Histoire : un professeur revient sur le siège de Lyon en 1793

Histoire : un professeur revient sur le siège de Lyon en 1793
Michel Biard est professeur d'histoire du monde moderne et de la Révolution française à l'université de Rouen - LyonMag

Michel Biard est l'auteur de 1793, Le Siège de Lyon, entre mythes et réalités.

L'ouvrage de 114 pages est édité chez Lemme Edit dans la collection Illustoria. Le livre revient sur un épisode méconnu des suites de la Révolution française. En 1793, bien que la municipalité lyonnaise ait rappelé son attachement à la République, le pouvoir parisien, radicalisé par le retour en grâce des proches de Robespierre, voit en la capitale des Gaules un danger d'insurrection royaliste, danger d'autant plus important que la ville est proche de la frontière et que son basculement pourrait entraîner une brèche opportune pour les ennemis extérieurs. Craignant une nouvelle Vendée, la Convention décide d'envoyer le général Kellermann, vainqueur de Valmy, marcher sur Lyon à la tête de l'Armée des Alpes pour mater la rébellion. La défense lyonnaise s'organise mais les troupes de la Convention sont nettement plus nombreuses : 65 000 hommes contre moins de 10 000 côté lyonnais. Les bastions défensifs sont renforcés et l'armée républicaine arrive par le nord le 9 août. La ville est ensuite assiégée pendant 2 mois, jusqu'au 9 octobre. L'arsenal du quartier d'Ainay explose, la Presqu'île est pilonnée, d'après Michel Biard 72 civils sont tués dans les bombardements. Les collines sont prises une à une par les républicains : la Croix-Rousse, la Duchère, Sainte-Foy, Saint-Just. Les colonnes républicaines bombardent la ville depuis le faubourg de la Guillotière avec des boulets rougis au feu pour provoquer des incendies (l'expression "tirer à boulets rouges" vient de cette pratique). Le 9 octobre, les lyonnais du colonel royaliste Perrin de Précy tentent de fuir par Vaise mais sont en partie anéantis. Certains éléments parviendront à rejoindre le Beaujolais où ils seront traqués. Lyon capitule donc le 9 octobre. Le 12, à Paris, la Convention déclare : « tout ce qui fût habité par le riche sera démoli ; il ne restera que la maison du pauvre. Lyon fit la guerre à la liberté ; Lyon n'est plus ». La ville subit alors une intense répression. La guillotine est installée aux Terreaux, la plaine des Brotteaux est le théâtre d'exécutions. 1893 personnes seront ainsi liquidées. Lyon commence à être détruite : l'actuel cours Vitton est rasé, tout comme le château Pierre Scize qui dominait la Saône sur un rocher fendu (d'où son nom) ou une grande partie des remparts. La statue équestre de Louis XIV de la Place Louis le Grand (Bellecour) est fondue pour en faire des canons, et Lyon, ville martyre, perd son nom pour devenir « Ville-affranchie ». En représaille, l'ancien département du Rhône-et-Loire est scindé en deux, Lyon héritant du département "croupion" du Rhône.
220 ans après les faits, ce livre se propose de synthétiser de façon "claire et dépassionnée" cet épisode de l'histoire lyonnaise dont le souvenir est vivace à la chapelle expiatoire du 6e arrondissement qui abrite les restes du général Précy mort en 1820 ainsi que de certains ossements des condamnés à mort exhumés de fosses communes. Il est vendu 17 euros 90.

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