Expat : une Lyonnaise s'impose dans la presse américaine

Expat : une Lyonnaise s'impose dans la presse américaine

Depuis quatre ans, la Lyonnaise Anne Aberer est directrice marketing du Boston Globe, un des plus grands quotidiens américains.

Comment vous êtes arrivée à Boston ?
Anne Aberer : En fait, j’ai suivi le parcours typique d’une expatriée avant de m’installer définitivement à Boston. C’est-à-dire que j’ai eu plusieurs expériences à l’étranger. A commencer par un séjour en Californie avec mon mari, qui avait été nommé pendant 18 mois à San Francisco quand il était ingénieur électronique chez Matra. J’avais alors 28 ans.
Vous avez hésité avant de partir ?
Pas une seconde ! Car j’ai toujours été passionnée par les longs séjours à l’étranger, qui permettent de découvrir de nouvelles cultures, de se remettre en question, de garder un esprit ouvert...
Comment s’est passée votre intégration ?
Très bien, car j’étais déjà bilingue après avoir obtenu un MBA à Toronto, au Canada, quand j’étais à l’EM Lyon. Et beaucoup d’amis sont venus nous voir pour profiter de la vie californienne : le climat, les plages... Enfin, mon mari avait la garantie de retrouver son job en France à notre retour. C’était donc un cadre idéal pour découvrir la vie d’expatriés.
Et votre retour en France ?
Ça n’a pas été facile de se réadapter à la vie française, du coup on s’est mis à la recherche d’un emploi durable à l’étranger. Et alors que j’étais chef de groupe marketing pour Gillette à Annecy, j’ai eu l’opportunité de rejoindre le siège mondial, à Boston, en 1998. Mon mari a également trouvé du travail là-bas chez Clare Corp., mais j’ai dû revenir en France en 2001 pour m’occuper de mes parents qui étaient malades. J’ai alors bossé à Lyon comme directrice marketing chez Babolat, puis dans le groupe Aoste.
Votre famille vous a suivie ?
Mon mari est resté à Boston, tandis que mes enfants et moi vivions à Lyon. La dernière année, mon fils faisait la navette entre les deux continents. Ça a duré cinq ans et, franchement, c’était pas facile tous les jours. Mais mon mari a obtenu la fameuse green card qui permet à la famille de s’installer définitivement aux Etats-Unis. Je l’ai rejoint en 2006 et je suis devenue une des directrices du marketing du Boston Globe, en charge des relations avec les annonceurs, mais aussi des nouveaux produits.
Ce que pèse le Boston Globe ?
Ce quotidien qui appartient au New York Times réalise un chiffre d’affaires de 600 millions de dollars avec 2 000 salariés pour 360 000 exemplaires vendus par jour en semaine, et 550 000 exemplaires le dimanche. Et notre site internet, Boston.com, est le cinquième site d’information le plus consulté aux Etats-Unis, avec 4,5 millions de visiteurs uniques par mois. Au total, chaque jour, le groupe de presse du Boston Globe touche plus de la moitié des plus de 18 ans à Boston.
Comment fonctionne votre site ?
On se veut le site incontournable pour vivre à Boston : actualités, petites annonces, vie sportive et agenda culturel... Chez les moins de 35 ans, c’est la première source d’information. Du coup, on diffuse gratuitement sur le site la plupart des articles qui sont publiés dans le quotidien payant, car on ne touche pas le même lectorat. De plus, on utilise un logiciel qui nous permet d’accéder aux informations publiées sur le net qui ont un lien avec Boston. Et après vérification, elles sont diffusées sur notre site, avec le copyright bien sûr. C’est comme ça qu’on peut parfois trouver sur notre site des articles de quotidiens concurrents !
Et votre site internet est rentable ?
Oui, mais on n’arrive pas pour le moment à récupérer avec l’internet les bénéfices qu’on perd avec la presse quotidienne. La communication sur internet est moins chère, avec des audiences qui augmentent. Voilà pourquoi aux Etats-Unis comme en France, on cherche encore le modèle économique rentable à long terme pour un groupe comme le nôtre. Mais pour retrouver de la croissance dans la presse, on développe également de nouveaux produits.
Quels genres de nouveaux produits vous développez ?
Des produits thématiques très ciblés. Exemple : on a lancé l’année dernière un magazine de décoration et de design distribué gratuitement à tous les propriétaires d’une maison qui vaut plus de 700 000 dollars dans la région de Boston. Ce qui attire des annonceurs comme des architectes, des décorateurs...
La différence entre la presse américaine et la presse française ?
D’abord les enquêtes sont clairement séparées des commentaires. De plus, les médias américains prennent publiquement position en faveur d’un candidat. Le Boston Globe a soutenu par exemple Barack Obama et John McCain dans les primaires de l’élection présidentielle, ce qui ne nous empêche pas de suivre tous les autres candidats. C’est un système plus transparent qu’en France, où les grands journaux se cachent derrière une pseudo-objectivité pour ne pas prendre partie officiellement.
Comment vous jugez Boston ?
J’adore vraiment cette ville qui est assez proche culturellement des villes européennes. C’est d’ailleurs un des pôles intellectuels des Etats-Unis, grâce notamment à l’université de Harvard. Et ici les gens aiment bien la France. Les relations sont également plus conviviales, alors que dans l’Ouest du pays, c’est le chacun pour soi.
Et par rapport à Lyon ?
Il y a pas mal de points communs, comme des grandes dynasties, qu’on appelle ici “old money”, qui ont bâti des fortunes conséquentes, notamment dans le textile. Mais aussi des nouveaux patrons qui s’imposent dans les secteurs de la biotechnologie par exemple. Et à Boston comme à Lyon, on n’étale pas sa fortune. On reste discret.
Votre style de vie ?
On vit dans une maison à Marblehead, qui est un port de plaisance de 21 000 habitants situé au nord de Boston. C’est magnifique. L’été, on fait du bateau. Et l’hiver, le ski est à 1 heure 30, dans les stations des White Mountains dans le New Hampshire. Ma fille de 13 ans va au collège alors que mon fils, qui a 16 ans, est en pensionnat pour préparer les admissions dans les universités. Car l’éducation supérieure américaine est très sélective.
Vous ne regrettez pas d’avoir quitté Lyon ?
Pas du tout ! Ma vie est à Boston désormais, même si avec mon mari, on a gardé un petit appartement à Peisey-Nancroix en Savoie. Mon seul regret, c’es

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