Portrait : Barthod, le retour

Portrait : Barthod, le retour

Exilé au Maroc, Michel Barthod, qui a lancé une quinzaine de restaurants à Lyon dans les années 80-90, vient d’ouvrir un nouvel établissement et il pourrait bien devenir président des restaurateurs de la rue Mercière. Portrait.

Flambeur, provocateur, séducteur... Michel Barthod a une sale réputation. Le genre de type pas vraiment rassurant. Surtout pour une fille. A Lyon, mille et une histoires circulent sur ce phénomène. Ses coups de gueule, ses coups de coeur, ses parties de jambes en l'air et ses souleries historiques... Sans oublier la coke, les bagarres... La rumeur est sans doute un peu généreuse. Mais le personnage s’y prête. En tout cas, ce lascar vient de revenir à Lyon après 4 ans d’exil au Maroc. Et déjà, on annonce qu’il va devenir président. Président de l’association des restaurateurs du quartier Mercière. Stratégique.
Rendez-vous donc, place des Jacobins, un mardi après-midi. Dans un bar bien sûr. Le café des Jacobins. Cheveux noirs, yeux noisette, vêtu d’un simple jean et d’un tee-shirt bleu foncé. Un look passe-partout. Seule petite pointe d'originalité : ses santiags colorés. Il est grand, costaud. Le premier abord est sympa. On se méfie. Il se lève, un petit sourire timide au coin des lèvres. Avant de commander un déca ! C’est ça, le bad boy des nuits lyonnaises ? Incroyable. Il ne serait pas en train de la jouer Calimero ?

En tout cas, je m’attendais à me faire draguer ouvertement au bout de quelques minutes. Mais non, il va me raconter gentiment sa vie. Et j’ai presqu’envie de pleurer, tellement c’est triste.
D’ailleurs, sans que je lui pose la moindre question sur son passé de fêtard, il explique spontanément que depuis un an, il s’est calmé. “Cure de désintox”. Il ne boit plus une goutte d’alcool. Et les filles, c’est fini. Je me demande si c’est bien vrai tout ça. J’ai des doutes. Mais je choisis de le croire. Et j’écoute ce grand gamin de 47 ans. Beau mec, c’est pas le mot, quelques kilos de trop. Mais il a du charme. Un séducteur, sans aucun doute. D’ailleurs, quand il parle, on l’écoute. Irrésistible. Et comme tous les dragueurs, il est gentil. Du coup, on finit par craquer. Surtout quand il avoue avec son air de cocker qu’il en a marre des fêtes, des comas éthyliques, des partouzes.... Et qu’aujourd’hui, il recherche sur Meetic une petite femme gentille qui partagera sa vie. Et que son rêve, c’est de se lancer dans un nouveau projet en rejoignant une ONG. Un peu énorme, mais il faut y croire. 

Aristote
Retour en arrière. Barthod me propose le film de sa vie. Fils du directeur des skis Salomon à Annecy, il aura une jeunesse facile, mais une éducation assez cadrée. Jusque-là, rien à dire. Après un bac scientifique, il intègre la fac de philo de Lyon III où il se passionne pour la philosophie grecque : Platon, Aristote.... Mais c’est Nietzsche qu’il préfère. Pourquoi Nietzsche ? Je n'ose pas lui poser la question. D'ailleurs, je m’en fous un peu. Moi ce que je veux, c'est qu’il me raconte ses bringues et qu’il balance tous les faux-culs de Lyon qu’il a rencontrés, le caleçon sur la tête, un verre à la main....
En attendant, le film continue. Après la fac, le futur Méphisto des nuits lyonnaises décide de devenir prof. Seul problème, pour arrondir ses fins de mois, le week-end, il est serveur au Bistrot de Lyon, la fameuse brasserie lancée par le duo Caro-Lacombe. On est dans les années 80. La rue Mercière est alors le grand rendez-vous des fêtards lyonnais. Rien à voir avec le piège à touristes d’aujourd’hui.

Et c’est là qu’un soir, il rencontre Manoa, le flambeur. Grosses bagnoles, fringues de marques, vacances à Saint Trop... Le style bling-bling, avant qu’il s’installe à l’Elysée. Manoa l'embauche comme serveur mais il refuse de perdre son temps à lui apprendre la cuisine. “La plus grosse déception de ma vie”. Intox ? Non, il a l’air sincère. Une certitude, c’est à cette époque qu’il rencontre Valérie dans un bar. Coup de foudre. Ils se marient trois mois après contre l’avis de leurs familles. Lui a 21 ans, elle est tout juste majeure mais enceinte. Fini la philo. Il doit se mettre sérieusement au boulot. Et quitter cette chambre d’étudiant minable de 9m2 louée aux pères jésuites. Barthod va donc devenir serveur à temps plein chez Manoa. Mais son père intervient. Et il l’inscrit au Vieux Bois à Genève. Rien à voir avec une fabrique de tonneaux. C’est une école hôtelière très réputée d'où Barthod va sortir major de sa promo. Avant de se retrouver directeur d’un restaurant gastronomique à Genève. Une vie tranquille en perspective. Alors que sa femme attend un deuxième enfant. Mais fin 87, ce diable de Manoa va réapparaître et convaincre Barthod de revenir à Lyon. Deux fortes têtes, deux fêtards. Une véritable catastrophe. Six mois, et c’est le clash. Une aventure qui finira devant les tribunaux. Et qui va pousser Barthod à prendre sa revanche et à se lancer en solo. On est en 1988, il rachète le Cicéron, un resto italien de la rue Mercière. Nouvelle cata. “Déco nulle à chier, bouffe dégueulasse...” Et en plus, Barthod empoisonne Michel Noir, le maire de l’époque, qui va finir à l’hôpital après un déjeuner au Cicéron. Le resto perd de l’argent. Beaucoup d’argent. En plus, la femme de Barthod, qui en a marre de son mari fêtard, demande le divorce alors que son père meurt brutalement d’un cancer à 60 ans. Un double choc. Barthod plonge dans l’alcool, grave.

Jackpot
Complètement défoncé du matin au soir, il va surprendre tout Lyon en lançant un restaurant qui va révolutionner la rue Mercière. Ras-le-bol des bouchons, Barthod impose le resto à thème. Le 5 février 1992, il ouvre le Salmon Shop où on sert, dans un cadre style cabane norvégienne, du saumon-frites. Succès fulgurant. C’est le jackpot pour Barthod qui arrose ça généreusement. Et ce sera le début d’une incroyable série au cours de laquelle cet infatigable oiseau de nuit ouvrira une quinzaine d’établissements : Le Bleu de toi, où on sert des moules-frites dans une ambiance de bord de mer, le Café Leóne, une bodega andalouse, le Lolo Quoi, un bar à pâtes... Chaque fois, ça cartonne. Du coup, Barthod commence à agacer. En 2000, alors qu’il vient de lancer le Gaston, un restaurant agricole, il est victime d’un mystérieux incendiaire qui lui laissera un message clair : “Va falloir que tu payes”. Deux mois plus tard, la police judiciaire attrape son corbeau alors qu’il s’apprêtait à verser la rançon exigée. C’est son voisin, Didier Dantzikian, le patron du Charles’ Inn, un bistrot de la rue Mercière. Une histoire qui va secouer Barthod le dur à cuire, qui finira par s’exiler à Marrakech o&u

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2 commentaires
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Isabelle Barthod le 10/02/2011 à 19:48

J'espère ne jamais rencontrer cette Nadège Michaudet de lyonmag, une petite journaliste à deux balles !

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David Barthod le 14/04/2010 à 05:06

Honteux cet article!!!

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