Jean-François Carenco dit « non » aux Roms et « oui » à l’A45

Jean-François Carenco dit « non » aux Roms et « oui » à l’A45

Le préfet du Rhône et de la région Rhône-Alpes a clarifié ses positions face à la presse ce vendredi sur les sujets de l’actualité lyonnaise. Trains, autoroutes, Roms, hébergement d’urgence,… Compte-rendu d’une rencontre pleine de certitudes.



A la veille de cette rencontre, les associations humanitaires qui viennent en aide depuis plusieurs années à cette population avaient prévenues : « On demande l’organisation d’une table ronde en Préfecture. » La réponse de Jean-François Carenco est toute aussi directe : « Non. Les associations n’auront pas la réunion qu’ils demandent parce qu’elle n’apporte rien. » Le préfet, qui aurait pu être agacé par ce sujet, au vue des nombreuses sollicitations depuis l’expulsion de trois camps de Roms, prend du même coup le temps de se justifier : « Il n’y a pas de chasse de la police. C’est moi qui donne les instructions. Dans les 48 heures après l’installation d’un campement, je ne regarde pas qui s’est installé. Je recours aux forces de l’ordre et j’expulse. Après le délai de 48 heures, c’est au propriétaire du terrain de faire une demande à la justice et après, il y a ou pas un recours à la force publique. » Alors le représentant de l’Etat précise qu’il tient à « humaniser » ce dossier, notamment en visitant « une fois tous les 15 jours les squats pour proposer l’aide au retour » et qui va concerner plusieurs centaines de familles cette année. « Mais on ne peut pas nomadiser en zone urbaine. Il n’y a aucun jugement de valeur là-dedans. » Aucun jugement et aucun objectif non plus, selon le préfet, qui détaille sans concession les chiffres donnés par le gouvernement en matière d’expulsion. « Le ministre de l’Intérieur a un objectif de 30 000 expulsions par an. Moi, j’ai des objectifs mais je ne vous dis pas si je fais plus ou moins. Je ne suis pas un préfet qui joue au bâtonnet. Je ne suis pas dans ce débat là. »

Hébergement hivernal : 650 places cette année dans le Rhône
C’est en quelque sorte le « chiffre » de cette fin de semaine : il y aura 650 places d’urgence dans le Rhône cet hiver pour accueillir les plus démunis. C’est 200 places de plus que pour l’hiver 2010. Jean-François Carenco a même placé cette année la barre très haute, en se fixant 4 objectifs : « Pour trouver ces 650 places, détaille le préfet, il nous faut 3 bâtiments supplémentaires. Alors nous allons une nouvelle fois réquisitionner l’immeuble Saint-Irénée dans le 5e arrondissement [NDLR : 200 places au total, 100 places d’hébergement d’urgence et 100 places pour les demandeurs d’asile], et il nous manque deux logements. » Et quand une journaliste demande si l’ancienne maison de retraite de Fontaines-sur-Saône est une possibilité pour cet hiver, J.-F. Carenco préfère jouer l’hypothèse : « C’est une idée, oui ! » Autres objectifs : laisser ouverts ces centres pendant toute la période hivernale, c’est-à-dire du 1er novembre au 31 mars 2012 ; éviter « le plus possible » la réquisition des gymnases, victimes selon le préfet « des mafias qui vendaient les places dans ces centres » ; et mettre en poste des enseignants pour les personnes avec enfants qui vont à l’école.



Projets d’autoroutes : « Cohérente, efficace et finançable »
Le président de la République lui a donné 3 mois, le préfet du Rhône n’aura vraisemblablement pas besoin de plus pour faire avancer le dossier de l’A45, la nouvelle liaison entre Lyon et Saint-Etienne. « La lettre de Thierry Mariani fixant les objectifs est en cours de rédaction. Je réunirais ensuite tous les acteurs du projet (Grand Lyon, région Rhône-Alpes, Conseil Général, mairies concernées) et trouver une solution avant la fin de l’année. » Le financement risque lui de poser problème et Jean-François Carenco en est conscient : « Est-ce que cette construction est jouable sans la participation de Lyon, du Grand Lyon, de la Région ? […] Il faudra que je propose une solution qui soit cohérente, efficace et finançable. » Le projet de doubler, en parallèle, l’A47 est un véritable défi, d’autant plus que « l’une est gratuite et que l’autre sera payante. »
L’homme qui a pris ses fonctions il y a tout juste un an a néanmoins un projet qui lui tient à cœur : les liaisons de l’A89 avec l’A6 et l’A46, au nord de Lyon. Un projet lancé alors que Jean-François Carenco était encore le directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo au ministère de l’Ecologie : « Il faut que l’on puisse aller de Clermont-Ferrand à Grenoble sans passer par Lyon. C’est d’intérêt général et rien n’arrêtera l’A89. » Le préfet prône d’ailleurs un financement des liaisons inter-autoroutes par l’Etat, et une meilleure insonorisation des voies. Et il y croit à ce projet, car, outre le tronçon ouest du périphérique, que Carenco juste « incontournable », le dossier du contournement ouest, lui n’est pas évoqué. Le préfet préfère parler lui de « grand contournement », une manière détournée d’approuver la déviation des automobilistes venant du nord par l’A89, puis l’A72 et l’A45 pour rejoindre le sud de l’agglomération lyonnaise et l’A7.

CFAL : « Suivre à la lettre les observations »
A peine l’avis favorable mais réservé du commissaire enquêteur sur la partie nord du Contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise déposé sur son bureau, Jean-François Carenco nous donne les prochaines échéances : « Je souhaiterais que la Déclaration d’utilité publique soit signée en juillet ou en août prochain, en même temps que le choix du tracé sud du CFAL. » Le reste prendra ensuite très certainement du temps, «  environ 10 ans » selon le représentant de l’Etat. Une chose est sûre : « Le contournement de Bourg-en-Bresse et du Bugey ne se fera pas avant le CFAL nord. » La crainte des usagers de la ligne Lyon-Ambérieu de voir leurs voies encore saturées n’est donc pas prête de s’arrêter.



Economie/Crise : « Rester le partenaire principal de l’Italie »
Il y a néanmoins bien une chose que craint Jean-François Carenco, c’est la crise dans les entreprises de la région. « On sait que les chiffres d’affaires des entreprises du Rhône ont augmenté en juin-juillet », explique le préfet. « Mais on craint pour leurs possibilités de crédits dans les jours à venir. » D’autant plus que les exportations, si chères à l’économie rhonalpine, ne se porte plus si bien que ça : « Le nord de l’Italie n’échange pas avec ses voisins, même les locaux. Nous sommes donc des partenaires privilégiés mais nous craignons une baisse sensible pour nos exportations. » D’où, peut-être, le voyage économique de Gérard Collomb à Milan et Turin, cette semaine. La mise en place de la ligne ferroviaire Lyon-Turin devrait arranger les choses « s’il y a le CFAL, un nouvel axe vers Chambéry et une nouvelle voie pour les marchandises vers le sud de l’Europe », précise le résident de la Rue de Bonnel. Et là aussi, le calendrier reste évasif : « la prochaine étape, c’est le lancement d’une enquête publique globale sur le Lyon-Turin. Mais pas sûr qu’elle soit lancée avant les élections de 2012. »

Environnement : « Une grande dépollution du Rhône depuis la Suisse »
La route, le rail mais surtout les fleuves. Jean-François Carenco souhaite développer les échanges commerciaux par le Rhône, « de +15% ». Alors pour cela, « un doublement des écluses » sur toute la longueur du fleuve est nécessaire ; des écluses qui supportent déjà une augmentation du trafic de 13% en un an. Mais ce qui préoccupe le préfet du bassin du fleuve Rhône, c’est sa dépollution. « Nous allons lancer dès le mois de juin une grande chasse du Rhône, c’est-à-dire un grand nettoyage des sédiments, depuis la Suisse. » Alors cette opération ne se fera pas en continu car cela obligerait les centrales nucléaires à arrêter leur refroidissement et leur production d’électricité. La dernière « chasse » date de 2003.


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2 commentaires
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goldorak le 02/10/2011 à 18:17

farfadet, fait tes valises et part avec eux, on respirera plus librement dans notre ville, merci.

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farfadet le 24/09/2011 à 09:05

Dans 9 mois, il ne sera plus là, il partira dans la même charrette que Sarkosy. Notre "super" préfet ne sera plus là pour mener à bien tous ces projets dont les lyonnais ne veulent pas..

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