Kotarac : comment la France Insoumise a laissé faire le rapprochement avec Le Pen

Pourtant la France Insoumise, ses alliés à Lyon, ses dirigeants et nombre de ses militants connaissaient les rapprochements et combats en commun de Monsieur Kotarac avec l’extrême-droite depuis plus de 10 ans. Ils ont laissé faire, l’ont même parfois encouragé pour certains, malgré les réticences d’autres, parce qu’ils pensaient en trouver profit électoralement.

Des manifestations ultranationalistes

C’est un échange qui date de 5 ans. Les municipales lyonnaises battent alors son plein et Andréa Kotarac est responsable du parti de Jean-Luc Mélenchon dans le Grand Lyon et tête de liste dans le 8e arrondissement de Lyon de la gauche Radicale. Lors d’une dispute avec lui sur Twitter, un responsable lyonnais de l’organisation d’extrême-droite Génération Identitaire annonce disposer de photos du mélenchoniste lors de manifestations pour la Serbie nationaliste au milieu de militants fascistes. Erreur de jeunesse ?

Si le tweet n’est aujourd’hui plus disponible et si les photos n’ont à ma connaissance jamais été publiées - sauf peut-être dans quelque Discord fasciste obscur -, Kotarac a en effet dans toutes ses prises de positions, toujours été d’un soutien affirmé au régime de Poutine et à la Serbie nationaliste en toute connaissance de cause de la part de ses camarades ainsi que de la Syrie de Bachar El-Assad. J’en ai eu confirmation en l’évoquant avec au moins deux secrétaires nationaux de la France Insoumise, que ce soit en rentrant d’un débat commun chez PODEMOS en Espagne ou d’une visite commune chez la gauche alternative turque et kurde.

Ces tendances ont même été encouragées par Jean-Luc Mélenchon qui l’a poussé à se rendre à Yalta à un sommet pro-Poutine la semaine passée en compagnie de la fine fleur de l’extrême-droite européenne. Il parait que cela était un moyen utile pour aller chercher de nouveaux électeurs. Un peu comme quand les médias amis de Mélenchon se montrent plus que compréhensifs avec le régime syrien de Bachar El-Assad ?

Des rapprochements locaux avec l’extrême-droite depuis des années en toute impunité

Andrea Kotarac au niveau lyonnais a régulièrement demandé à rencontrer à Lyon et à déjeuner avec Marion Maréchal-Le Pen. Ceci en toute connaissance de cause, cela m’a été confirmé par plusieurs d’entre eux, de responsables de la FI, au niveau national et local. J’imagine, sans en avoir la certitude, que le GRAM de Nathalie Perrin-Gilbert, parti local allié à la FI était également au courant…

On peut déjeuner avec un adversaire politique - et je ne m’en prive pas - ou jouer sur les dissensions internes à ses adversaires si c’était cela la tactique. Mais de là, comme le disaient à l’époque tous les témoins sans être démentis par Monsieur Kotarac, à trouver beaucoup de synergies communes avec un parti d’extrême-droite, cela aurait dû troubler les amis politiques lyonnais et nationaux de cet élu et responsable mélenchoniste. Mais personne n’a rien dit. Pas plus que personne n’a crié au GRAM ou à la FI lorsque Monsieur Kotarac a commencé par travailler pour la chaîne d’extrême-droite financée par la Russie, Russia Today.

Une position contestée en interne mais jamais remise en cause réellement à Lyon et encouragée par Mélenchon

Pas plus que personne n’a rien dit lorsque lors d’un débat télévisé à auquel je participais également, ce conseiller régional France Insoumise n’a pas été choqué par la remise de clandestins par des gens constitués en milice par la police.

Surpris d’ailleurs par la teneur globale du débat, où je n’avais vu aucune différence entre sa ligne et celle du représentant du RN, je m’en étais ouvert à un autre élu FI, progressiste et républicain celui-ci. Qui m’avait lui aussi évoqué son trouble et même affirmé qu’il se sentait plus proche de moi que de Monsieur Kotarac. Quelques semaines plus tard, ce sont d’autres rapprochements avec l’extrême-droite et puis la semaine passée, en bonne intelligence avec Monsieur Mélenchon la fameuse réunion de Yalta avec les nationalistes de toute l’Europe.

Reste que si la ligne nationaliste de Monsieur Kotarac n’est pas celle de la gauche radicale, même si les deux partagent un souverainisme fort pendant ces Européennes, reste que s’il serait scandaleux de mettre sur le même plan Mélenchon et Le Pen, c’est bien la FI qui a instrumentalisé le populisme et les réseaux de ce militant et fermé les yeux pendant des années pour en profiter localement et nationalement. Au bout d’un moment, Monsieur Kotarac a préféré ce qu’il estime être l’original à la copie.

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Romain Blachier