Séquence 8 renverse les Nuits de Fourvière

Séquence 8 renverse les Nuits de Fourvière
Photo DR

La première mondiale du spectacle des Québécois des 7 Doigts de la main est proposée dans le Grand Théâtre jusqu’à vendredi.

L’an dernier, la compagnie de Shana Carroll et Sébastien Soldevila avait été acclamée dans les pierres antiques avec Psy, une création inspirée de la psyché humaine. Conquis, le collectif a décidé d’offrir cette année aux Nuits de Fourvière la première mondiale de son nouveau spectacle. Cette fois-ci, les Canadiens se sont intéressés à ce qui unit (ou désunit) les êtres dans leur rapport à l’autre, avec un spectacle un temps nommé Momentum puis rebaptisé Séquence 8, car ils sont huit sur scène et qu'il s'agit là de leur huitième production.

Le spectacle commence avec un speaker qui introduit le concept, avec humour, puis fait mine d’être emporté par ses camarades de danse. Car s’ils sont à l’origine des artistes de cirque, issus de l’Ecole nationale de cirque de Montréal, ils sont aussi danseurs, et comédiens. Ils parlent non seulement avec leurs corps, sculptés pour la prouesse, mais aussi avec des mots savamment choisis, souvent avec pédagogie, puisque le show se veut presque une étude sociétale, ou ethnologique, c’est selon. Sur scène, ils flottent quand ils incarnent l’attraction en s’étirant, en se désarticulant dans une grâce physique quasi-élastique rendue spirituelle par une bande son étudiée pour s’emboîter dans leurs pas et que le volume surpuissant fait devenir englobante, puis le déchirement à grands renforts de sauts effectués à l’envers, à l’endroit, toujours en tous sens. Cette troupe ne forme soit qu’un seul et même corps, ondulant au rythme des notes et de la montée du sentiment traduite par des mouvements voluptueux, voire sensuels, soit un écrin magnifiant l’un ou l’autre des membres, dont chacun possède un registre d’acrobate de très haut niveau.

Afin de ne rien gâcher de l’appréciation du corps, pour lequel Séquence 8 est aussi une ode, trois des membres se livrent même à ce qu’il faut bien appeler un strip tease, en tout cas un effeuillage tortueux, serpenté. Les muscles sont saillants, les formes magnifiées, les mouvements fluides et évocateurs. La performance est elle tonitruante et saisissante. L’un d’eux fait des bonds dans un cerceau, au travers duquel il surgit droit comme une flèche, recroquevillé comme un fœtus, ou tordu comme un homme à l’article de la mort. De la course d'élan à la réception, en passant par le saut et la figure, il n'y a pas d'interruption. Les dauphins ou les orques du Marineland d'Antibes sont dans le même tempo. Un jeune homme vêtu de bleu ne fait lui qu’un avec le mât chinois dressée sur l’estrade et qu’il escalade avec l’agilité nonchalante des bonobos afin d'aller sonner la cloche sommitale. Acrobate de haute futaie, il se retrouve la tête en bas, à l’horizontale seulement retenu par les bras, entortillé depuis les jambes jusqu’au cou avant de descendre en glissant ou en se lâchant pour s’arrêter net au plus près du sol. Il s’y retrouve même agglutiné en grappe au sommet avec ses complices. Certains sont virtuoses du cerceau, à terre comme dans les airs. C’était aquatique, puis reptilien, et voilà que cela devient aérien. Une des acrobates se déploie littéralement dans ledit cerceau qu’elle fait tourner et de fait, elle vole. Un ballet suspendu à trois mètres du plancher.

Mais on peut monter plus haut avec Séquence 8, beaucoup plus haut. Comment ? En figurant la recherche de l’équilibre entre deux personnes avec une bascule sur laquelle, sans autre aide que celle de leur poids, deux athlètes se font décoller l’un l’autre, permettant des série de saltos qui feraient baver les patineurs et pâmer les gymnastes. C’est si impressionnant que l’on en oublie jusqu’au danger que courent les exécutants, danger qui fait frissonner les gradins quand une réception est glissante ou dérapée. Et entre chaque tableau, le speaker du départ, danseur et sauteur comme les autres, remet sa veste de commentateur et s’adresse au public pour lui demander s’il a appréhendé l’essence de la chorégraphie, s’il en perçu son sens. Il pose des questions à l'assistance : « duquel des garçons qui tiennent la planche russe sur laquelle elle saute est amoureuse la fille du premier tableau ? » ou « que n’était pas le garçon du quatrième qui danse et jongle avec des boîtes, terrorisé, affamé, pas affamé, ou mauve ? ». Il interview même, avec un savoureux accent du Québec, le plus grand des acrobates de la troupe censé s’être essayé avec succès à la littérature autobiographique. Enfin, on pourrait parler de spectacle musical puisqu’ils composent des morceaux en ajoutant successivement en boucle qui des sons d’instruments, qui des souffles, des cris, des chuchotements ou des grincements. Spectacle total, s’il en est, pour les amoureux du corps, ceux de la voix, ceux de la musique, ceux du cirque. Jetez leur donc votre coussin, ils en redemandent !

Séquence 8 est programmé dans le Grand Théâtre jeudi et vendredi, à chaque fois à 22h, dans le cadre du festival des Nuits de Fourvière. L’entrée coûte 17 euros pour les moins de 12 ans, 20 pour les moins de 26 ans et 25 en plein tarif. Samedi et dimanche, place ensuite au théâtre musical avec Le Syndrome d’Orphée de Vladimir Pankov, joué en russe surtitré en français et présenté à l'Odéon en première française.

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3 commentaires
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Julien le 23/06/2012 à 09:58
hasyouwant a écrit le 22/06/2012 à 14h49

Je souhaite connaitre les titres des morceaux de musiques entendu pendant le spectacle Sequence 8
Pouvez vous m'aidez ?

Les credits sonores sont affiche sur leur site http://7doigts.com/fr/spectacles/13-sequence-8 .
Moi c'est 'bullets' de tunng qui avait retenu mon attention.

En tout cas magnifique spectacle , un grand bravo aux 7 doigts, c'etait magique !

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hasyouwant le 22/06/2012 à 14:49

Je souhaite connaitre les titres des morceaux de musiques entendu pendant le spectacle Sequence 8
Pouvez vous m'aidez ?

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Dylan le 21/06/2012 à 02:44

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