Le dernier vidéo-club de Lyon ferme ses portes et signe la fin d'une ère

Le dernier vidéo-club de Lyon ferme ses portes et signe la fin d'une ère
Matthieu Broussole devant les étagères vides de son vidéo-club - LyonMag

C'est la fin d'une ère pour le monde du cinéma, pour tous ceux qui ont connu cette époque bien loin d'Internet et du streaming où l'on devait louer des DVD.

Les locaux vides de Visio Vidéo - LyonMag
Les locaux vides de Visio Vidéo - LyonMag
Le dernier vidéo-club de Lyon, berceau du cinéma, a officiellement rendu les armes.

Visio Vidéo, installé depuis plus de 30 ans rue Laporte dans le 9ème arrondissement, a pris un air bien triste. Les étagères sont vidées de leurs DVD, les affiches encore aux murs sont les derniers vestiges de son activité.

Matthieu Broussolle, le propriétaire des lieux depuis cinq ans voulait dépoussiérer ce vidéo-club tenu par le même homme depuis 25 ans. Son but était de tenir huit ans, un vrai défi au moment où tous les magasins tombaient les uns après les autres. Ce fou de cinéma depuis tout petit a décidé d'en faire sa vie le jour où il a visionné Mulholland Drive. Il se passionne pour le cinéma d'auteur, et notamment le cinéma bis, des films de genre faits avec un petit budget. Ce sont ces DVD là qu'il a essayé de faire reconnaître, grâce à une partie de la boutique qui y était dédiée, laissant de côté les films grand public habituels "avec Christian Clavier et Dany Boon".

"Ce qui manque vraiment c'est du conseil : l'énorme paradoxe avec internet c'est qu'on a jamais eu autant d'informations mais les gens n'ont jamais été aussi perdus dans ce flot d'infos. Il y a tellement de films qu'on ne sait plus quoi regarder, et ce n'est pas un algorithme sur Netflix qui va nous conseiller correctement. Le conseil se fait de vive voix avec des personnes qui comprennent les goûts de leurs clients, peuvent conseiller des choses qui ne passeront jamais à la télé. Ce qui m'intéresse c'est de les faire sortir de leur zone de confort, leur faire voir des choses auxquelles ils n'auraient jamais fait attention".

Ce qui lui a permis de continuer pendant ces cinq ans, c'est un partenariat avec l'entreprise Areva, qui lui réservait chaque mois une trentaine de films. Mais tout bascule lorsqu'en 2016, l'entreprise met un terme au contrat pour des raisons financières.

Matthieu appelle alors toutes les sociétés des environs, mais en vain. "Dès qu'ils entendaient vidéo-club, ils étaient refroidis, pensaient à quelque chose de trop ringard. Certains semblaient très intéressés mais ne faisaient jamais la démarche jusqu'au bout. "

L'aventure ne peut plus continuer, ce n'est plus tenable pour le trentenaire, qui se décide à fermer les portes du dernier vidéo-club de Lyon.

"Le DVD n'est plus prisé que par des collectionneurs, des cinéphiles purs et durs. Il faut bien garder en tête qu'il y a toute une génération qui n'a pas connu le DVD et qui n'y voit pas d'intérêt. Mais quand j'entends quelqu'un dire qu'il est cinéphile alors qu'il regarde ses films sur Netflix ça me fait rire, pour moi un cinéphile c'est quelqu'un qui va creuser au-delà de ce qu'on lui met sous le nez."

Pour la suite, Matthieu se focalise pour l'instant sur l'administratif car il doit trouver un repreneur à son local. Mais une multitude de projets l'attendent : Jelly Brain, un magazine gratuit qu'il a créé avec des amis sortira en mars. Il continue sa chaîne YouTube sur laquelle il peut parler de sa passion, Le coin du Bis, qui lui a permis de la visibilité et atteint aujourd'hui plusieurs milliers de vues sur certaines vidéos. Il a également obtenu plusieurs entretiens toujours dans le secteur du cinéma.

En tous cas une chose est sûre, le jeune propriétaire ne regrette rien de ces cinq années de résistance face au numérique. "Les films que j'ai le plus loué dans le magasin sont des films qui auraient pris la poussière si je n'avais pas poussé un peu les clients, et ça c'est une petite victoire, d'avoir pu mettre en lumière un cinéma que j'aime et qui était dans l'ombre".

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8 commentaires
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M- le 23/02/2018 à 15:18
l'art des choix a écrit le 23/02/2018 à 11h20

En Ardèche il en reste encore plein !

Sauf qu'ils sont vieux poussiéreux et ils n'y connaissent rien

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l'art des choix le 23/02/2018 à 11:20

En Ardèche il en reste encore plein !

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rdv a cash converters le 22/02/2018 à 13:46

Films Z à gogo pas chers , lol

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David_V le 22/02/2018 à 13:25

Petite correction, il reste l'aquarium café.
10 rue Dumont, Croix-Rousse, Lyon 4
Ce video club est passé sous forme associative au moment ou il devait fermer.

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HTC le 22/02/2018 à 09:00

Berceau du cinéma c’est mieux

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Normal le 21/02/2018 à 19:43

Les consommateurs ne vont pas à la fois louer des DVD et à la fois utiliser la VOD pour le même film.
Pour que l'un vive, l'autre doit crever.

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Rester modéré le 21/02/2018 à 19:14

...cette dénomination me semble usurpée.

Toujours ce besoin de faire dans le spectaculaire, l'emphase.

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tion me selm le 21/02/2018 à 19:13

Pouvez-vous me dire en quoi Lyon serait "la capitale du cinéma" ? Que le premier film y ait été tourné oui, on le sait, mais cette dénomina

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