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César de la meilleur actrice en 1998 pour “Marius et Jeannette”, Ariane Ascaride sera au théâtre de la Croix-Rousse en décembre avec “La Maman bohème” et “Médée”. Interview.

L’histoire que racontent ces deux pièces  de théâtre ?
Ariane Ascaride : Ce sont des monologues sur la condition féminine qui ont été écrits par deux grandes personnalités du théâtre italien : Franca Rame et Dario Fo, le Prix Nobel de littérature en 1997.  “La Maman bohème” présente une femme qui découvre la liberté. Avec un discours des années 1970 sur les revendications féminines. Et l’autre, c’est tout simplement “Médée”, l’histoire de ce personnage de l’Antiquité qui avait tué ses enfants parce que son mari l’avait abandonnée pour une autre femme. Une histoire qui reste malheureusement d’actualité. J’ai lu récemment qu’une femme a tué sa fille en la jetant par la fenêtre, car son mari l’avait quittée.
Des sujets pas vraiment drôles !
Non, mais la grande force de Franca Rame et Dario Fo c’est justement d’arriver à faire rire avec des situations graves et difficiles. Mais ces pièces sont surtout des histoires de femmes. Des femmes qui un jour se retrouvent enfermées dans leur vie et qui aspirent à la liberté.
Tuer sa fille, ça n’a rien a voir avec la liberté !
Médée c’est avant tout un mythe qui évoque une situation très banale aujourd’hui, celle des femmes de 50 ans larguées par leur mari qui les quitte pour une femme plus jeune. A travers ce mythe, on aborde des thèmes éternels : la jeunesse, le couple, les hommes qui ont besoin de se rassurer sur leur virilité... Des questions très actuelles mais qui se posaient déjà il y a 1 000 ans !
Mais la condition des femmes a quand même évolué !
Oui, bien sûr. Par exemple, la contraception est une grande avancée pour la femme. Car il y a une trentaine d’années, les avortements clandestins se passaient dans des conditions terrifiantes. Mais il y a aussi des choses qui ne changent pas. Par exemple quand il y a une crise économique, dans les entreprises ce sont les femmes qu’on vire en premier. En leur demandant de retourner à leurs fourneaux. Bref, pour moi, les femmes ne sont absolument pas libérées.
Pourquoi les femmes ne sont pas libérées ?
Parce qu’on s’en sert en permanence comme objet de désir, notamment dans la publicité. En plus aujourd’hui on impose aux femmes de ressembler à des mannequins filiformes. Et  à 25-30 ans, on leur dit qu’elles sont vieilles !
Il faudrait une nouvelle révolution féministe ?
Oui. Mais il ne faut pas tomber dans l’hystérie comme cela a parfois été le cas dans les années 1970. Et il ne faut pas taper sur les hommes, mais il faut au contraire leur apprendre à vivre avec nous. Même si ça demande du travail, car il faut les aider à changer leur regard sur les femmes.
On peut dépasser les clivages hommes-femmes ?
Oui, mais ça passe par une reconnaissance des femmes. Exemple, il faut que les femmes, à compétences égales, touchent le même salaire que les hommes. Il faut aussi que les hommes admettent que les femmes ne sont pas forcément futiles, qu’elles ont les mêmes capacités de travail qu’eux... Bref, il faut qu’ils apprennent à nous respecter.

Propos recueillis par Laurent Sévenier

l.sevenier@lyonmag.com

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