Raymond Barre : construire des ponts entre les femmes et les hommes de bonne volonté

D'abord pour ses tentatives de pédagogie de l’économie dans un pays où la chose est trop rare, qui méritent nos salutations.
Certes il avait parfois ses faiblesses en ce domaine, Raymond Barre c’est d’abord un homme considéré comme un grand gestionnaire et qui laissait la France avec une inflation à deux chiffres sous son gouvernement.
Mais ses efforts se tournaient, contrairement à nombre de ses successeurs de droite comme de gauche, (à commencer Nicolas Sarkozy, recordman de l'endettement de l'histoire de France environ 500 milliards à lui seul) vers la résorption de notre dette. De ce côté Raymond Barre était un visionnaire.

Raymond Barre ce fut ensuite une véritable  foi dans l’Europe, à l’époque où ceux qui s’intéressaient au futur politique de la CEE, aujourd'hui l'UE, n’étaient pas nombreux, où il était de bon ton comme aujourd'hui de refuser de penser notre pays comme une nation au destin unique mais ancrée dans les échanges mondiaux.
Raymond Barre c’est aussi une volonté d’afficher une démocratie apaisée. Il insistait à juste titre dessus à longueur de discours. De quoi me ravir et ravir une majorité municipale et une population lyonnaise que les grands conflits et les excès inquiètent.

Certes tous ne furent pas ainsi dans son entourage, où l'on trouvait parfois des membres de l'Opus Dei. Mais il sera aussi celui qui condamnera l’alliance de Charles Millon et d'une partie de l'actuelle UDI locale avec le Front National à la région Rhône-Alpes, empêchant ainsi un certain nombre d’élus de droite de se fourvoyer à leur tour. Son modérantisme et son sens de la raison furent ici des plus salutaires.

A Lyon, il fut été un acteur politique important d’une ville que ni sa femme ni lui ne semblaient réellement apprécier au départ mais, comme le dira Gérard Collomb, qu’il a appris à apprécier, 
notamment à travers le quotidien des gens. Né à la Réunion, Raymond Barre connut une histoire d'un quart de siècle avec notre ville. Devenu l'un des députés de Lyon à partir de 1977 restant invaincu jusqu’en 2002 où il laissa son siège à Christian Philip après avoir quitté la Mairie l'année précédente.
Homme de droite modérée, devant affronter le sectarisme d'une large partie de son camp à son égard (nombre d'élus de la droite lyonnaise étant déjà à l'époque bien plus radicaux que la moyenne nationale) il gérera, au cours de son mandat de maire à partir de 95,  la ville en bonne intelligence avec l'opposition de gauche conduite par Gérard Collomb. Ce fut un mandat de développement fort de l'attractivité internationale de notre ville.
Au cours de la campagne municipale suivante, où Raymond Barre ne se représentait pas, il affirma  notamment  qu’une victoire de la gauche à Lyon ne lui poserait pas de problème, bien au contraire.

C'est à ce Lyonnais de pleine et entière adoption que nous allons rendre hommage par la pose d'un pont à son nom le 30 juillet prochain. Il reste encore quelques places pour vous inscrire sur le site du SYTRAL. Ne manquez pas l'occasion de voir notre ville se transformer dans le liant entre deux quartiers qui font l'avenir, Gerland et le Confluent. Un projet porté par Gérard Collomb qui aurait, personne n'en doute, beaucoup plu à Raymond, lui qui aimait tant construire des passerelles entre les hommes et les femmes de bonne volonté.

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Romain Blachier