Si Ehrmann ne s’est pas exprimé sur le sujet, ses détracteurs, eux, ont publié des vœux ironiques sur leur page facebook, Collectifsaintromain. "Un an déjà, le chaos doit beaucoup d’argent aux impôts : 750 euros/jour ! Ca fait déjà plus de 270 000 euros... Bon anniversaire".
Le petit village de Saint-Romain-au-Mont-d’Or est en effet le théâtre d’une guerre qui dure depuis des années entre le controversé créateur de la Demeure et les locaux.
La période des municipales lancée, Françoise Revel, maire de Saint-Romain, a annoncé qu’elle ne briguerait pas d’autre mandat. Pour lui succéder, un seul candidat s’est désigné : Pierre Curtelin, à la tête de l’unique liste présentée pour la mairie de Saint-Romain.
Au même moment, Thierry Ehrmann, propriétaire de la DDC, a créé un blog dans lequel il fustige "le déni de démocratie" que constitue selon lui la liste unique présentée par l’héritier de Françoise Revel, ennemie jurée d’Ehrmann (l’inverse est tout aussi vrai). Voir arriver à la mairie un homme qui partage les vues de l’ancienne édile est un message clair : ce n’est pas au cours des six ans à venir qu’Ehrmann se fera de la municipalité une alliée.
Après l’annonce de sa candidature, Pierre Curtelin a donné une interview au Progrès, dans laquelle il affirmait sa volonté de se mesurer à l’épineux problème de la Demeure du Chaos. Thierry Ehrmann l’a appelé à son domicile après la parution de l’article. Que se sont-ils dit ? Mystère. Toujours est-il que Curtelin refuse depuis de répondre aux journalistes sur le sujet de la DDC.
Le dossier constitue pourtant l’une des préoccupations majeures de la vie "tranquille" des habitants de Saint-Romain au Mont d’or.
Fondée en 1999, la DDC a toujours été un objet de polémiques, tout comme Thierry Ehrmann. Son "musée d’art contemporain", comme il le désigne, est un lieu à l’atmosphère noire et apocalyptique, influencé notamment par le choc qu’aurait reçu son fondateur après les attentats du 11 Septembre.
La bâtisse, qui détonne au beau milieu d’un petit village perdu dans les collines, est visitée tous les week-ends et tous les jours fériés. "La Demeure est éclairée la nuit. Vous imaginez des crânes illuminés sous vos fenêtres tous les soirs ? Des enfants [son fils] sont traumatisés", raconte Benoît*, membre du Collectif Saint-Romain. Il ouvre les fenêtres de la cuisine, et c’est une vue sur la cour de la DDC qui s’étend devant lui. Avec une caméra braquée droit sur sa maison : la Demeure du Chaos en est remplie.
"Lorsqu’ils viennent le week-end, les visiteurs nous regardent comme les animaux d’un zoo, en se demandant comment on peut bien vivre là", déplore Simon*, autre membre du collectif. En 2013, Ehrmann affirmait que la DDC comptait chaque année 120 000 visiteurs. Un chiffre faux, estime Françoise Revel, que nous avons pu rencontrer : "S’il y en a 10 000 par an, c’est bien le maximum".
Le nombre de visiteurs qui envahissent régulièrement le village n’est pas le seul sujet de plainte des Saromagnots.
Pourtant, le tribunal n’a pas été une option immédiatement envisagée par
la commune. "On a eu le grand tort de vouloir discuter avec Ehrmann,
se souvient l’ancienne maire. Aucun argument ne peut le raisonner".
Dans
les faits, la Demeure du Chaos en est à 15 ans de procédure. Le nombre
est impressionnant et il serait trop long de revenir sur tous les procès
– douze à ce jour, selon Françoise Revel – dont elle a fait l’objet.
Résumé
des derniers épisodes marquants : en 2006, Thierry Ehrmann a été
condamné par le Tribunal de Lyon à 75 euros d’astreintes journalières
tant qu’il n’aurait pas remis la DDC en état, celle-ci ayant été jugée
non conforme aux règles d’urbanisme. En 2008, Thierry Ehrmann a été
condamné par la Cour d’appel de Grenoble à 30 000 euros d’amende. Le PDG
d’Artprice avait annoncé son intention de se pourvoir en cassation.
Enfin, le lundi 6 mai 2013, la cour d’appel de Grenoble avait finalement
prononcé son jugement : les astreintes journalières de Thierry Ehrmann
ont été multipliées par dix.
Des astreintes que l’intéressé n’a
toujours pas versées, à l’heure où il lance une campagne publicitaire
pour les drones nouvellement acquis par la DDC.
Mais qui, au juste, doit
faire appliquer ce verdict ? Selon le parquet de Lyon, l’application
des astreintes "ne relève pas de l’autorité judiciaire", mais elle est
du ressort de la Préfecture et de la gendarmerie. La première comme la
seconde refusent de communiquer sur le sujet. L’application de la
sentence est également problématique dans la mesure où Ehrmann a
organisé son insolvabilité.
La situation paraît donc bloquée de part
et d’autre. Reste le quotidien des riverains de Saint-Romain. Quand on
leur demande s’ils ont envisagé de déménager, la réponse fuse : personne
ne veut acheter une maison à Saint-Romain-au-Mont-d’Or, le village
étant précédé par sa réputation. En attendant, le Collectif
Saint-Romain, qui réunit plusieurs habitants qui luttent pour la remise
en état de la DDC, est toujours actif, notamment sur les réseaux
sociaux.
Quant aux journalistes, rares sont ceux qui ont osé publier
des articles qui ne louaient pas Ehrmann. Ce dernier se serait
notamment arrangé, selon Benoît, pour censurer un reportage tourné pour
TF1, qui évoquait le quotidien des Saromagnots et notamment des
nuisances sonores causées par la DDC. Il n’a jamais pu être diffusé,
nous a confirmé un des membres de la rédaction de TF1.
Si l’on
cherche, bien, d’où que viennent les témoignages, Thierry Ehrmann
apparaît comme un curieux personnage, parfois même un peu inquiétant.
Pas étonnant, dès lors, qu’un portrait de l’occultiste Aleister Crowley
orne la Demeure du Chaos : la filiation est évidente. Crowley était
peintre, érudit, occultiste, provocateur, adepte de la polygamie et a
drainé une foule d’admirateurs. Il a également prétendu être damné,
comme… Thierry Ehrmann.
A l’image de la Demeure du Chaos, ce dernier
s’est créé un personnage qui est un assemblage de toutes les influences
dont il s’est nourri. Cependant, malgré son excentricité et ses coups de
provoc réguliers, Françoise Revel décrit quelqu’un d’assez lâche : "Il
n’a jamais osé franchir le seuil de la mairie", confie-t-elle avec un
sourire.
Après tout, l’homme communique exclusivement par blog et ne
dialogue avec les Saromagnots que par le biais des fameuses lettres
qu’il leur envoie. Ses admirateurs savent-ils seulement qu’il a commencé
par faire fortune dans le Minitel Rose ?
* Les prénoms ont été modifiés à la demande des membres du collectif
Mozart est mort comme chien accompagné à la fosse commune par un chien et des fantômes, Rudboeuf avait faim, Vuillon volait pour manger....
Signaler RépondreSi vous voulez "jugez" l'àrt il va vous falloir apprendre.
Encore un copain à Collomb...
Signaler Répondreun fou ce type
Signaler Répondreet comme il fait de l'art qu'il dit contemportain, tous les bobeaux socialo le soutiennent ... ébahis devant les "oeuvres"
le Bobard du forum est de ceux là