Fin de la trêve hivernale: "La question du logement doit devenir collective"

Fin de la trêve hivernale: "La question du logement doit devenir collective"
Marc Uhry - LyonMag/JazzRadio

Le délégué régional de la Fondation Abbé Pierre, Marc Uhry, était l’invité de Jazz Radio pour l’émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.com.

Jeudi, c’est la fin de la trêve hivernale et le retour des expulsions locatives. "Nous ne connaissons pas le nombre de personnes menacées, au niveau local, par la fin de la trêve hivernale, regrette Marc Uhry. Nous savons juste que les chiffres sont augmentation depuis dix ans. Mais les préfectures de la région ne nous donnent plus les chiffres." Au niveau national, ce sont près de 100 000 personnes qui sont menacées. "Au prorata, cela ferait à peu près 10 000 sur Rhône-Alpes. 10 000, cela correspond au nombre d’attributions annuelles de logement sociaux. Il y a un décalage quantitatif entre l’offre et les besoins."
Et la tendance se confirme. La déshérence sociale aujourd’hui n’est plus seulement l’apanage des populations les plus fragiles. "Cela touche de plus en plus les salariés, les familles qui n’ont pas de difficultés sociales particulières. Quand on gagne 1200 euros par mois, avec un loyer de 600 à 700 euros, on est à la merci du moindre accident de la vie. Le nombre de ménages endettés a augmenté en cinq ans de 50% en Rhône-Alpes."
Existe-t-il alors des outils pour aider ceux qui basculent vers la précarité ? "Il y a des dispositifs de prévention, soit par des associations, soit par le travail du bailleur qui peut aider à trouver un relogement plus conforme aux moyens des ménages, détaille Uhry. Quand l’ensemble du marché est trop élevé pour l’ensemble des ménages, les solutions individuelles ne peuvent pas être satisfaisantes."
Quid de la loi Dalo (droit au logement opposable), qui impose depuis 2009 à l’Etat de trouver un logement pour les personnes considérées comme prioritaires ? "Ce système ne marche pas trop mal en Rhône-Alpes, alors qu’il dysfonctionne totalement à Paris ou à Marseille, glisse le délégué régional. Le recours à la loi Dalo permet globalement de trouver une solution, mais face à l’augmentation des besoins, il n’y a pas assez de solutions."
En pleine campagne présidentielle, la Fondation Abbé Pierre essaie aussi de sensibiliser les candidats à cet enjeu du logement, même si la question ne s’est pas taillée la part du lion pour l’instant. "Nous avons fait cette vraie-fausse candidature d’Eric Cantona pour sensibiliser l’opinion, rappelle Uhry. Nous avons ensuite proposé aux différents candidats de signer un contrat social pour une nouvelle politique du logement. Cinq d'entre eux ont accepté de le signer (Mélenchon, Joly, Hollande, Bayrou et Poutou). Nicolas Sarkozy n’était pas candidat au moment de la signature, mais nous espérons toujours le convaincre."
Le délégué régional de la Fondation Abbé Pierre se fait pourtant peu d’illusions. "Derrière les promesses de campagne, il y a sans doute un problème de société plus vaste", s’inquiète Uhry. "On pense que le logement est une question individuelle, continue-t-il. Or il dépend pour beaucoup de choix collectifs d’aménagement de territoire, de politique de construction, de logement social. Nous avons un certain nombre de choix collectifs à établir. C’est cette culture-là qu’il faut restaurer."

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1 commentaire
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jm le 15/03/2012 à 15:07

Les professionnels de l'indignation auront une fois de plus raison des vrais débats et des solutions.

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