"Les intellectuels de gauche sont assis sur leurs certitudes"

"Les intellectuels de gauche sont assis sur leurs certitudes"
Benoît de Valicourt - LyonMag

Claude Bartolone, Président PS de l’Assemblée Nationale a dit : "Les intellectuels de gauche sont assis sur leurs certitudes".

Nous connaissons tous l’image du coq gaulois, celle de l’exception culturelle française, le slip français, la marinière française chère à Montebourg, la chaussette française vendue dans les boutiques de l’Assemblée Nationale et du Sénat et plus récemment nous avons découvert l’intellectuel réac français… et ce n’est pas une espèce en voie de disparition ! Bien au contraire, l’intellectuel réac français est à la mode grâce aux médias dont certains ne peuvent pas être taxés de complaisance.

L’exception culturelle française aurait-elle renoué avec les penseurs de la première moitié du XXe siècle éduqués sur les cendres d’une France droitière, bourgeoise, catholique [et trop souvent antisémite] qui n’avait pas encore fricoté avec le gauchiste, le prolo, l’artiste populaire ou la bohème ?

Céline, Barrès, Brasillach, Daudet, Morand ou Maurras ont leurs disciples et pourtant rien n’est comparable à leur époque.

Si j’ai toujours pensé que la mémoire est le socle à partir duquel construire le présent, je crois que nous devons nous servir de ce passé pour ne pas reproduire des schémas dont on sait aujourd’hui, de façon factuelle, qu’ils ne sont pas les solutions que nous attendons.

Je lisais la tribune de deux jeunes intellectuels Edouard Louis et Geoffroy de Lagasnerie dans Le Monde daté du 27 septembre 2015 et si j’ai trouvé ce texte brillant, je ne comprends pas comment deux esprits du XXIe siècle puissent confondre socialisme et humanisme. Ils invitent les intellectuels de gauche à se réengager face aux discours de repli qui nous étouffent progressivement, face aux incantations sectaires et face aux idées réactionnaires.

Si la conversation est un art français, la subversion est passée du côté de la conversation. Le siècle des Lumières ne brille plus, l’obscurantisme nous entraine dans la pénombre des années 30 et notre salut serait la gauche bienpensante ?

Assurément non ! Parce qu’il faut cesser de confondre Humanisme et Socialisme.

Je cite volontiers Hegel "Je tiens autrui pour égal à moi-même" et pourtant je ne suis ni marxiste, ni communiste, ni socialiste. Si ces courants de pensée politique ont fait leur temps soit parce qu'ils ont montré leurs échecs, soit parce qu’ils ne sont plus adaptés à notre époque, la citation de Hegel n’a pas pris une ride et devient, dans un monde d’ouverture, d’échanges, de mutations, de connaissances, de sciences et de culture, la devise de l’humanité. Et nous n’avons pas besoin d’être de gauche ou de droite, progressistes ou conformistes, réactionnaires ou libertaires,  nous devons simplement vivre notre temps en acceptant de nous régénérer, de nous oxygéner, d’être simplement audacieux parce que l’audace est l’exacte inverse de la peur et que la peur conduit au rejet.
La France est belle, l’Europe encore plus et le monde est la quintessence de la beauté parce qu’il est le mélange de ce qui nous est offert d’admirer, de ce que nous avons créé, de ce pourquoi nous devons nous engager.

J’appartiens à une catégorie de la population qui est restée assise sur ses certitudes pendant des siècles et qui a tout perdu l’instant d’une révolution. Aujourd’hui, pour une majorité d’entre elle, il lui reste ses souvenirs, parfois ses châteaux, ses titres de noblesse  et très souvent un bocal de formol dans lequel elle plonge pour ne pas voir les changements. Et il y a aussi, une autre partie, qui comme moi, fait le choix de se régénérer et de mélanger des univers différents, souvent opposés, avec la profonde conviction que c’est la seule possibilité de ne pas disparaître.

Ce qui est vrai à l’échelle d’une caste, l’est aussi à l’échelle d’un pays et quand je regarde, avec tristesse, la grandeur de la Russie décliner parce que son peuple n’a pas su se dépoussiérer au point de perdre son âme, pourtant censée être immortelle, j’invite Edouard Louis, Geoffroy de Lagasnerie, Philippe Corcuff et bien d’autres à ne pas s’enfermer dans leurs dogmes de gauche, mais à s’engager avec moi à combler le vide idéologique des politiques et à transgresser les institutions, avec bienveillance.

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Benoît de Valicourt

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8 commentaires
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buble le 25/10/2015 à 10:19

Mitterrand nous a appris tout le bénéfice qu'un politicien peut tirer d'un positionnement intellectuel réputé vertueux; il a inventé l'apartheid éthique en faisant des socialistes les pourfendeurs du racisme, signifiant ainsi que les autres partis étaient racistes.
Hollande a tenté avec les modes du moment de scinder la société française entre pour et contre le "mariage pour tous", réputé "égalitaire" et "progressiste", renvoyant ses opposants au statut de réacs ringards et homophobes. Quant aux résistants de gauche, ils ont dû la boucler.
Le socialisme est devenu ça! De la "com" malodorante à tous les étages de l’État; un Gaspard Gantzer faisant figure de stratège politique; de l'activisme médiatique et people en lieu et place de 30 siècles de culture française mise au rebut. Tant il est vrai que l'air du temps est à la dénonciation de l'idée d'héritage et de Nation, notions désormais démonétisées au nom du multiculturalisme humaniste qui doit prévaloir comme critère égalitariste et progressiste, dans une société moderne digne de ce nom.
Aujourd'hui, il ne reste au socialisme que la fabrication de slogans impeccables de vertu et l'auto-célébration lénifiante de l'exécutif devant une population sans égard ni respect. Et le pire c'est que ces oligarques imbus de leur valeur s'imaginent donner le change!
Le personnel politique français actuel est le plus médiocre de l'après-guerre. C'est une clique d'apparatchiks indigents, médiocres, incultes, pétris d'ambition vulgaire, qui n'ont pour tout horizon universaliste que de pallier leur incurie professionnelle par la carrière politique. Bons à rien, ils s'accrochent à la représentation politique comme d'anciennes célébrités du showbizz à leur gloire passée, car sans solution de rechange, c'est pour eux une question de survie. Privés de fonction politique, ils en seraient réduits à végéter à un poste anonyme au sein d'une administration sclérotique, autant crever au jour le jour d'une consomption de l'ego.
Pourtant n'est-il pas assez visible qu' Hollande a l'étoffe d'un gérant de supérette et Vallaud-Belkacem le niveau d'un agent municipal? Tout le monde le voit et s'en étonne, seuls les intéressés font comme si chacun était à sa place au sommet de l'État.
Les états totalitaires usent de la force pour soumettre les peuples, les démocraties modernes font dans l'empathie et la gracieuseté émollientes pour grappiller mois et semaines de pouvoir. Même quelques jours de plus, même quelques heures, encore un peu svp, c'est si bon de se faire son cinéma entre bobos bienpensants...

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ouvriermichelin le 16/10/2015 à 09:38

Si tous les aristos réfléchissaient comme ça, on ne serait pas ancré dans une société de fin de race qui pleurent le 14 juillet

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LO-LA le 16/10/2015 à 08:51
Benoît de Valicourt a écrit le 15/10/2015 à 20h11

Merci !
Je pense que cette catégorie disparaîtra comme ont disparu les dinosaures !

Et que deviendront leurs châteaux et domaines ? Ces vestiges historiques voire architecturaux sont certes importants mais ils répondraient facilement à des problématiques actuels. Du foncier reste du foncier

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Benoît de Valicourt le 15/10/2015 à 20:11
Don diego a écrit le 15/10/2015 à 18h53

Bel éditorial qui me fait poser une question : que va devenir cette "catégorie de la population qui est restée assise sur ses certitudes pendant des siècles et qui a tout perdu l’instant d’une révolution" qui n'évolue pas ?

Merci !
Je pense que cette catégorie disparaîtra comme ont disparu les dinosaures !

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Don diego le 15/10/2015 à 18:53

Bel éditorial qui me fait poser une question : que va devenir cette "catégorie de la population qui est restée assise sur ses certitudes pendant des siècles et qui a tout perdu l’instant d’une révolution" qui n'évolue pas ?

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Gerbert le 15/10/2015 à 14:03

Citer Bartolone et Hegel dans le même éditorial, il fallait oser !

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Gauche le 13/10/2015 à 20:39

Les électeurs de gauche ont été "écervelés" au premier sens du terme, on leur a ôté leur pouvoir de réflexion au profit d'un endoctrinement.

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Saimalparti le 13/10/2015 à 18:38

On dirait du Zlatan : " ...j’invite Edouard Louis, Geoffroy de Lagasnerie, Philippe Corcuff et bien d’autres à ne pas s’enfermer dans leurs dogmes de gauche, mais à s’engager avec moi à combler le vide idéologique des politiques et à transgresser les institutions..."

La même modestie.

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