Laporte : "Pas de grands clubs sans grands stades"

Laporte : "Pas de grands clubs sans grands stades"

Alors que Philippe Seguin vient de rendre son rapport sur les grands stades, le ministre des Sports explique pourquoi il défend le projet de l'OL.

Pourquoi vous avez créé une commission Grands Stades ?
Bernard Laporte : Si l’on veut être prêts pour organiser l’Euro 2016 de football, on sait qu’il nous faut quelque chose comme une dizaine de stades d’une capacité de 40 000 places ou plus. Or en France, aujourd’hui, il n’y a que cinq stades, contre 10 en Angleterre, 12 en Italie,15 en Allemagne... De plus, nos stades sont vieillissants. Bref, il y a un vrai manque. Et l’objectif de la commission présidée par Philippe Seguin était justement de dresser un état des lieux mais surtout d’encourager la construction des stades du futur.
Pourtant, beaucoup de stades comme Gerland, ont déjà été rénovés pour la Coupe du Monde 98 !
Mais sur les 820 millions investis, 620 ont été consacrés au Stade de France. Le reste a été du saupoudrage. Contrairement à la Suisse, par exemple, qui a construit des stades tout neuf pour l’Euro 2008. Or si on veut décrocher l’Euro 2016, on ne peut pas se contenter d’améliorer ce qui existe.
C’est simplement à cause de l’Euro que vous défendez les grands stades ?
Non, la raison majeure c’est qu’on ne peut plus se contenter de stades municipaux comme il y a 50 ans, qui accueillent seulement une vingtaine de matchs par an. Il faut se donner les moyens d’être compétitifs avec des stades qui contribuent au développement économique des clubs... Bref il n’y a pas de grands clubs sans grands stades.
Mais l’OL a réussi sans grand stade !
C’est effectivement une belle réussite sportive. Mais, pour franchir un cap, l’OL a besoin d’avoir un stade digne de ce nom... D’ailleurs, les stades du XXIème siècle doivent être capables de générer un tiers des recettes d’un club, pour qu’il puissent investir, recruter les meilleurs joueurs…
Ce que vous pensez du projet de l’OL à Décines ?
C’est un très beau projet, comme ceux de Lille ou Strasbourg. Car ce genre de stades peut permettre aux grands clubs français de rivaliser avec les grands clubs européens. Sinon, ils devront se contenter de voir la finale de la Ligue des champions à la télévision !
Est-ce que vous avez subi la pression des présidents de grands clubs comme Jean-Michel Aulas ?
Si vous pouvez imaginer ça, c’est que vous ne connaissez pas Philippe Seguin… Soyons sérieux ! En revanche, comment voulez-vous réfléchir à l’avenir du football français en se privant de l’expérience de Jean-Michel Aulas qui, justement, rencontre des difficultés pour construire son stade. Je sais que son projet a été retardé. Nous, on veut justement assouplir les réglementations pour que les contraintes administratives soient moins lourdes.
Ce que va proposer la commission Seguin ?
Des pistes pour améliorer le cadre juridique, imaginer des incitations fiscales… Rien ne doit être négligé pour se donner les moyens de se doter d’infrastructures dignes de ce nom.
C’est vraiment le rôle de l’Etat ou des collectivités locales de financer des projets privés ?
Je ne crois ni au stade municipal, ni au stade d’Etat. L’objectif de la commission Seguin, c’est précisément de faciliter le financement privé des infrastructures à travers des formules 100% privées ou mixte public-privé. Surtout si ça sert à l’intérêt général, puisque autour de ces stades, il y aura d’autres activités. Du coup, les gens qui ne s’intéressent pas au foot pourront quand même profiter de ces grands équipements. Bref, les impôts vont servir au plus grand nombre, pas seulement aux passionnés de foot.
Mais ce financement public d’un projet privé suscite de nombreuses critiques !
C’est pourtant ce que font les collectivités locales tous les jours : en facilitant l’installation d’entreprises sur leur territoire, en aménageant des zones d’activités industrielles ou commerciales… De plus, ces grands stades permettront de créer des emplois, de générer des taxes... Bref, il y aura un retour sur investissement.
La crise ne peut pas remettre en question certains projets ?
La crise aura un impact mais les projets les plus solides économiquement aboutiront.
Comment vous jugez Jean-Michel Aulas ?
Mon rôle n’est pas d’accorder une bonne ou une mauvaise note aux présidents de clubs. Mais, comme tous les Lyonnais, je reconnais ses qualités d’entrepreneur et je salue sa performance ! Sans lui, l’OL n’en serait pas là aujourd’hui.
Mais un certain nombre d'élus UMP ont pris clairement position contre le stade, en menaçant de déposer des recours !
C’est leur droit ! Mais ma conviction, c’est que Lyon a besoin d’un grand stade. Où ? Comment ? Je n’ai pas à prendre position dans ce débat lyonnais.
Mais en facilitant le financement public-privé de ces stades, vous faites un joli cadeau à Gérard Collomb !
Il ne faut pas tout mélanger. Ce qui compte pour moi, c’est l’intérêt général.

Propos recueillis par Thomas Nardone
t.nardone@lyonmag.com

Interview publiée dans le numéro de novembre de Lyon Mag

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