Vers une Union Européenne Fédérale

Vers une Union Européenne Fédérale
Benoît de Valicourt - DR

Les instituts de sondage reconnaissent volontiers que les intentions de vote attribuées au Front National sont sous-estimées mais est-ce bien raisonnable ?

Dans quelques jours, plus d’un Français sur 4 qui se déplacera pour accomplir son devoir civique européen votera pour le FN dans une presque indifférence générale ! Mais que cherche-t-on ? A se faire peur ? A anéantir les fondamentaux de la CEE qui avait pour but de se prémunir d’une nouvelle guerre et de soutenir l’économie de l’Europe malmenée par le dernier conflit mondial ?

L’Europe est aujourd’hui malade, elle a perdu de son prestige suite à ses élargissements successifs, elle n’est pas comprise de ses citoyens et sert trop souvent de bouc-émissaire aux échecs nationaux.
Et portant l’Europe est une belle idée, même si les prémices de sa conception ont souvent été le dessein de despotes expansionnistes annihilant la culture des peuples soumis à la domination de l’occupant.
Depuis le Traité de Rome, les choses sont différentes et les nations font acte de candidature pour rejoindre l’Europe, mais l’élargissement permanent a conduit à une expansion débridée de l’Union Européenne laissant davantage la place à une association internationale qu’à une organisation supranationale visant à s’auto-administrer.

Dans son roman Il est de retour, Timur Vermes (Editions Belfond 2014) donne vie à Adolf Hitler 70 ans après sa mort et lui prête cette citation au sujet de l’Europe : "…pratiquement tout le monde pouvait en faire partie, même les pays les plus sous-développés situés aux marches de l’Europe. Or, quand tout le monde peut faire partie d’une alliance, celle-ci perd toute vertu. Qui veut acquérir certains avantages doit donc créer une nouvelle alliance à l’intérieur de l’ancienne."
Il faut admettre que l’auteur pose ici le problème de l’élargissement de l’Union et donc de la limite de l’exercice vs le Traité de Paris. Il faudra attendre la fin d’un conflit, celui des Balkans, pour que les pays de l’ex-Yougoslavie de Tito rejoignent l’UE, qui n’aura pourtant pas empêché la crise économique de 2008.

Faut-il continuer à imaginer une Europe qui ne fait plus rêver ou devons-nous revenir aux fondamentaux du rêve le plus simple de Jean Monnet ?
Paradoxalement,  l’Europe en tant qu’organisation supranationale se fissure après la chute du Mur de Berlin avec le traité de Maastricht. Les opposants à l’Union se font plus nombreux et les dirigeants européens accélèrent le processus d’élargissement comme s’il fallait agir vite, sans doute parce que le coup d’Etat en URSS visant à empêcher le traité de l’Union de Gorbatchev quelques mois plus tôt avait laissé des traces dans la mémoire des artisans de l’Europe.
Le problème est que l’accélération de la construction s’est faite au détriment de la pédagogie la plus élémentaire et qu’il n’est pas surprenant aujourd’hui d’assister à un rejet massif d’une institution comprise de ses seuls représentants qui parfois ne sont pas convaincus eux-mêmes mais acceptent d’être candidats éligibles pour s’assurer une reconversion politique après une défaite électorale nationale.

Tout ne peut pas être détruit aujourd’hui, on ne peut pas exclure tel ou tel pays, mais en revanche on peut décider de ne plus élargir l’Union, de repenser ses structures, du Conseil de l’Europe à la Zone Euro, et imaginer une Union Européenne plus fédérale composée des pays qui ont en commun la volonté de partager, outre une monnaie commune, une autorité judiciaire commune, une armée commune, une diplomatie commune, un commerce extérieur commun. Pour les autres Etats qui ne veulent pas ou ne peuvent pas rejoindre cette Union Européenne Fédérale, le droit international permet la création d’une organisation comme la Communauté d’Etats Indépendants, assurant la coordination de relations privilégiées de ses membres avec l’Union Européenne Fédérale.
Les élections européennes de 2014 marquent le 35e anniversaire du premier suffrage universel direct du Parlement Européen ; on aurait pu espérer une campagne plus joyeuse, plus européenne mais on assiste à un dénigrement permanent de l’Union Européenne, à une défiance voire une indifférence des citoyens.
L’échec est collectif, les grands partis français à force de marier la carpe et le lapin sur les listes européennes ont sali l’institution et démotivé les électeurs, incapables de rêver d’une Europe forte, unie et conquérante sur le plan économique, parce que sa construction ne s’est pas faite dans l’optique d’un Etat fédéral mais dans celle d’un cataplasme pour combattre les nationalismes les plus vils ; il manquait l’idéal supranational que les Etats-Unis d’Amérique ont su construire.

Le 25 mai prochain, les mouvements nationalistes anti-européens gagneront les élections, les partis pro-européens seront sur le banc de touche parce que les élections européennes ne servent pas à élire des parlementaires qui construiront l’avenir des euro-citoyens mais permettent d’élire des députés qui pendant 5 ans n’auront de cesse de réduire voire de détruire le projet européen.
Il nous reste cependant un peu d’espoir, il a fallu 172 ans aux Etats-Unis pour devenir la république constitutionnelle fédérale que l’on connait, la construction européenne n’a que 62 ans !

Benoît de Valicourt

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10 commentaires
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Fanfan le 02/06/2014 à 15:54

Une Europe Fédérale qui protège l'individualité culturelle, religieuse, de chaque pays et en créant une vraie Europe Sociale (mais non à la débauche de l'assistanat), une vraie Europe économique - politique qui rassemble les bonnes volontés et qui bannit les profiteurs. Supprimer la moitié de la technocratie et des députés. Et revoir la copie concernant le nombre d'adhérents en évinçant les pays qui ne respectent pas l'Esprit Européen! (Pays de l'Est, Pays qui refusent la monnaie unique....)

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Villeurbannais le 23/05/2014 à 16:40

Je crois que les électeurs pensent que c'est l'Europe qui est nuisible, l'Europe qui sauve les banques mais pas les grecs, l'Europe qui s'acoquine avec les lobbies contre notre santé et notre bien-être, l'Europe qui dérégule et instaure une compétition permanente entre les peuples...

Mais non, ce n'est pas l'Europe, c'est la droite Européenne qui tient les rênes et qui fait passer les profits des lobbies avant la protection de ses citoyens. C'est cette Europe qu'il faut changer dimanche et moi je le ferai en votant Michèle Rivasi qui depuis 5 ans réalise un travail formidable.

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Dimanche évitez l´UMPS le 23/05/2014 à 15:07
romainblachier a écrit le 22/05/2014 à 20h33

Bravo, beau billet alors que nous pro-européens avons parfois du mal à expliquer les choses avec souffle face à la démagogie des nationalistes.

Nous sommes contre l´UE. L´Europe, c´est bien. L´Europe est notre continent. Celui sur lequel s´est forgée notre civilisation. La coopération entre les pays est une avancée.
Mais l´UE n´est pas l´Europe que nous voulons. L´UE est une assemblée supra-nationale qui prend de plus en plus de pouvoirs au détriment des pays. Qui commence à leur dicter ce qu´ils doivent faire. Qui gaspille des ressources de facon démesurée.
Nous voulons changer cette vision de l´Europe. Dès dimanche. Nous sommes pro-européens, donc anti-UE !

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glwadys le 23/05/2014 à 14:57

L'Europe j'étais pour ! Aujourd'hui franchement je regrette beaucoup de choses et comme l'a écrit quelqu'un 1franc est devenu 1 €, on a autorisé des produits avec des poids nets différent plus de paquets de pâtes à 500g ou 1kg maintenant c'est 450g voire 470g et 850 g le prix n'a pas changé ça c'est du concret et cela en serait risible si on ne sentait pas l'arnaque. Idem cette affaire d'escabeau ridicule les français arrivent même pas a adapter une directive. Les français constate que l'Europe ne leur a rien apporté et dire le contraire (c'est peut être le cas par ailleurs ) reste difficile a démontrer !!!!

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romainblachier le 22/05/2014 à 20:33

Bravo, beau billet alors que nous pro-européens avons parfois du mal à expliquer les choses avec souffle face à la démagogie des nationalistes.

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www.bruitdevert.fr le 22/05/2014 à 17:41

Si la construction européenne représentait un espoir pour beaucoup, elle se présente davantage maintenant comme une menace.
Comment en vingt ans on est passé du volontarisme à la méfiance et au repli ?
- Je crois que d'abord les dirigeants français n'ont pas dit la vérité à leurs concitoyens ; a été promis une Europe "la France en grand" mais le choix des français n'est pas le choix des autres européens, nos visions, nos approches sur le fonctionnement de la société sont parfois différents. D'où la nécessité de discutions et de compromis.
- Je pense aussi que la construction d'une structure politique de ce niveau est forcément très complexe ; tant au niveau des convergences économiques, monétaires, diplomatiques...etc..il faut souvent être très informé pour comprendre ces mécanismes. Ceci a tendance à exclure le simple citoyens et rend l'Europe inaccessible.
- Le personnel politique français use de démagogie envers la Communauté ; c'est tellement facile de critiquer les décisions prisent à Bruxelles ou à Strasbourg, alors que ceux qui critiquent sont des absentéistes notoires ou pire encore qu'ils ont voté ces décisions !

Il serait temps de remettre de la volonté dans ce beau projet, remettre l'Homme en son centre, repousser les lobbies, mettre la finance au service des européens et pas l'inverse, envisager l'avenir, faire une Europe de la qualité et pas du productivisme agricole, assurer une transition énergétique choisie ....bref une Europe sans conservateur quoi !

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UE=Union Ephemere le 22/05/2014 à 15:41
gandfort a écrit le 22/05/2014 à 14h44

il a fallu 172 ans aux Etats-Unis pour devenir la république constitutionnelle fédérale , la belle affaire.

Et quatre ans de guerre civil 600 000 morts pour une population en 1860 de 32 million ,c'est beaucoup pour trouver que c'est jolie. Ramené à la population européenne c'est 75 million de morts , je m'excuse mais le rêve américain ne me fait pas rêvé.
Et 62 ans c'est déjà de trop , puisque cela ne marche plus, sauf à faire des cauchemars sociaux.

A quoi sert l'Europe aujourd'hui, à remttre à flot des pays comme la Bulgarie, la Roumanie, la Grèce, Chypre....A oui la libre circulation des individus, il faudrait déjà qu'ils respectent notre pays avant de vouloir s'y installer.
Que représente l'Europe pour les pays de l'Est, une boée de sauvetage: des peuples massivement en faveur de l'UE et une fois entrés, entre 10 et 20% de votants, comme quoi tout le monde s'en fiche.
La monnaie unique, l'inflation a été extraordinaire 1 franc est devenu 1 € pour 80% des produits mais le salaire n'a pas été multiplié par 6.5 même s'il a un peu augmenté.
L'avantage, on peut voyager sans avoir de passeport : bien maigre consolation lol.
Je ne suis pas contre l'Europe mais le bilan est plutôt famélique et lorsque l'on voit le désaccord perpétuel entre les états membres, il n'y aura pas d'avancée dans un futur proche.

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stardust le 22/05/2014 à 15:04

Bonjour Gandfort
d'accord avec vous de toute façon
c'était déjà capoté dés le départ
il faudrait tout refaire pour que celà fonctionne et encore ....
dommage l'Europe un beau rêve illusoire

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gandfort le 22/05/2014 à 14:44

il a fallu 172 ans aux Etats-Unis pour devenir la république constitutionnelle fédérale , la belle affaire.

Et quatre ans de guerre civil 600 000 morts pour une population en 1860 de 32 million ,c'est beaucoup pour trouver que c'est jolie. Ramené à la population européenne c'est 75 million de morts , je m'excuse mais le rêve américain ne me fait pas rêvé.
Et 62 ans c'est déjà de trop , puisque cela ne marche plus, sauf à faire des cauchemars sociaux.

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stardust le 22/05/2014 à 14:17

Bonjour
les politiques ont mis en place une monnaie
unique Euro pour contrer le Dollar avant de mettre en place des taxes d'importations
et d'exportations équivalentes à chaques pays ....
Avant de courir de façon Etats unis d'Ameriques il faut peut étre apprendre à marcher dans le mème sens
et pourquoi pas aussi avoir une langue unique mais là
c'est une autre histoire .......

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