La Ville est perdue !

C’est le refrain que l’on entend un peu partout depuis une quinzaine de jours à Lyon. On a parfois le sentiment d’habiter une forteresse encerclée par des assaillants barbares qui vont donner l’assaut final ! Un vent de panique souffle il est vrai sur tous ceux qui ronronnaient depuis plusieurs décennies, habitués au confort politique et économique local, le fameux "modèle lyonnais" cher à Gérard Collomb !

"La ville est perdue !", redoutent les listes communes LR/LREM, drôle d’attelage politique il faut le reconnaître, réunissant les adversaires voire les ennemis d’hier, afin de tenter désespérément d’empêcher la victoire de l’union Ecolo/France insoumise/Ps.

"La ville est perdue !" bien plus que la crainte d’un échec électoral cette sentence exprime en vérité une peur réelle de voir un système de gouvernance de la ville, dans ses domaines économiques, politiques ou sociétaux, se faire dissoudre par une nouvelle majorité issue d’une culture radicalement différente.

Si la ville est perdue et que ce bloc écolo libertaire remporte les élections municipales, il en sera fini pour six années au moins de l’entre soi lyonnais, des connivences spirituelles, de l’économie fructueuse des réseaux, de cette notabilité politique interchangeable dans laquelle on ne distingue plus depuis longtemps l’élu opposant de l’élu majoritaire.

Si la ville est perdue ce sera en réalité ainsi plus la défaite de ce système ancien, structurel et verrouillé que de Collomb en particulier. La preuve en est dans l’union de circonstances que lui a proposé la droite LR et dont on vérifiera dimanche soir si elle a convaincu les électeurs des deux anciens camps adverses…

Si la ville est perdue, ce sera aussi par la responsabilité de David Kimelfeld et Georges Kepenekian qui auront divisé par deux et ruiné la majorité dont ils étaient issus, majorité qui leur aura pourtant offert tous leurs mandats successifs !  Le premier par pure mégalomanie de songer qu’un autre pourrait présider aux destinées de la Métropole à sa place, le second par un cavalier seul, revanchard et bien tardif qui ne débouchera sur rien de politiquement concret sinon de faire le lit de la victoire des écolos libertaires !

La ville est perdue pour Gérard Collomb qui ne se représentait pas mais dont il aurait été encore l’édile si la Métropole avait été conservée ! Même un vieil opposant comme moi aurait souhaité meilleure sortie pour celui qui a incarné Lyon depuis 2001 et souvent donné par le passé des leçons de politique à ses concurrents ou adversaires. Le combat de trop sans nul doute ! où l’on mésestime la force du rival, où l’on perd la lucidité et le sens de l’anticipation !

Si la ville est perdue alors la Métropole doit être gagnée ! François-Noël Buffet particulièrement décrié durant la campagne du premier tour s’est révélé à la manœuvre un excellent joueur d’échecs. Il doit désormais obtenir le mat pour équilibrer les pouvoirs entre les deux collectivités, pour éviter une dérive à la grenobloise où les décisions doctrinaires et militantes ont souvent submergé le bon sens économique ou la simple équité citoyenne.

Allez voter !!

Eric Pelet