Sébastien Parent : « L’électrique, une question de volonté commerciale et politique »

Sébastien Parent : « L’électrique, une question de volonté commerciale et politique »

Petit à petit, les constructeurs automobiles dévoilent leurs projets de véhicules électriques ou hybrides, des modèles qui devraient sortir entre l’année prochaine et 2012. Certains modèles sont d’ailleurs exposés au Salon de l’Auto de Lyon, qui se déroule jusqu’à dimanche. Mais avec les nombreux avantages économiques faits par l’Etat et les constructeurs, de nombreux conducteurs décident dès aujourd’hui de changer de voiture. Et ils n’auront pas forcément l’opportunité d’en changer dans quelques années. Alors pourquoi n’est-il pas possible de proposer tout de suite des véhicules totalement propres ? L’avis de Sébastien Parent, qui est le directeur commercial de NewTeon, le plus gros importateur de véhicule électriques en Europe.

Lyon Mag.com : Qu’est-ce qui empêche aujourd’hui les constructeurs automobiles de faire des voitures tout électrique ou tout hybride ?
Sébastien Parent : C’est tout simplement le coût. Aujourd’hui, pour fabriquer un véhicule "zéro émissions de CO2", le coût de production des grands constructeurs est beaucoup trop important. Ils savent faire des prototypes, il n’y a aucun problème là-dessus. Mais lorsqu’ils font leurs calculs pour produire ce véhicule en série, ça coince d’un point de vue économique.

C’est un manque d’envie, de volonté de la part de ces constructeurs de mettre les moyens ?

Ils ont les moyens financiers et surtout techniques, c’est certain. Après bien sûr, c’est une question de volonté commerciale mais également politique je pense. Et puis il faut savoir aussi si on veut faire un véhicule partiellement ou totalement hybride. Par exemple aujourd’hui, les modèles de ce type sur le marché n’ont une autonomie que de quelques kilomètres, à seulement 30 km/h. C’est ce que l’on appelle de "l’hybride parallèle." Sauf que ce que les gens cherchent aujourd’hui, c’est une batterie qui fournisse une énergie propre pendant 50 kilomètres, avant que le moteur essence ou diesel prenne le relais et recharge la batterie ; C’est de "l’hybride perpendiculaire." Mais là aussi, le coût est plus important et il est plus facile de faire du parallèle que du perpendiculaire.

Donc au final, la consommation et les émissions de CO2 ne sont pas si différentes par rapport à un véhicule thermique ?

La différence aujourd’hui est très faible entre un bon diesel et un véhicule hybride.

Combien existe-il aujourd’hui de voitures hybrides sur le marché ?
Il y a la Toyota Prius, trois modèles chez Lexus (NDLR : Lexus est la marque de luxe de Toyota), les Honda Civic Hybride et Insight. Et on s’arrête là, le reste n’est que projet. Après il y a des petites entreprises comme Heuliez, qui fabrique des petits véhicules utilitaires totalement électriques et destinés à un usage urbain. Ou encore NewTeon, qui importe des voitures plus grosses, avec une autonomie de 110 kilomètres à 110km/h.

A l’heure actuelle, il n’existe pas de véhicule totalement hybride capable de parcourir une longue distance ?
Les prototypes existent, comme la Renault Fluence ZE ("ZE" pour zéro émission), qui doit pourvoir faire 200 kilomètres à 110 km/h et se recharger sur une prise de courant classique. Mais elle ne devrait pas être commercialisée avant 2011. Et elle devrait rester assez chère.

Aujourd’hui, un véhicule à faible émissions de CO2 coûte aux alentours de 30 000 euros. Si un véhicule totalement hybride est proposé à la vente aujourd’hui, combien couterait-il ?

Même si les Français, et on le voit aujourd’hui sur le Salon de l’Auto de Lyon, ont envie d’acheter des véhicules électriques ou hybrides, ils seront très peu à pouvoir se le payer. Le prix d’achat d’un véhicule de ce type serait deux à trois fois supérieur à celui d’une voiture thermique.

Propos recueillis par Gwenaël Windrestin

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