Compétence et récompense

Compétence et récompense
Eric Pelet - LyonMag

Les investitures aux futures élections législatives du Rhône, accordées par la commission nationale des Républicains n’ont pas manqué, à juste titre, de défrayer la chronique.

Les médias locaux se sont plus particulièrement attardés sur le sort cruel réservé à Michel Havard et Emmanuel Hamelin.


Le premier, ancien député de la 1ère circonscription et candidat aux élections municipales lyonnaises, il y a seulement deux années, s’est vu reprocher un manque d’investissement suffisant dans son rôle d’opposant de nature à lui permettre d’être de nouveau investi dans la circonscription où il avait pourtant été élu Conseiller général puis député.


Emmanuel Hamelin qui se voyait au contraire tresser des couronnes de lauriers au sein de la fédération du Rhône, pour un travail d’opposition permanent et fouillé sur nombre de dossiers, n’a également pas été investi alors que lui et ses équipes travaillent le terrain de la deuxième circonscription depuis des années.


Les décisions de la commission nationale d’investiture des républicains apparaissent donc dépourvues de la plus élémentaire logique, qualité qui n’est certes pas la plus pratiquée chez les décisionnaires politiques. Même dans  l’alternative compétence ou récompense qui fonde désormais la majorité des investitures, quel que soit le type d’élection ou la nature de leur scrutin, on peine à vérifier une logique dans ces désignations, au sens d’une analyse raisonnée des qualités d’un candidat, en adéquation avec un électorat, pouvant l’amener à une possible  victoire...


Récompense des proches, comme le cas d’Anne Lorne, élue dans la nouvelle majorité régionale de Laurent Wauquiez qui a très certainement usé de son influence pour que sa protégée soit investie. Récompense donc car il est encore trop tôt pour vérifier la compétence de la future candidate si ce n’est dans son travail d’animatrice de la Manif pour tous ou de Sens Commun, mouvement dont l’idéologie paraît trop clivante au regard de ce qu’un candidat de la droite républicaine est censé proposer dans une circonscription marqué par une longue histoire centriste ( Isaac Sibille) et face à un autre centriste de gauche, Thierry Braillard qui reviendra dans ses terres auréolé d’une longue séquence au gouvernement dans un domaine qui fédère : le sport.
Il n’est pas acquis qu’une partie importante de l’électorat de la 1ère, attachée au profil consensuel de Michel Havard, bien implanté de surcroit dans le 5eme arrondissement, se retrouve dans la candidature d’Anne Lorne.
Mais la commission nationale a-t-elle pris seulement la peine d’une étude socio-politique de ce territoire ?


Compétence pour Laurence Balas, conseillère municipale chargée des finances et qui a démontré sa réelle connaissance des dossiers, en attaquant fréquemment le maire de Lyon sur les dérives financières de nombreuses institutions, en poussant dans ses retranchements l’adjoint aux finances de la majorité actuelle. Laurence Balas a incontestablement les qualités requises pour devenir parlementaire, elle est à l’aise dans l’expression publique et  les medias, travailleuse et très intégrée dans le monde économique.


Alors qu’elle est élue du 6e arrondissement depuis plusieurs mandats et donc de la rive gauche, son investiture aurait naturellement dû être dirigée vers la 3ème circonscription du Rhône et non sur la 2e où elle manquera de militants, où les réseaux patiemment tissés par Emmanuel Hamelin sur la colline des bobos, dans les pentes libertaires outre un  9ème arrondissement populaire lui feront sans doute défaut !
Une fois de plus est ce que cette analyse a été faîte ? Tandis qu’on évoque ouvertement la possibilité en cas d’accords nationaux avec l’UDI que cette circonscription revienne in fine à Denis Broliquier, ce qui provoquerait sans doute un baroud d’honneur d’Emmanuel Hamelin !


Compétence ou récompense pour Nora Berra ? Si l’on a bien compris les explications diffusées par les Républicains, le fait d’avoir été ministre un jour vaut investiture permanente ! C’est d’autant plus absurde que nombre d’anciens ministres ou secrétaires d’état ne retrouvent pas automatiquement ailleurs, une investiture pour une élection aussi importante que les législatives. Nora Berra a un incontestable talent en matière de survie politique mais curieusement les griefs reprochés à Michel Havard pour une séquence intermédiaire et qui l’ont conduit à se voir privé de sa "Belle" (en France on joue toujours la Belle !) contre Braillard, n’ont été ni formulés ni retenus contre Nora Berra qui, ces deux dernières années, n’a pas animé  le terrain de la 3e et n’est pas intervenue sur les dossiers de la ville de Lyon voire les problématiques de santé !


Au final un manque de lisibilité et de prospective gouverne ces choix alors qu’une alternance est possible en 2017 pour au moins deux circonscriptions lyonnaises.
L’argument du renouvellement ou même de la parité est un rideau de fumée.  Les républicains paieront toujours des amendes sur d’autres départements où ils investiront plus d’hommes que de femmes comme c’est le cas ici des sortants rhodaniens qui ne comptent qu’une seule femme : Dominique Nachury !


Récompense pour les sortants qui se récompensent eux-mêmes de leur première victoire en s’investissant pour une seconde, troisième, quatrième élection etc. Rappelons que Bruno Lemaire propose de ramener à trois mandats toutes fonctions électives !
Mention spéciale  sur ce point à Michel Terrot, député de la 12e circonscription, qui après trente ans de bons et loyaux services dans l’hémicycle a finalement décidé in extremis de ne pas se représenter.

Son choix de désigner Jérôme Moroge comme son dauphin est fondé à la fois sur la compétence du maire de Pierre Bénite mais aussi la récompense due à ce jeune élu pour avoir gagné une ville qui était dirigée par la gauche communiste depuis plus d’un siècle !

Eric Pelet

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7 commentaires
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justin le 27/06/2016 à 14:40

très juste. Nora ne travaille pas

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le chef est le chef! le 23/06/2016 à 19:27

Wauquiez prend la main et c'est normal!
Pour la Croix Rousse et surtout la Duchère je pense qu''Hamelin qui est très connu , qui a ses réseaux aurait été un meilleur candidat.
En cas de vague bleue il aurait pu reconquérir sa circonscription pour Ballas c'est moins évident.

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villeurbannais désabusé le 23/06/2016 à 06:30

Dommage que vous n'abordiez pas le cas de la 6eme circonscription. Candidate ignorante, absente et qui a perdu bien avant l'élection. Du travail d'orfèvre

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Johnny69 le 22/06/2016 à 20:58

Mr Pelet, la lecture de votre tribune m'amène à vous répondre sur certains points.
Contrairement à vos affirmations, la majorité des membres du comité LR de la 3e circonscription-élus par les militants- a emis le souhait, après un appel à candidature et vote des membres, que Nora Berra soit la candidate de notre circonscription car elle a été considérée comme la plus apte à battre Jean-Louis Touraine. Avec Lionel Lassagne comme suppléant, ce ticket possède toutes ses chances.
Votre vision de la droite lyonnaise est une droite étriquée et repliée sur elle-même. Nous avons besoin de sang neuf et Anne Lorne va apporter un souffle nouveau et une droite fière de ses convictions qui n'a pas peur du Politiquement Correct.
Si la Manif pour Tous ou Sens Commun sont trop clivants, comment expliquez-vous la signature par Michel Havard de la Charte Municipale de la Manif pour Tous? En 2014, LMPT n'était pas si sulfureuse et clivante pour MH...

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Président le 22/06/2016 à 17:24

Rien a ajouter votre analyse est parfaite et à mon avis très proche de la réalité si l'on se projette dans le temps.
Et si l'on se projette encore plus loin l'échec de la droite sera totale sur la région Lyonnaise.
De tout temps, les humains ont eu besoin d’une organisation de nature politique afin de se régir collectivement. Au cours des siècles, cette organisation a évolué. Depuis l’ère moderne, elle est passée, dans la plupart des pays occidentaux, de la monarchie à la démocratie, à l’État-providence ou à la social-démocratie. Il m’apparaît évident que nous entrons dans une nouvelle étape de développement de nos institutions politiques. Le monde politique d’aujourd’hui est à l’heure des choix : soit il poursuit ses façons de faire et, de ce fait, contribue au désintérêt constant de ses citoyens; soit il se transforme afin d’épouser de nouvelles formes d’actions et de réactions.
Plus que jamais, il faut résister à la tentation du conservatisme ou de l’apathie et innover, même dans la sphère politique; il est temps de repenser les principes qui nous régissent, les institutions qui les sous-tendent, les habitudes qui y prennent racine, la culture qui y est véhiculée.
Le professionalisme n'a plus grand intérêt dans les choix, c'est triste et bien dommage.

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Roncho le 22/06/2016 à 16:53

Analyse parfaite et non cruelle Nora Berra n'y connaît rien et Balas préfère les boutiques du 6 em plutôt que les bobos Croix Roussiens

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Erick Roux de Bézieux le 22/06/2016 à 16:11

Rien à retrancher !

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