Législatives à Lyon : "Nora Berra se trompe"

Lyon Mag : Quelle a été votre réaction à l’annonce jeudi de Nora Berra, présentant sa candidature comme «irrévocable» dans la 4e circonscription du Rhône ?
Philippe Cochet : Dans une formation politique, il y a des règles. Elles s’appliquent à tous. Lorsqu’il y a une procédure pour accéder à une investiture, il faut respecter ces règles. Quand Mme Berra annonce via l’AFP qu’elle sera candidate sur la 3e circonscription, ok. Mais quand elle change en cours de route de circonscription pour aller vers la 4e, elle doit en informer les instances locales et nationales. Le courrier nous en informant n’est parvenu que jeudi à la fédération.

Pourquoi alors avoir intégré Nora Berra dans le sondage effectué par l’UMP sur la 4e ?
Dans notre approche, il était important de pouvoir juger la capacité et le potentiel électoral de Mme Berra.

Vous ne soutenez pas la secrétaire d’Etat dans sa démarche ?
Lorsque Nora Berra annonce jeudi soir sa candidature en la présentant comme irrévocable, je trouve cela sympathique. Je rappelle seulement qu’il y a des règles. Pierre Bérat, Dominique Nachury ainsi que les autres candidats à la candidature sont tout aussi légitimes que Mme Berra. Ce n’est qu’une fois que la commission nationale d’investiture aura arbitré que la personne désignée aura tout loisir d’utiliser le logo de l’UMP.

Vous évoquez la reproduction des logos UMP sur le tract de campagne de Nora Berra, que risque-t-elle à l’utiliser sans l’investiture ?
Dans le cadre d’une campagne, on peut se retrouver avec un référé, donc devant la justice pour un usage non autorisé d’un logo

La candidate assure qu’elle a obtenu le double aval de l’Elysée et de Jean-François Copé pour se lancer...
Je ne crois que ce que je vois et que ce qui est acté par une démarche respectable. Si Mme Berra avait eu autant de soutiens, sa candidature aurait été validé le 28 janvier en même temps que l’ont été 501 autres au niveau national. Entre ce qui est annoncé et ce qui sera, il y a un monde.

Vous pourriez payer cher ce manque d’unité sur 4e circonscription...
Je regrette ce genre d’attitude qui ne tire pas le débat politique vers le haut. Nora Berra se trompe d’objectif. Le message qui a été passé par l’ensemble des parlementaires du Rhône, c’est de confirmer le souhait au départ de Mme Berra d’aller dans la 3e circonscription, comme elle l’a toujours dit aux Lyonnais et celui de Mme Nachury de se porter candidate sur la 4e circonscription. Les choses ont été rappelées de manière formelle, par écrit, à l’ensemble de la commission nationale d’investiture et au secrétaire général de l’UMP. La commission nationale d’investiture a toute latitude pour décider vers quel candidat ira l’investiture de l’UMP pour les 3e et 4e circonscriptions du Rhône. Et l’objectif n°1, c’est l’élection présidentielle. J’aimerais que cela soit le cas pour tous, en particulier pour un membre du gouvernement.

Dans quel état d’esprit sont les militants UMP du Rhône ?
Les militants sont lassés du jeu personnel de certains alors qu’eux donnent leur temps, leur énergie, leurs loisirs pour le président de la République. Ce que j’aimerais, c’est que parfois certains s’en inspirent. Le message qu’il faut avoir en tête, c’est de ne jamais oublier qui vous a fait roi.

N’est-ce pas finalement la récréation permanente à l’UMP du Rhône où, entre les législatives et les municipales de 2014, chacun agit comme bon lui semble ?
Non, je ne pense pas que ce soit la récréation permanente à l’UMP du Rhône. Au niveau national, il y a parfois un certain nombre de personnes qui ne correspondent pas à la réalité du terrain. Le message très fort adressé de la part des élus locaux et du bureau politique du département du Rhône, qui a voté à l’unanimité mois une abstention la candidature de Nora Berra sur la 3e et celle de Dominique Nachury sur la 4e, que l’ensemble des parlementaires du Rhône ait signé un vœu commun pour confirmer la donne, montre bien qu’il y a une unité totale de la fédération UMP du Rhône. Il y a simplement une personne qui a une trajectoire individuelle et personnelle, malheureusement peu représentative de l’esprit qui règne.

Beaucoup de voix s’élèvent contre ce système de commission nationale d’investiture. Au regard de ce qu’il se passe sur la 4e circonscription, pourrait-il évoluer ?
Honnêtement, je ne vois pas évoluer les choses différemment dans les années qui viennent. Les règles du jeu sont connues en amont. Les accepter ou pas c’est une autre chose. Et la procédure fait que ceux qui n’acceptent pas cette démarche se mettent en position difficile.

Quand se réunira la prochaine commission d’investiture ?
La commission va se réunir d’ici la fin du mois de février. Il n’y a pas de date arrêtée. Un certain nombre d’éléments doivent se décanter. La position du centre doit être prise en compte pour l’ensemble des 76 dernières candidatures qui doivent être validées. Il y aura peut être une voire deux commissions nationales d’investiture. Mais il n’y en aura pas cinq, six ou sept comme il y a eu auparavant.

Vous intégrez désormais les centristes à la démarche ?
Je crois que l’objectif c’est qu’il y ait le maximum de candidatures d’union. Pour ce faire, il faut également qu’il y ait un soutien affiché, ferme et fort autour de la future candidature du président de la République de la part des partenaires.