Nicolas Sarkozy à Rillieux : "Montrons à la France que tout n'est pas fichu"

Pas de chance, le premier à prendre la parole n’est pas nécessairement de cet avis. Alexandre Vincendet est à domicile, le jeune maire de Rillieux entame un discours d’éloges, lui qui a eu envie de se lancer en politique quand "à 10 ans, devant la télévision", il a vu Nicolas Sarkozy participer aux négociations de la prise d’otages à l’école maternelle de Neuilly. "Votre vision m’inspire dans ma mission locale", renchérit le protégé de Jean-François Copé. Petit doute toutefois sur Les Républicains, un changement de nom "dont il se serait bien passé".
"Il est bon hein ?", questionne ensuite Philippe Cochet qui prend ensuite le relais des compliments. Le président de l’UMP du Rhône s’est dit "heureux et fier" d’être l’ami de Sarkozy et a promis "la totale implication" de sa fédération.

"La petite spécialité régionale dont on se passerait bien"

Dans la salle, on s’impatiente, on veut que l’ancien chef de l’Etat prenne la parole. Ca arrive, mais avant cela, Laurent Wauquiez s’offre un mini-pré-meeting de campagne. Le candidat UMP pour les régionales en Rhône-Alpes Auvergne a salué le Rhône comme étant "l’une des fédérations qui marchait le mieux" et s’est posé comme "la voix de la droite et du centre". "On ne va pas s’excuser de ce que nous sommes", a-t-il renchérit, une pique à l’adresse du MoDem et de l’UDI qui se demandent s’ils veulent faire alliance avec lui.
Avant de faire la promotion de la région et de tacler le bilan de Jean-Jack Queyranne, Laurent Wauquiez s’adonna au jeu préféré des militants : huer le gouvernement. Taubira, Valls, Hollande mais surtout Najat Vallaud-Belkacem qui récolte la bronca du soir. La ministre de l’Education nationale était renommée pour l’occasion par le maire du Puy-en-Velay, "la petite spécialité régionale dont on se passerait bien".

Venait enfin le tour de Nicolas Sarkozy de se rendre au pupitre. Il prenait la peine de conquérir les potentiels indécis de l’assemblée en leur promettant qu’en dépit de la réputation "du public lyonnais un peu froid", son meeting de 2012 à Eurexpo "était le plus beau meeting" de sa campagne présidentielle. Tout le monde applaudit, visiblement tout le monde l’a cru.
Au premier rang, les fidèles rhodaniens, ligériens, isérois et de l’Ain boivent du petit lait. Alexandre Vincendet aussi, car Nicolas Sarkozy l'interpelle : "A 31 ans tu es maire. Moi c'était à 28 (rires). Regarde où ca m'a mené !".

Nicolas Sarkozy n’aura ensuite plus un mot sur le local, il est dans une logique nationale, veut bâtir son parti et laisse les régionales à Laurent Wauquiez.
Sa cible du soir : "Moi je", le surnom qu’il donnera à François Hollande. D’ailleurs, il ne prononcera son nom qu’à quelques reprises. "Mépris, prétention" de la gauche seront les mots-clés de cette réunion publique. Et actualité oblige, Najat Vallaud-Belkacem, à l’origine de la réforme du collège en a pris également pour son grade : "Qu’a-t-elle écrit pour se permettre de critiquer Jean d’Ormesson ?", s’égosille le président de l’UMP. Qui pousse l’audience à huer chaque point noir de la réforme, de la suppression des classes bilangues au sursis des langues anciennes. Le public n’est plus vraiment en âge d’être au collège, leurs enfants probablement pas plus qu’eux. Mais ils sont finalement d’accords avec leur président qui réclame au gouvernement d’arrêter de "faire culpabiliser les enfants lorsqu’ils étudient l’histoire de France".

Cambadélis "totalement stupide"

"Il paraît que je suis "presque xénophobe"", poursuit ensuite Sarkozy, faisant référence à la fronde de la gauche suite à ses critiques du travail émis par NVB et Christiane Taubira. "Je ne sais pas ce que ça veut dire mais celui qui a dit ça est totalement stupide car il n’y a pas de xénophobie entre citoyens du même pays". Jean-Christophe Cambadélis appréciera, le patron du PS n'était que "presque stupide" samedi au meeting de Sarkozy à Montpellier.
Ce sera ensuite au tour du Front National d’être canardé. "Pas d’alliance avec Marine Le Pen", promet l’ancien président de la République.
Puis il termina sa prise de parole en réclamant "de la confiance". "On va montrer à la France que tout n’est pas fichu !". Foule en délire, Marseillaise de rigueur sur scène, les élus se battent pour se hisser aux côtés de Sarkozy, certains ne sont d’ailleurs pas élus mais ils pourront montrer la photo à leurs enfants.

Nicolas Sarkozy n’attendra probablement pas trois ans avant de revenir dans le Rhône. D’ici 2017, il aura sûrement l’occasion de venir épauler Laurent Wauquiez pour les régionales et Lyon sera un passage obligé pour les présidentielles.