Rythmes scolaires, un progrès pour tous, une chance pour notre avenir

Rythmes scolaires, un progrès pour tous, une chance pour notre avenir
Benoît de Valicourt - DR

Quand j’étais gamin, j’allais à l’école le samedi matin, la semaine de 4 jours et demi existait donc, et comme j’étais pensionnaire, j’allais en plus à l'étude le mercredi matin de 8h à midi !

Mon fils, 6 ans et demi, va à l’école le mercredi matin et ce depuis l’âge de 3 ans. Son rythme est soutenu, 29h de cours par semaine, 45 minutes de devoirs par jour, une pause d’une heure ou une heure trente le midi en fonction des activités, pas de récréation et pas de sport dans la journée. J’entends déjà les critiques et pourtant Ambroise va bien, il a même sauté une classe après le 1er trimestre de CP.

J’ai écouté avec attention le débat sur les rythmes scolaires, les arguments fallacieux des maires qui ne veulent pas les mettre en place sous prétexte que les enfants seront épuisés. La vérité n’est pas là, la raison est financière et les municipalités rechignent à financer l’éducation des enfants expliquant que la participation de l’Etat aux collectivités ne cesse de diminuer et les élus ne veulent pas – ne peuvent pas - augmenter les impôts locaux puisqu’ils se sont fait élire en jurant leurs grands dieux démagogiques qu’ils stabiliseront l’impôt voire le diminueront !

Certains élus parlent d’un coût de 150 € par enfant pour cette réforme des rythmes scolaires, expliquant que c’est impossible. Mais c’est quoi 150 € pour l’avenir d’un enfant, d’un pays ? Rien, peanuts, juste une nécessité pour que nos enfants puissent apprendre dans de bonnes conditions, non pas le macramé ou le coloriage mais les langues étrangères, la musique, les religions, la géographie, l’histoire, bref tout ce qui permet, dès le plus jeune âge, de respecter les différences, de s’ouvrir sur le monde, de se former à l’internationalisation des rapports humains et professionnels.
Notre société souffre trop de la discrimination, du rejet des différences et très souvent par manque de culture et de connaissance.

Ambroise a la chance d’être dans une école trilingue et laïque où se croisent des enfants de toutes les confessions d’une dizaine de nationalités. C’est une exception et cela a un coût mais je note que mon fils est ouvert, tolérant, respectueux, que rien ne lui semble compliqué, qu’il s’amuse des différences avec ses camarades comme on s’amuse à découvrir quand on a 6 ans les pays sur une mappemonde.

Cette réforme des rythmes scolaires est une chance, elle est sans doute mal présentée, mais l’argument pécuniaire avancé par une majorité d’élus de droite n’en est pas un. Offrir une meilleure organisation du temps scolaire aux enfants, c’est aussi permettre à ceux qui ont le moins de chance d’être mieux accompagnés, sans rupture dans la semaine et de bénéficier des services des collectivités locales pour des activités péri-scolaires quand leurs familles n’ont pas les moyens de les payer.

Plutôt que de critiquer une nécessité dans un pays où le nombre de jours de scolarité est inférieur à la moyenne des pays européens, les municipalités devraient se saisir de cette opportunité pour imaginer, créer, inventer, ce qu’elles sont capables d’apporter aux plus jeunes de leurs habitants en les préparant à leur scolarité future et au monde dans lequel ils travailleront. Refuser cette nouvelle organisation du temps scolaire, c’est montrer son incapacité à imaginer une France qui peut gagner par l’éducation, la culture et l’apprentissage des langues.

Que les opposants de droite aux rythmes scolaires se rassurent, le gouvernement ne défend pas dans cette réforme l’hégémonie culturelle théorisée par Gramsci, seulement une volonté de mieux répartir le temps d’apprentissage, d’offrir la possibilité aux collectivités locales d’être associées aux pouvoirs régaliens du ministère de l’Education Nationale et de lutter contre les inégalités (la France compte 10% d’enfants pauvres), rien de plus, mais c’est déjà énorme et pourtant insuffisant car il faut aller plus loin dans le respect de notre devise nationale en permettant à chaque enfant scolarisé à l’école de la République d’avoir obligatoirement accès à un repas par jour !

Benoît de Valicourt

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39 commentaires
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denis le 09/05/2014 à 21:42

Oui, bien naïf qui pense que Paris ou lyon centre sont représentatifs. Comment assurer du péri-scolaire sans moyen et surtout sans les compétences côté encadrement ....

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Foetusman le 09/05/2014 à 20:12

L'essentiel à dire, c'est que cette réforme en coton n'aide absolument pas l'enfant, pour qui le temps de présence à l'écoleet la fatigue sont augmentés, et les conditions de travail détériorés. Avec les centaines de millions d'euros gaspillés avec cette stupidité, combien d'enseignants supplémentaires, de Rased, de moyens d'aide auraient pu être mis devant les élèves pour les aider ????

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joe le 09/05/2014 à 18:57

Benoït de Valicourt: tant que cette réforme ne sera pas totalement prise en charge par l'état, les inégalités entre communes persisteront. Vous noterez aussi que, même avant la réforme, les inégalités existaient déjà, et justement, en raison des interventions des communes dans l'éducation. Exemple simple : à Paris, commune riche, l'EPS, la musique et les arts plastiques sont systématiquement pris en charge par des intervenants extérieurs, les enseignants ont de la chance et les enfants aussi. Mais où cela arrive-t-il ailleurs ? Nulle part. C'est pourquoi cette réforme est nullisime tant que l'état ne s'impliquera pas financièrement sur tout le territoire.

Hors le but non avoué de l'Etat est de démanteler ce qui reste d'éducation dite "nationale" : je l'affirme, c'est juste la triste réalité. Le périscolaire dit "de qualité" n'existe pas dansma commune. Ce n'est ni plus ni moins que du centre de loisirs. Je suis en ZEP dans le 93 à Auber. VP a donné une rallonge cette année pour faire taire la rebellion début septembre. Mais à terme, qui va financer la centaine de personnels recrutés ? Les impôts des contribuables ?... C'est juste inacceptable surtout, si, comme je viens de vous l'expliquer, il n'y a pas d'intervenants de "qualité", les intervenants munis d'un BAFA ne font pas l'affaire si on veut du périscolaire de qualité.

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JCB le 09/05/2014 à 18:46

L enjeu n'est pas uniquement au niveau du budget de l'école ou des CT:en tant que membre bénévole d'un club de sport j'ai assisté à de nombreux débats qui obligent à revoir son organisation pour compenser une perte financière du mercredi consacré à des cours de sports..".Et pourquoi pas l'école le samedi disent certains"-"et les RTT, et parents divorcés vous y pensez répondent d'autres"...
Finalement on comprend surtout au fond que c'est à l'enfant de s'adapter à la vie des adultes et pas l'inverse:CQFD

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Benoît de Valicourt le 09/05/2014 à 18:22
noixdecoko a écrit le 09/05/2014 à 18h01

et faire rentrer la religion dans lécole il connait le mot laique ce monsieur?

Cher Noixdecoko, je ne comprends pas le sens de votre commentaire !

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noixdecoko le 09/05/2014 à 18:01

et faire rentrer la religion dans lécole il connait le mot laique ce monsieur?

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Ronchon le 09/05/2014 à 16:59

A 500 euros par mois , j'espère que le chérubin fait des progrès!!!!!!!

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Bac + 12 le 09/05/2014 à 14:43

De quoi il se mêle ?

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Renal21 le 09/05/2014 à 10:12

"offrir la possibilité aux collectivités locales d’être associées aux pouvoirs régaliens du ministère de l’Education Nationale "
Joliment dit, mais précisément, c'est illégal. C'est le principe d'un pouvoir régalien ; il ne se partage pas ! Et les communes NE DOIVENT PAS se mêler d'éducation.
Quant aux 150 euros qui ne sont "rien, peanuts", d'abord cette sommes est "par enfant" (300 pour une famille avec 2 enfants) et qui paiera ?
Quant au cas personnel de l'éditorialiste, il traduit un cas personnel. En faire une règle commune !?

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