Bien sûr, ce phénomène reste marginal puisqu’il y a plus de 60 000 lycéens dans le département. Mais il pourrait s’accentuer à la rentrée prochaine. Car l’assouplissement de la carte scolaire avait été annoncée en mai 2007 quelques semaines avant la date limite pour déposer des dossiers. Du coup, la plupart des familles n’avaient pas eu le temps de réagir.
Pour la rentrée prochaine, les parents ont jusqu’au 9 juin, à Lyon, pour déposer leur dossier. Mais c’est seulement fin juin-début juillet qu’ils seront fixés, après plusieurs commissions. Et pas sûr qu’ils obtiennent tous satisfaction.
“Les demandes vont être acceptées en fonction des places disponibles. Car les capacités des établissements ne sont pas extensibles. Surtout dans les lycées très cotés donc très demandés”, résume Pierre-Louis Klein, secrétaire départemental du SNPDEN, le syndicat des chefs d’établissement.
En effet, les lycées publics doivent d’abord accueillir les élèves de leur secteur géographique puis les redoublants, avant éventuellement d’accorder des dérogations pour accueillir d’autres lycéens. “On en a accordé une seule l’année dernière”, précise Pierre-Louis Bravo, proviseur du prestigieux lycée du Parc en expliquant : “On remplit déjà notre établissement avec les élèves de notre secteur.” Une situation qui pourrait d’ailleurs changer puisque le lycée du Parc ouvre une nouvelle classe de seconde cette année.
Mais il faut également savoir que les dérogations sont accordées avec un ordre de priorité : élèves souffrant de handicap, ceux exigeant une prise en charge médicale proche de l’établissement, bénéficiaires d’une bourse au mérite, élèves qui doivent suivre un parcours particulier (sport, musique...), ceux dont un frère, ou une sœur, est déjà inscrit dans l’établissement... Ce qui limite forcément les chances des autres candidats qui souhaitent juste rejoindre un établissement plus prestigieux ou fuir un lycée repoussoir.
Du coup, certains parents cherchent depuis des années à contourner ces critères. Avec d’abord ce qu’on appelle “le jeu des options” : certaines langues rares permettent par exemple d’inscrire un enfant dans un lycée coté : le japonais, le russe ou l’hébreu au lycée Ampère, le portugais et le chinois à Edouard Herriot, le russe au Parc... Même s’il existe là encore des commissions départementales qui tranchent ces demandes.
Mais il y a aussi un certain nombre de tricheries, comme la domiciliation fictive chez une tante ou une grand-mère dans la zone de l’établissement, l’achat d’un garage, l’ouverture d’une ligne téléphonique... Bref, certains parents sont prêts à tout pour que leur enfant intègre certains lycées cotés. Ils vont même jusqu’à acheter un appartement. Les professionnels de l’immobilier savent bien par exemple que la rue Duquesne dans le 6e arrondissement est surcotée du fait de la proximité du lycée du Parc.
“Mais depuis trois ans, face à un cas litigieux, le chef d’établissement peut demander la déclaration d’impôts des parents pour vérifier leur adresse”, réplique Pierre-Louis Klein. Ce qui a permis de moraliser un peu ces pratiques.
A noter enfin que les établissements privés ne sont absolument pas soumis à cette carte scolaire et qu’ils peuvent donc recevoir des élèves quel que soit leur quartier d’origine.