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"On m'a pris pour un con"

Propriétaire de plusieurs hectares sur le site du Montout, un agriculteur refuse de vendre son terrain à l’OL. Malgré les pressions qu’il a subies. Il a accepté de témoigner en exigeant l’anonymat, car il a peur des représailles.

“Je suis un petit paysan qui vend ses produits sur les marchés de l’Est lyonnais. Mais je suis propriétaire d’un terrain de plusieurs hectares sur le site du Montout à Décines, où l’Olympique lyonnais veut construire son stade. Il y a un peu plus d’un an, j’ai reçu la visite d’un représentant de la communauté urbaine, qui voulait racheter mon terrain dans le cadre de la politique de réserve foncière. Il me proposait 14 euros le m2, ce qui est énorme pour une terre agricole qui ne vaut pas plus de 75 centimes d’euros le m2. Du coup, tous les autres propriétaires ont cédé. Sauf moi, car je savais que l’OL avait un projet ici. J’ai alors refusé cette proposition, d’autant plus que je n’ai pas besoin d’une poignée de cacahuètes pour vivre !
Quelques mois plus tard, ce fonctionnaire est revenu à la charge, en me proposant généreusement 14,60 euros le m2. Et en me faisant comprendre que si je refusais, ils allaient me foutre dehors. Mais j’ai déjà été exproprié deux fois et je sais que pour cela il faut que le projet soit d’intérêt public. Ce qui n’est pas le cas avec le stade de l’OL, qui est un projet privé. Du coup, j’ai de nouveau refusé.
J’ai alors reçu la visite d’un certain M. Giorgi, qui s’occupe de racheter les terrains pour l’OL. Il a essayé de me faire craquer en soulignant que si je ne vendais pas mes terres, le Grand Stade ne pourrait pas se faire à Décines. Bref, du gros baratin. Je lui ai alors répondu que ce n’était pas mon problème. Puis en septembre 2007, il m’a proposé de racheter mes terres entre 25 et 30 euros le m2. Je lui ai dit que ce n’était pas suffisant. Car entre-temps, j’ai appris que le terrain allait devenir constructible. Du coup, ma mère; qui assistait à l’entretien, a demandé à M. Giorgi de rajouter un zéro de plus. A 300 euros le m2, on était d’accord ! Mais M. Giorgi a estimé que ce prix était “déraisonnable”. Et il est reparti fâché.
J’ai revu M. Giorgi à deux occasions, au cours de réunions publiques à Décines. Et la dernière fois, il m’a dit qu’il avait trouvé un moyen de me mettre dehors après les élections ! Ces menaces, je n’en ai rien à foutre, car je sais que je suis dans mon droit.
Enfin, un jour, mon fils a entendu M. Aulas m’insulter à la radio. Et ça, je ne peux pas l’accepter. Car dans une négociation, il faut un minimum de respect. Contrairement à ce qu’ils pensent, je ne suis pas un péquenot prêt à tout accepter pour un peu de fric.
Au fond, depuis le début, on m’a pris pour un con. Ils pensaient tous pouvoir me rouler facilement. Eh bien, c’est ce qu’on va voir. Aujourd’hui, je suis en position de force et je peux vous dire que s’ils veulent mon terrain, ils vont l’acheter cher. Mais vraiment très, très cher. Bien plus que 300 euros le m2.”

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