Elections 2020 : le duo Marion-Kotarac énerve des militants RN

Opération déminage au Rassemblement National. Antoine Mellies monte au créneau pour défendre les candidats investis par le parti lepéniste tant à la Ville de Lyon qu’à la Métropole. Pourtant, n’en déplaise au jeune patron du RN du Rhône, la désignation d’Agnès Marion et d’Andréa Kotarac pour mener les listes fait tousser chez les anciens fidèles du Front National.

Il suffit pour s’en convaincre de jeter un coup d’oeil aux différents mails que fait circuler un militant, en l’occurrence Émile Languille qui vient de claquer la porte du RN. "Languille est isolé. Il avait été mis à l’écart par Muriel Coativy il y a un an ou deux", relativise Antoine Mellies. Et de dénoncer "un ou deux grincheux qui essaient d’exister".

Isolé, l’intéressé affirme au contraire qu’il a reçu de nombreux messages de soutien après un premier mail qu’il a fait circuler. Il s’agissait alors de sa lettre adressée à Antoine Mellies dans laquelle il réagit brutalement aux investitures qui ont été données à Agnès Marion pour la mairie de Lyon et à Andréa Kotarac pour la Métropole : "J’ai eu connaissance des têtes de liste pour Lyon et la Métropole. Je regrette beaucoup ce choix par magouille entre copain/copines. Choisir comme têtes de listes des personnes qui n’ont absolument jamais rien fait pour le Front ou le Rassemblement, c’est inadmissible. Cela prive des adhérents beaucoup plus méritants d’une sorte de récompense, et incite les autres à ne rien faire, puisque ne rien faire est plus positif que se dévouer. Pour la première fois de ma vie, depuis 50 ans, je voterai contre le RN. Je ne m’abstiendrai pas, j’irai voter pour faire barrage. Ceux de ma génération que je connais feront de même".

Emile Languille ne fait pas dans la dentelle quand il évoque les deux candidats. À propos d’Andréa Kotarac élevé au rang de "parachutiste" il explique tout en "nuances" : "Je vais peut-être vous surprendre, mais il me rappelle tout à fait l’immigration de laquelle nous nous plaignons tant : lorsqu’ils arrivent, ils ont droit à une carte de crédit à disposition, un logement, les soins gratuits, la retraite immédiate, les allocations familiales très copieuses, le tout sans avoir cotisé. Ici c’est exactement pareil : on vient de l’étranger et on ramasse le pactole. Il nous reste qu’à faire une prière pour que les antécédents mélenchonistes de l’intéressé ne fassent pas fuir trop d’électeurs. On prétend qu’il va apporter des voix de gauche. Mais a-ton tenu compte de la fuite de celles de droite ? Un transfuge qui change aussi radicalement d’opinion, pour moi qui n’en ai jamais changé, c’est un peu étrange. Il nous reste qu’à faire une deuxième prière pour espérer qu’il sera encore chez nous le moment venu, qu’il n’aura pas à nouveau changé d’avis. Pour l’instant, son seul mérite connu est d’être le "copain" de Mellies depuis l’école".

Agnès Marion ne trouve pas plus grâce aux yeux de notre démissionnaire : "Depuis cinq ans que je suis à la fédération, mon expérience confirme la remarque d’un autre ami : jamais personne ne l’a vue sur le moindre marché avec des tracts à la main. Et pourtant, elle est au courant, c’est elle qui les imprime. D’ailleurs, au passage, n’y aurait-il pas ce que l’on appelle au niveau de l’État "conflit d’intérêts". Il faudra qu’on en reparle. Enfin, nous allons inaugurer une nouvelle tactique : celle qui consiste pour un candidat à ne jamais être sur le terrain".

Sa conclusion est du même acabit : "Je pense que vous reconnaîtrez le cumul d’erreurs graves depuis 4 mois : licenciement abusif de Muriel (Coativy ndlr), promotion inconsidérée d’un "immigré" basée sur du vent, choix exclusivement copain/copine au détriment du résultat et en dépit des antécédents pour la ville. L’ensemble empreint d’un manque total de psychologie, sachant qu’une majorité, si importante qu’on pourrait la qualifier d’unanimité, désapprouve ces deux choix et les nouvelles méthodes".

De son côté, Antoine Mellies affirme au contraire que les choix sont approuvés par une majorité des adhérents du mouvement. Il estime même "qu’avec le duo Kotarac-Marion, beaucoup de gens qui ne votaient pas jusqu’à présent pour nous font preuve aujourd’hui d’une curiosité positive".

Reste que, pour l’instant, la personnalité des deux candidats ne semble avoir aucune influence sur les intentions de vote des électeurs. Ni l’un ni l’autre ne décolle dans les sondages. Antoine Mellies pêche probablement par optimisme quand il affirme que leur personnalité pourrait séduire de nouveaux électeurs.

Quant à Emile Languille, il oublie que, par le passé, le vote a toujours été un choix d’étiquette politique, la personnalité du candidat étant largement secondaire.