Tout le monde déteste Laurent Wauquiez ?

A priori, un a priori relativement logique il me semble, les lecteurs de Lyon Mag font partie des habitants de la Métropole de Lyon ou sont, à tout le moins du nombre, des Lyonnais de l’extérieur.

A priori aussi, même s’ils sont d’opinions fort diverses, ces mêmes lecteurs sont plus souvent du camp des anti-Wauquiez que des partisans. En témoignent les résultats des élections régionales dans la Métropole de Lyon, qui avaient été un désastre pour le leader de la droite. En témoigne aussi la déroute totale de ses candidats aux élections législatives dans le Grand Lyon, tous battus par des membres de la majorité, que ce soient ceux de la République En Marche, le parti présidé ici par Caroline Collomb ou du MoDem.

Et à longueurs de murs Facebook, nos amis, même ceux de droite, prennent leurs distances avec le Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Et de la teinture de cheveux grise pour ressembler à son électeur moyen ou paraitre plus mature (alors qu’Hubert Julien-Laferrière et moi grisonnons nature depuis longtemps) au coaching pour apprendre l’accent de Haute-Loire et exalter un pseudo-lien avec le terroir en passant par de multiples incohérences politiques et clientélismes de subventions diverses, les raisons de se navrer sont multiples.

Quand on rajoute à cela des propos identitaires à faire passer Eric Zemmour, Alain Soral ou Daniel Conversano pour d’aimables gauchistes fumeurs de pétards et joueurs de djembés sur les quais du Rhône, le portrait est complet. Et font donc siffler la foule lyonnaise quand Laurent Wauquiez et Florence Verney-Carron sa Vice-présidente foulent le tapis rouge du Festival Lumière. Et puis avec son parcours de bon élève issu de la bonne bourgeoisie, le leader du principal parti conservateur français est aussi crédible pour parler de la France populaire que le MEDEF pour évoquer les droits des salariés, Amazon pour parler de lutte contre les paradis fiscaux ou Balkany pour invoquer la transparence en politique.

Ce n’est pas un hasard si des responsables de la droite lyonnaise comme Emmanuel Hamelin ou d’autres zones urbaines du pays comme Valérie Pécresse tiennent à prendre leurs distances.

Pourtant c’est une erreur que de sous-estimer le nouveau Président des Républicains. Il est encore jeune et a pourtant un parcours des plus impressionnants derrière lui. Et s’il a pris des vestes dans les Métropoles pour les régionales, les zones rurales ont été bien plus favorables à sa candidature. Animal politique, il est tout à fait capable de faire évoluer son discours en fonction de ses besoins.

En témoigne aussi la composition des équipes de cet homme de droite affirmé : au niveau national où il sera secondé par l’ex-juppéiste (certes convertie brusquement au thatchérisme) Virginie Calmels. Au niveau local en s’associant avec des centristes MoDem (certes aux convictions fluctuantes pro-Wauquiez à la région, pro-Macron à Paris). Ou en nommant des personnalités modérées comme Florence Verney-Carron ou Juliette Jarry, qui travaille sur les sujets numériques et est en train de réaliser un travail des plus intéressants.

Le tout alors que Laurent Wauquiez se positionne par ailleurs efficacement sur un terrain fort fertile : celui de l’identité qu’arborent aussi avec bonheur bien que chacun de façon diverse les Danielle Obono, Marine Le Pen, Manuel Valls et autres Tariq Ramadan.

Et puis Laurent Wauquiez a largement été désigné chef par les militants d’une grande organisation : le parti des Républicains. Et c’est parce qu’il correspond à la demande d’un certain électorat, notamment les bourgeoisies rurales et les personnes âgées. Certes celui-ci d’électorat n’a pas toujours eu le nez fin, en témoigne la désignation aux primaires du catastrophique Fillon. Mais il est fidèle, nombreux quantitativement, s’abstient peu, doute peu.

Le même genre d’électorat qui a fait longtemps les victoires de Berlusconi. Qui a fait gagner Trump. Qui pourra faire gagner cet homme sous-estimé demain.

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Romain Blachier