans la profession on se disait de ne surtout pas dépasser 10 euros pour la place. Et franchement on continue à faire des entrées. On a heureusement tout une gamme de tarifs et le prix moyen est bien inférieur à 10 euros."

Le profil des spectateurs a-t-il évolué ?
"Non, c’est un public très large et c’est la force du cinéma français. En milieu rural, on a aussi des salles associatives ou municipales. On les retrouve à Lyon et c’est très bien qu’elles existent comme les CNP ou les salles art et essai.
On a des multiplex parce qu’il faut aussi tirer la profession.
Sur le public, la classe d’âge qui augmente, ce sont les séniors."

Vous avez découvert Lyon récemment. Est-ce que les Lyonnais sont des cinéphiles ?
"Oui, ils le sont. Je fréquente beaucoup les salles et pas seulement celles de Pathé. On y est bien accueillis et bien installés. C’est une vraie richesse mais comme tout ce que Lyon peut proposer en termes de culture et de gastronomie."

Quel sera selon vous le gros succès des prochaines semaines ?
"Je pense que les Gamins avec Alain Chabat et Max Boublil va faire quelque chose. Il y a un film que j’ai très hâte de voir, c’est The Grandmaster de Wong-Kar-Wai qui est, paraît-il, sublime et très spectaculaire. Et puis la petite pépite que j’ai hâte de voir aussi, c’est Mud de Jeff Nichols dont on dit que c’est peut-être le nouveau Kubrick. Il avait fait un film qui n’était pas passé inaperçu et qui s’appelait Take Shelter. Si vous êtes un peu cinéphile, n’oubliez pas ce titre qu’on découvrira peut-être ensemble."