Neuf mois après s'être immolé, l'agent du Grand Lyon témoigne

Neuf mois après s'être immolé, l'agent du Grand Lyon témoigne
Capture d'écran TF1

Le 19 juillet 2012, Manuel Gongora s'est immolé par le feu sur le parking de son lieu de travail à Vénissieux.

Il venait d'apprendre sa mise à pied pour 12 jours suite à une altercation avec un supérieur. Neuf mois après, il raconte dans l'émission "Sept à Huit" sur TF1 les raisons qui l'ont poussé à commettre l'irréparable. "Quand on en arrive là, explique-t-il, c'est qu'on a l'impression de ne plus avoir de recours, on est au bout du rouleau, et on se sent lésé, lynché, lâché. Les 12 jours de mise à pied ont été pour moi une exécution. Me retrouver au tribunal administratif, pour moi c'était un déshonneur total".

"A un moment donné, je me suis dit : c'est maintenant"

Manuel Gongora explique qu'il s'agissait d'un acte prémédité. Avant d'être sanctionné il avait prévenu : "j'avais dit que si je devais avoir un seul jour d'exclusion, je passerais à l'acte, je m'immolerais. Je ne savais pas quand j'allais le faire. A un moment donné, à 8h du matin, je me suis dit c'est maintenant. J'ai été acheter un briquet et chercher un bidon d'essence. J'ai téléphoné aux collègues pour les prévenir de descendre avec un extincteur, ils n'ont pas compris. C'est un collègue qui m'a vu sur le parking. Quand j'ai senti qu'il allait m'en empêcher, j'ai allumé". D'autres personnes sont alors arrivées avec un extincteur et ont éteint le feu. "C'est indicible comme douleur", raconte-t-il les yeux aux larmes.

Manuel Gongora s'est retrouvé brûlé sur 80% du corps. Il a passé deux mois dans le coma à l'hôpital. A son réveil, il avait perdu 24 kg, "je ne pouvais plus rien faire, j'étais détruit". Interrogé sur les raisons de son geste désespéré, il explique : "On le fait pour rétablir la vérité, pour faire bouger les lignes, pour que les choses changent. Moi et mes collègues nous subissons beaucoup. Quand on est dans cet état, dans cette colère, dans cette révolte, on peut plus vraiment penser. C'est vrai que je ne me suis pas posé la question, je me la pose aujourd'hui. Je ne regrette pas le geste, mais je regrette d'avoir fait du mal à ma famille".

"Je n'ai jamais voulu mourir, je voulais que ça se fasse dans un coup d'éclat"

Après le drame, sa sanction a été levée. "C'est cher payé, mais l'honneur d'un homme vaut cher. Etre humilié dans son travail, c'est être réduit à néant, car le travail c'est toute une vie". Manuel Gongora affirme toutefois : "Je n'ai jamais voulu mourir, ce que je voulais c'est protester, et je voulais que ça se fasse dans un coup d'éclat". Concernant ses projets d'avenir, il affirme qu'il aimerait retourner travailler : "aujourd'hui je ne m'en sens pas capable, mais je vais travailler pour" conclut-il.

Le CHSCT du Grand Lyon doit rendre les conclusions de son enquête sur le geste de Manuel Gongora dans quelques mois.

X

Tags :

immolation

9 commentaires
Laisser un commentaire
avatar
voireuil le 03/07/2013 à 08:49

Savez-vous la différence qu'il y a entre un fonctionnaire et un ministre... ben y en a pas!
Ça ferme sa gueule ou ça démissionne.

Et c'est du vécu!

L'avantage, c'est qu'il n'existe pas de préavis dans la fonction publique... donc vous faites ça le soir et votre chef le lendemain est tout comme un con!

Et clairement, le privé, c'est dur... mais vous êtes libres!

Signaler Répondre

avatar
Bartcsprt le 03/07/2013 à 06:39

....ben comme ca vous savez comment cela ce passe dans le privé.

Signaler Répondre

avatar
lolo le 03/07/2013 à 06:07

1789 de nouveau !!!!!!!!!!!!

il ne reste que cette solution , retablissons la guillotine place bellecour pour tous les hommes politique qui se sont enrichis sur le dos des travailleurs.

Signaler Répondre

avatar
potdeterre le 02/07/2013 à 20:55

j'ai été agressé en 2007 sur mon lieu de travail à la voirie du grand-Lyon j'avais mon téléphone portable à l'oreille et je communiquais avec mon délégué syndicale CFDT à 7h30 du matin , mon agresseur étais un agent du service , qui était couvert par l'ingénieur qui me harcelait tous les jours, parce que j'avais tiré la sonnette d'alarme le 20 avril 2005 soit 2 années avant mon agression lorsqu'un autre agent du même service avait et défiguré par arme à feu par un agent de maîtrise !
j'ai perdu connaissance et 16 de neuro hématome au cerveau, dents cassées plaies au visage etc; aujourd'hui cette affaire n'est pas terminée , on a tout fait pour m'écraser ,et l'avocat de mon agresseur se sert de faut témoins , il faut dire qu 'il y a eu plusieurs agression sur ce lieu de travail , et notamment par ce même agresseur couvert par la hiérarchie dont j'avais alerté, mal m'en pris , d'avoir voulu que cesse ces violences
je suis encore à ce jour soit sept ans après multiple renvois , de m'apercevoir que la défense de mon agresseur fait tout pour chercher une faille afin de me trouver tous une responsabilité bien que j'ai toutes les preuves écrites et notamment un enregistrement de magasine de la santé sur la 5 quand le 20 avril 2005, un collègue de travail a été criblé de plomb au visage et dans l'oeil par un agent de maîtrise nommé par cet ingénieur qui couvrait les agresseurs par copinage compte tenu des magouilles dans cette subdivision
j'ai été mis à terre en 2007 dans mon année de mes 60 ans je n'ai aucune aide ni un un mot de sympathie , ni excuses , ni même ma médaille du travail !! on m'a mis en retraite invalidité en 2011 , j'ai commencé a travailler en 1961 à l'âge de 14 ans , donc après 50 années dans le monde du travail;
après un syndrome du stress post traumatique , . il est curieux de savoir que font les auteurs de ces faits, qui sont protégés , le suis doublement victime, voir même à passer pour l'agresseur

Signaler Répondre

avatar
Grace@kazikaza.com le 12/06/2013 à 19:21

Le plus touchant c'est son vouloir revenir travailler dans la même entreprises quand il en sera capable. Pourquoi chercher a revenir au même boulot pour prouver a des gens bloqués dans un jugement de lui qu'il est compétant On est bizarre nous les humains. Et ses copains s'en avaient lave les mains. Je m'identifie a lui. Moi aussi je reviendrai a mon boulot s'ils veulent encore de moi.

Signaler Répondre

avatar
tidine69 le 11/06/2013 à 13:58

Je m'interroge sur la disparition du replay de l'émission sur MyTf1, peut être que le témoignage poignant et lucide de Manuel Gongora sur les failles du Grand Lyon dérange ?
Il faut se battre pour que cette tragédie humaine ne soit pas oubliée et que le geste de Manuel fasse bouger les choses, que son combat pour la vérité ne soit pas vain.

Signaler Répondre

avatar
aladin le 10/06/2013 à 18:01

je travaille au grand lyon depuit des annees on est commander par des incapables qui mette la pression absenteisme record et depression a tout les niveaux

Signaler Répondre

avatar
billout le 10/06/2013 à 17:29

C'est étonnant, ce drame de la vie humaine ne passione guère les foules et laisse sans commentaires, alors qu'a chaque coups de pelles sur le terrain du grand stade de LYON à Décines, on a droit a des centaines de commentaires.
A MÉDITER.......

Signaler Répondre

avatar
satand le 10/06/2013 à 11:45

On pousse les salariés au bout du rouleau, avec comme épée de Damoclès le chômage.

Signaler Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Les champs requis sont identifiés par une étoile *
Si vous avez un compte Lyon Mag, connectez-vous.
Nous ne vous enverrons pas d'email sans votre autorisation.

Le compte Lyon Mag est gratuit et facultatif. Il vous permet notamment de réserver votre pseudonyme pour les commentaires, afin que personne ne puisse utiliser le pseudo que vous avez enregistré.
Vous pouvez créer un compte gratuitement en cliquant ici.