Gare souterraine : la Part-Dieu veut suivre la voie de Turin

Gare souterraine : la Part-Dieu veut suivre la voie de Turin
La Part-Dieu enterrera-t-elle ses voies ferrées ? A la gare de Porta Susa à Turin, ce projet est déjà une réalité - LyonMag

Scindée par 12 kms de réseau ferré en coeur de ville, la capitale du Piémont enterre depuis les années 80 ses infrastructures ferroviaires pour reconquérir son espace urbain. « Un modèle qui peut nous inspirer pour le projet Part-Dieu », confie Gérard Collomb qui a visité la gare de Porta Susa vendredi à Turin avec une délégation lyonnaise.



« Pour avoir connu Turin avant l’enfouissement de la ligne de chemin de fer, la transformation de la ville est extraordinaire. » Gérard Collomb n’en revient pas. Il connaissait le projet similaire à Barcelone. Il voit le résultat sur Turin. Depuis plus de 20 ans dans la capitale piémontaise, on enfouit la ligne de train, on la superpose à celle du métro, on sépare le flux voyageurs du flux marchandises. A terme, huit kilomètres de voies recouvertes, en plein centre-ville.
Auparavant, six voies ferrées balafraient la capitale piémontaise, restreignant de fait les frontières physiques de la ville. Pire, elles scindaient Turin en deux. Aujourd’hui, une grande voirie centrale, appelée l’Epine, marque la jonction entre ces deux quartiers, autrefois séparés par une frontière de rails. La gare de Torino Porta Susa est le symbole de cette reconquête urbaine. De quoi faire des envieux du côté de la Part-Dieu, même si le projet de rénovation de la gare lyonnaise répond à d’autres contraintes.

Le flux d’usagers d’abord, moins dense à Turin qu’à Lyon. 6 000 usagers par jours pour Porta Susa, contre 120 000 à la Part-Dieu. « 6 000 personnes, c’est la fréquentation quotidienne de la gare Jean Macé », recadre Collomb. Et l’estimation, portée à 10 000 voyageurs par jour côté italien, est anecdotique au regard des 155 000 attendus à la Part-Dieu d’ici 2020.
Gérer la forte affluence n’est pas mécaniquement plus aisé avec une infrastructure enterrée. A Lyon, la Part-Dieu resterait le point unique de convergence (d'engorgement) du flux de voyageurs. A Turin, le réseau souterrain desservira à terme quatre gares. Différence notable.

Par l’enfouissement de ses voies ferrées, Turin répond à une problématique de réappropriation de son espace urbain. Le projet permet la requalification d’anciennes friches industrielles en bureaux, logements, espaces culturels et commerces.
S’il y a également un grand projet de quartier d’affaire à la Part-Dieu (érection de nouvelles tours, surface foncière étendue à près d’1,5 millions m2 au lieu des 860 000 actuels, commerces, hôtels), la première urgence se situe côté gare : il faut agrandir une plateforme ferroviaire qui sature, en optimisant l’infrastructure existante. Deux enjeux complémentaires pour un même quartier. Deux mécaniques de financements différentes. Là où les opérateurs privés pourront à l’envi financer les m2 de la future skyline du 3e arrondissement de Lyon, la gare dépend uniquement des deniers publics locaux et nationaux.

La question fera l’objet d’un rapport dévoilé fin octobre. Pour mieux jauger le coût d’une opération d’enfouissement des voies. « C’est une option que l’on peut qualifier de chère, si la nouvelle gare accueille les TER, à très chère si elle accueille les TGV », refroidissait déjà le préfet Carenco vendredi. Les premiers chiffres avancés pour la Part-Dieu font état d’un projet oscillant entre 800 millions et un milliard d’euros. Soit, pour cette dernière estimation, l’exact coût des travaux d’enfouissement et de création des infrastructures à Turin.
A une nuance près : 250 millions d’euros seulement à la charge des collectivités côté transalpin, l’Etat italien via RFI (réseau ferré italien) finançant à 75%, grâce en partie à des cessions foncières sur les bâtiments alentours.
En France, la réalité serait bien différente. « Je pense que les collectivités pourraient assurer 40% du financement d’une telle opération à la Part-Dieu », tente d’appâter Collomb. Le reste à la charge de l’Etat, la SNCF et RFF.

L’appel du pied du maire de Lyon est pourtant à rebours des projets de réhabilitation, envisagés plus modestement. Ainsi, l’extension d’une partie de la gare sur le parvis de la place Charles Béraudier pourrait débuter en 2013. Aussi, le passage à six voies le long du boulevard Stalingrad permettre de fluidifier l’engorgement de l’arrivée nord de Lyon. Une solution proposée par le préfet du Rhône, mais rejetée par Collomb. Une différence d’approche entre l’extension du réseau ferré en surface et l’enfouissement des voies. Le moins coûtant sera sans doute privilégié. Le plus confortable aussi. A Turin, on cohabite avec le chantier depuis 25 ans. A Lyon, de tels travaux pourraient durer 10 ans. « C'est certain, le quartier de la Part-Dieu va être bousculé », confesse Collomb. On ne sait pas encore dans quelle mesure.

X

Tags :

part dieu

Turin

36 commentaires
Laisser un commentaire
avatar
jm le 10/02/2012 à 08:44

Inventer un plan à dormir debout irréalisable pour masquer son manque de gestion devient une constante de la gouvernance de la baronie.

Signaler Répondre

avatar
cerise le 09/02/2012 à 19:40

Sauf qu'à Turin pour le moment c'est un bordel infernal!
Un vrai labyrinthe absolument pas pratique.Je vois des gens qui l'ont utilisé des dizaines de fois (dont moi) s'y perdre encore...Exemple à suivre avec modération!
Si vous avez peu de temps pour trouver le bon quai vous êtes foutu.
Mais évidemment l'usager n'est pas la préoccupation de ces messieurs.

Signaler Répondre

avatar
lyonnais le 26/09/2011 à 12:19

Trop fort le Gégélius 1,

Mais pourquoi alors au début des années 90 tu t'es opposé mais alors vraiment bêtement (comme toujours) au plan de Mrs. Noir et Chabert avec leur projet hippocampe qui comprenanit entre autre la gare SNCF souterraine de la gare de l'Est afin de délesté la gare de la PD.

Anoter qu'à l'époque nous étions encore en francs et que 1milliads de francs était dérisoir par rapport à nos Euros actuel, très cher Gégélius 1.

Signaler Répondre

avatar
Valou le 26/09/2011 à 11:30

A Barcelone ils enterrent toute les voies! À Lyon il faut le faire aussi... Il faut juste que Paris accepte de donner un coup de pouce à ce projet.

Signaler Répondre

avatar
stivostine69 le 26/09/2011 à 08:44

Trop fort Gégé !

Il trouve cela bien d'enterrer le train, mais pas le tram !!!!

Signaler Répondre

avatar
Steph lyon 3 le 26/09/2011 à 07:25

et les transports en commun locaux? Pensons aussi au métro et a le développer plus que Ca, Ca coute plus cher mais c est un investissement d avenir plus que le tramway qui lui est un investissement de mandat local ... L attractive de la ville commence par son réseau rapide des transports en commun. Les milliards pour la part dieu Ca vient après ...

Signaler Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Les champs requis sont identifiés par une étoile *
Si vous avez un compte Lyon Mag, connectez-vous.
Nous ne vous enverrons pas d'email sans votre autorisation.

Le compte Lyon Mag est gratuit et facultatif. Il vous permet notamment de réserver votre pseudonyme pour les commentaires, afin que personne ne puisse utiliser le pseudo que vous avez enregistré.
Vous pouvez créer un compte gratuitement en cliquant ici.