Musée des Confluences : le Rhône arrosait le directeur déserteur

Musée des Confluences : le Rhône arrosait le directeur déserteur
Le Musée des Confluences - LyonMag

Dans le cadre de l’affaire Michel Mercier, les enquêteurs du parquet financier ont perquisitionné l’Hôtel du Département du Rhône. Et se sont montrés particulièrement intéressés par le Musée des Confluences. Révélations de l’un des aspects fumeux du dossier.

Au diable l’avarice ! Surtout quand c’est le contribuable qui paye. Fin 1999, quand il embauche le canadien Michel Côté pour inventer le futur Musée des Confluences, Michel Mercier ne tarit pas d’éloges sur ce spécialiste venu du froid. Rien n’a été trop beau pour l’attirer entre Saône et Rhône, à commencer par un salaire plus que confortable (qui n’a toutefois jamais été révélé), un appartement de fonction dont bien des hauts fonctionnaires se contenteraient et des remboursements de frais (des à-Côté pourrait-on dire en jouant sur les mots) qui ont parfois donné des boutons au payeur départemental.

Pendant la décennie qu’il aura passée à Lyon, Michel Côté a beaucoup voyagé. À chaque fois qu’il retournait sur la terre de ses ancêtres, c’est le Département du Rhône qui payait l’addition. Et souvent, il partait en famille, toujours sur le compte de la collectivité. Ainsi, entre 1999 et 2010, les frais remboursés par le Conseil général ont dépassé les 42 000 euros. Pour la seule année 2008, le Département débourse plus de 5000 euros au titre des seuls déplacements à Québec.

Il est vrai que notre homme a toujours conservé des liens étroits avec la belle province. On pourrait même parler d‘un investissement qui se sera révélé judicieux dans la mesure où Michel Côté finira par décrocher le 6 mai 2010 la très prestigieuse direction générale du Musée de la civilisation à Québec. Et du coup, il abandonnera le Musée des Confluences quatre ans avant son ouverture ; alors même, rappelons-le, qu’il avait été recruté dans cette seule perspective.

En 2010, l’année de son départ précipité, la note sera particulièrement salée. Le Conseil Général paye la bagatelle de 10 000 euros au titre des "frais de rapatriement" du directeur. Voilà qui pourrait peut-être donner quelques idées aux agents du Département qui démissionnent pour aller travailler ailleurs. On serait curieux de savoir si, en son temps, Michel Mercier acceptait de financer aussi généreusement leur déménagement.

Mais revenons à Michel Côté. Visiblement, certains frais dont il a demandé le remboursement ont fait tousser du côté des finances publiques. En 2006, le payeur départemental refuse d’honorer une note de 1 688 euros que le Département avait dans un premier temps accepté.

Quand elle succède à Michel Mercier à la présidence du Conseil général du Rhône, Danièle Chuzeville est la digne héritière de son prédécesseur. Au moins en ce qui concerne la dépense publique. En décembre 2014, pour l’inauguration en grandes pompes du Musée, rien n’est trop beau. Qu’importe que Michel Côté ait rendu son tablier pendant la construction. Madame la présidente finance son voyage Québec-Lyon.

Visiblement, Danièle Chuzeville n’en est pas très fière, allant même jusqu’à prétendre le contraire en réponse à une question. Il est vrai qu’à côté des plus de 300 millions d’euros qu’a coûté le musée, les frais remboursés à l’ancien directeur sont effectivement anecdotiques.

Les multiples questions des enquêteurs le mois dernier, adressées aux anciens collaborateurs de Michel Mercier, finiraient par nous laisser croire que tout n’a pas été aussi clair qu’on a pu le croire sur ce dossier. Le succès populaire incontestable du musée est un peu celui de Michel Côté.

Son départ n’a pas été pour autant une catastrophe. L’actuelle directrice Hélène Lafont-Couturier a prouvé qu’elle est tout aussi compétente que son prédécesseur. C’est à elle et à son équipe que l’on doit les expositions temporaires qui se succèdent et attirent régulièrement un public enthousiaste. Et ça, sans multiplier les allers-retours au Canada.

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38 commentaires
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les médias le 18/12/2017 à 13:57
bob a écrit le 18/12/2017 à 11h48

c'est scandaleux
aussi scandaleux que ca sortent si longtemps apres

sont-ils libres à Lyon ?
Dépendants des pubs de la métropole ?
La presse libre doit être achetée par les lecteurs, mais plus personne ne veut payer pour des informations...

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zorglub le 18/12/2017 à 13:44

De l'argent pour "arroser", mais pas pour déneiger...

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Pigé le 18/12/2017 à 12:09
Jeansais a écrit le 18/12/2017 à 12h01

Comment les élus d'opposition,les fonctionnaires du département "qui savaient" n'ont ils jamais alerté l'opinion publique... ?

Excellente remarque : la corruption est bien plus étendue qu'on ne le pense, et la fainéantise des élus qui pour beaucoup le sont par "prestige" fait le reste.
Oui, il faut refonder la ripoublique.

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Hop le 18/12/2017 à 12:05

Cela était connu et assumé. On pourrait d'ailleurs dire l'équivalent sur nombre de directeurs de grosses institutions culturelles sur Lyon et l'agglomération (exemple de l'opéra).

Mais systématiquement, il ne se passe RIEN.
Le contribuable paye sans broncher et le citoyen vote pour les mêmes au prochain scrutin.

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Pigé le 18/12/2017 à 12:03

J'informe la noble assemblée des lecteurs que les journalistes entrent gratuitement dans ce très beau musée à tous points de vue mais ruineux pour le contribuable (quid des frais d'entretien et de remboursements de prêts annuels ?), les journalistes ne paient pas donc tandis que les enseignants, titulaires d'une carte leur permettant l'entrée gratuite dans les musées nationaux, paient plein pot.
Mais il s'agit de caresser le journaliste dans le sens du poil ; ainsi en est-il également dans tous les musées de la ville de Lyon. On pense également à Sarkozy qui plaçait le curé au-dessus de l'enseignant.

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Jeansais le 18/12/2017 à 12:01

Comment les élus d'opposition,les fonctionnaires du département "qui savaient" n'ont ils jamais alerté l'opinion publique... ?

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Pigeon rhodanien le 18/12/2017 à 11:55

Pauvres contribuables du département du Rhône pensez que le musée des Confluences est à vous ; cela vous fera moins mal où vous voulez.

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bob le 18/12/2017 à 11:48

c'est scandaleux
aussi scandaleux que ca sortent si longtemps apres

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