Finale de la Coupe du Monde : Lyon a "connu une véritable guérilla urbaine"

Ce mardi, 24 personnes sont passées devant le tribunal de Lyon, en comparution immédiate, concernant les pillages du magasin Lacoste, de l’enseigne multi-marques Le Printemps ou encore du magasin de vélo, Lyon cyclable SARL, cours Gambetta. Une journée d'envergure pour la justice à tel point que deux salles d'audience ont été ouvertes pour pouvoir juger tout le monde.

Il ne reste plus rien dans le magasin Lacoste, tout a disparu", explique la partie civile devant un jeune Villeurbannais, jugé pour avoir pillé ce magasin. "Sur les vidéos de surveillance nous avons pu voir près de 75 personnes rentrer et se servir dans ce magasin de vêtements, c’était une vraie razzia", insiste l’avocate. Le jeune homme de 18 ans n’ose pas regarder la présidente en face quand elle lui demande une justification à son geste : "Je n’ai pas réfléchi, je me suis laissé emporter par le mouvement et la foule", mais ses explications ne suffisent pas à attendrir la procureure de la République, qui demande six mois de prison ferme avec mandat de dépôt.

Des policiers blessés

"La ville a connu un véritable épisode de guérilla urbaine, les forces de l’ordre devaient être partout à la fois", s’exclame la juge. Elle vise notamment un Lyonnais de 19 ans, interpellé pour avoir jeté une bouteille en verre sur un policier, alors que celui-ci tentait de ranimer une femme à terre : "C’est un acte d’une lâcheté incroyable", s’emporte la procureure.

Cependant, le Lyonnais nie ces faits mais reconnait à moitié avoir insulté ce même policier trente minutes plus tard, et d’avoir injurié de nouveau, un autre officier de police durant sa garde à vue. L’accusé n’a pas su se justifier face aux avocats des victimes. Face à son casier bien rempli, lorsqu’il était mineur, de vols et vols avec violences, la procureure n’a pas été tendre avec lui. Pour ses actions il a été condamné à huit mois de prison ferme.

"Un cadeau de la rue"

Durant tout l’après-midi, les accusés, en rapport des violences de dimanche, se sont enchainés dans les deux salles consacrées à ces affaires. Parmi ces 24 personnes, trois ont retenu l’attention du juge.

Ces Givordins de 23, 26 et 27 ans ont été arrêtés aux alentours de 3h du matin, dans la nuit de dimanche à lundi. Ils se trouvaient sur les marches du palais de la Bourse, dans le 2e arrondissement de Lyon. Les trois hommes étaient en possession de vêtements de la marque Lacoste avec les antivols et les étiquettes à leurs pieds : "Je pensais que c’était un don de la rue, on les a trouvés par terre, je ne savais pas que c’était un délit de les ramasser", tente de s’expliquer l’un d’entre eux.

Les accusés assurent qu’ils n’ont pas participé aux casses et aux vols, mais cela n’a pas suffi au procureur et au juge. En effet, les Givordins ont été condamnés à deux mois de prison ferme, tandis que le plus jeune, qui n’était pas connu des services de polices, a écopé de 160 heures de travail d’intérêt général et de quatre mois de prison avec sursis.

Les jugements se sont poursuivis jusqu’à tard dans la soirée, pour que chaque interpellé puisse être vu par la justice.

Pour les policiers présents lors des évènements à Lyon, c’était du jamais vu, ils ont dû tirer 1 000 bombes lacrymogènes en une seule soirée, soit l’équivalent d’un tiers des munitions qu’ils utilisent généralement en un an.

À Paris, ce sont près de 230 personnes qui ont été interpellées et emmenées en comparution immédiate.