Les débats ont été passionnés hier en chambre haute, mais ont finalement abouti au rejet du projet de loi. Il était proposé par Serge Lagauche, sénateur PS du Val de Marne et trente de ses collègues socialistes lors de cette séance d'initiative parlementaire de pénaliser toute personne niant la réalité du génocide. Un projet qui prévoyait jusqu’à un an de prison et 45 000€ d’amende et qui a été rejeté par 196 voix contre 74.
Minoritaire sur le vote, Gérard Collomb n’a pas franchement goûté l’argument développé par les fossoyeurs du projet, insistant sur le rôle mesuré du législateur face à l’Histoire. Robert Badinter, l’homme de l’abolition de la peine de mort, en tête. « C'est ce même type de raisonnements qui historiquement a fait que les Arméniens ont été victimes du premier génocide du XXème siècle dans le silence assourdissant des nations », s’est ému le maire de Lyon, rejoint par le communiste Guy Fischer dans la critique.
Si le projet de loi a été retoqué, le Garde des Sceaux Michel Mercier a toutefois annoncé la mise en place d’actions gouvernementales. « Une circulaire sera adressé à la fin de la semaine à tous les procureurs généraux pour organiser la répression des infractions dont sont susceptibles d’être victimes les membres de la communauté arménienne du fait de leur origine et du fait qu’ils ont subi un génocide », a promis le résident de la place Vendôme. Près 60 000 Français d’origine arménienne vivent aujourd’hui en région lyonnaise, sur les quelque 500 000 installés en France.