La présidentielle, ça change quoi pour les gens de la région lyonnaise ?

Sans vouloir faire injure à Jean Lassalle ou François Asselineau, soyons honnêtes : seuls trois ou quatre d’entre les candidats à nos suffrages en ces présidentielles ont sans doute une chance d’emporter le siège suprême.

Évidemment d’abord Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon. Allez, ok, je vous en met un peu plus ? Quatre. Quatre parce que j’aimerais bien que Jean-Luc Mélenchon passe devant Fillon. Presque tout le monde en fait mérite de passer devant Fillon. C’est d’abord l'intérêt général de la France en général. Et de la morale de la droite française en particulier. Jean-Luc Mélenchon apparait comme montant, désormais dans la roue du candidat conservateur.

Mais Monsieur Fillon possède un socle solide et fidèle. Peu importe Penelope, les costumes, l’argent du peuple privatisé pour des intérêts familiaux. Peu importe les tripatouillages divers. Les riches et grandes familles d’Ainay et d’Ecully n’arrêteront pas leur vote en si bon chemin de déduction fiscale. Une victoire de Monsieur Fillon signifierait pourtant un message que ne renieraient pas le grand banditisme ou la politique à Levallois-Perret (oui c’est un peu la même chose) : ce qui est à toi est à moi et la loi c’est pour les abrutis et les naïfs.

Niveau politique locale, si cela redonnera du baume au coeur à l’opposition municipale et métropolitaine lyonnaise, cela risque d’accélérer sa radicalisation, le centre-droit et les libéraux localement ayant opté assez largement pour Emmanuel Macron. Et le choix de François Fillon de couper largement les crédits aux communes et Métropole aura sans doute des conséquences des plus graves pour les grands lyonnais en matière de solidarité, d’entreprise, de  transports, de sécurité, d’emploi et de Culture. Mais pas grave. On fera la fête à Ecully. On paiera moins pour les pauvres. C’est tout ce qui importe.

Et puis il y Emmanuel Macron. Vous m’attendez dessus. Le choix de Gérard Collomb depuis longtemps. Le mien depuis bien moins de temps. Celui de nombreux simples citoyens et élus de l’ensemble des bords et de l’ensemble des milieux dans notre Métropole depuis divers moments.  Du fait du poids de Gérard Collomb dans En Marche, la victoire de l’ancien Ministre n’aurait sans doute que du bon pour notre Métropole. Une Métropole et une Ville qui est déjà dirigée par une majorité dont les contours ressemblent en bonne partie à En Marche. Gérard Collomb essaiera-t-il de fusionner ces forces en une seule? Je ne sais pas. Mais cela pourrait changer pas mal de choses pour les candidats aux législatives. Même si trop de prétendants, anciens ou nouveaux à la candidature croient qu’il suffit d’adhérer sans travailler pour être investis. Ou de ne pas se préoccuper de sa circonscription pour être accueillis par les militants et réélus par les électeurs ensuite comme des fleurs.

Une victoire d’Emmanuel Macron signifirait aussi promouvoir au niveau national une certaine manière d’être que nous connaissons à Lyon. Même si le poids de la technocratie est fort autour de l’ancien Ministre.. Même si nous ne devons  pas oublier que des pentes de la Croix-Rousse à la Guillotière, nombreux sont nos concitoyens  lyonnais qui ont des envies de mondes alternatifs. Et qu’il faut les écouter, que ces envies ne sont pas moins légitimes que celle des libéraux. Une politique de conciliation ce n’est pas qu’entre gauche et droite. C’est aussi en comptant avec les partisans de la France Insoumise.

Je crois que, membre du groupe national du programme Culture de Macron, je n’ai rien proposé qui puisse faire désaccord avec ces derniers. Il en est de même de mon ami Jean-Louis Touraine, qui chapeaute l’ambitieux projet santé de Emmanuel Macron.

Le Pen. Ce serait un sale coup pour les Lyonnais, qui votent moins qu’ailleurs pour ce parti. Ce serait une divine surprise pour sa fédération du Rhône, très radicalisée, bien plus qu’au niveau national, comme le montre une enquête de nos amis de Lyon Capitale. Je connais même des élues locales de ce camp qui se refusent à fêter le 14 juillet parce que la République, ce n’est pas la France ! C’est dire le niveau de dinguerie du FN du Rhône et de la Métropole de Lyon !

Une victoire de Marine serait là aussi une victoire de l’usage de l’argent public à des fins familiales. Ce serait aussi la destruction de ce qui nous fait, nous lyonnais, notre identité et notre prospérité, de notre ouverture. Les votes des élus FN a Lyon et à la Métropole, contre nos entreprises, notre solidarité, les échanges qui font notre richesse et notre culture laissent augurer d’un monde glacial et paupérisé. Un monde dans lequel nous ne pourrions plus exporter nos savoir-faire, nos biens et nos services produits par le talent des femmes et des hommes du territoire du Grand Lyon.

Un monde où, également, il n’y aurait plus de Métropole de Lyon mais des décisions prises davantage par Paris. Un monde dominé par des puissances étrangères comme la Russie et les USA. Les nationalistes ont depuis si longtemps oublié la patrie...

Mélenchon enfin. Les lecteurs attentifs de mes chroniques devinent mes désaccords. Certes l’un d’entre eux est levé. Jean-Luc Mélenchon s’en est expliqué clairement lors de son meeting du Havre : Pour lui Poutine est un être autoritaire et anti-écologique, un ennemi politique et social. Il faut lui en rendre acte avec justice. Mais reste un jacobinisme d’Etat qui amènerait trop de centralisation en France, davantage encore qu’aujourd’hui. Une politique internationale bien trop en faveur de l’impérialisme chinois sur Taiwan.  Des propositions désastreuses sur les PME. Une europhobie virulente. Des militants (je n’ai pas dit ses électeurs, qui ont surtout l’envie légitime d’un avenir plus solidaire) souvent virulents dès qu’on exprime un désaccord.

Mais il y a des sujets importants qu’il traite avec intelligence : la citoyenneté, la patrie. La lutte contre la pauvreté. L’inégale répartition des richesses. Le numérique et la Culture. Le tout avec beaucoup d’érudition, de talent et d’intelligence.

Et après les élections il faudra rassembler les grands lyonnais.

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Romain Blachier