Vous confirmez qu’on trouve des truffes tout près de Lyon ?
Pierre Moulin : On devrait normalement en trouver car les monts du Lyonnais ou le Beaujolais sont des terrains à truffes. D’ailleurs, je sais que des arbres à truffes ont été plantés du côté de l’Arbresle et Tarare. Un vigneron du Bois-d’Oingt m’a également contacté pour entrer dans notre syndicat, car il va remplacer une partie de ses vignes par des arbres à truffes.
Et dans le Bugey ?
Dans le Bugey, ce n’est pas nouveau. D’ailleurs Brillat-Savarin, le célèbre écrivain gastronome du XIXe siècle, parle dans ses livres de 7 500 kg de truffes vendus dans le Bugey au milieu du XIXe. Puis les marchés de l’Ain se sont peu à peu épuisés pour disparaître au début du XXe siècle. Mais le Bugey dispose d’un bon terroir pour ce champignon grâce à ses terres calcaires. C’est pour ça qu’on a décidé de relancer la production.
Depuis quand vous avez relancé la production de truffes ?
Cela fait une dizaine d’années. En fait, avec le concours de l’INRA, on a planté des chênes et des noisetiers dont les racines ont été contaminées par le virus du champignon. Ce qui va peut-être leur permettre de donner des truffes. Et il faut compter une dizaine d’années pour que les truffes se développent.
Les résultats que vous attendez ?
En tout, on a planté à peine plus d’une dizaine d’hectares d’arbres à truffes. Mais les résultats ne sont pas garantis, car si un arbre sur trois donne des truffes, on peut déjà s’estimer heureux.
La production qu’on peut attendre ?
Difficile à dire. Ça restera marginal par rapport à des grandes régions de truffes comme le Périgord, le Vaucluse mais aussi la Drôme.
Les truffes c’est d’abord le Sud-Ouest ?
Oui, mais on constate aujourd’hui que les récoltes sont de plus en plus limitées dans le Sud-Ouest, notamment à cause du changement climatique et des sécheresses à répétition.
Le changement climatique peut permettre de développer la truffe dans la région lyonnaise ?
Oui, mais cela ne suffira pas, car il n’y a pas suffisamment de terrains calcaires dans la région lyonnaise pour qu’elle devienne une vraie région truffière. Même si dans certains secteurs comme le Beaujolais ou les monts du Lyonnais, il y a des perspectives.
Tout le monde peut ramasser des truffes ?
Sur les parcelles qu’on a plantées, non. Les arbres sont sur des propriétés privées et clôturées. Ce qui provoque d’ailleurs des problèmes. Exemple : dans le Bugey, même si on tient secrets les lieux de production, certains petits malins ont repéré nos parcelles pour piller nos truffes. On a d’ailleurs mis en garde nos adhérents à ce sujet en leur expliquant qu’ils devaient bien surveiller leurs parcelles.
Le prix des truffes aujourd’hui ?
Elle sont rares, donc chères. Cet hiver elles se sont négociées autour des 600-700 euros le kilo en marché de gros. Sachant que le marché aux truffes le plus proche de Lyon se trouve dans le nord de la Drôme vers Tain-l’Hermitage. Et encore, sur les marchés de la région on négocie très peu de truffes. Même à Richerenches, le plus gros marché du Sud-Est, à peine 3 à 4 tonnes ont été négociées cette année, contre 50 tonnes il y a une cinquantaine d’années !
L’avenir de la truffe ?
On a un gros problème avec la truffe noire. Car on assiste depuis quelques années à l’arrivée de la truffe de Chine sur le marché. Elle a le même aspect extérieur mais pas du tout le même parfum. Ce qui n’empêche pas qu’un bon amateur peut se faire piéger. D’autant plus que certains vendeurs n’hésitent pas à mélanger ces truffes, qui coûtent 20 à 30 euros le kilo, avec des truffes noires à 600-700 euros le kilo. Et ils vendent le tout au prix de la truffe du Périgord !
Jusqu’où la truffe peut remonter ?
Si le réchauffement continue, les truffes pourraient remonter de plus en plus vers le nord de la France. Pourquoi pas des truffes noires dans la Marne ?
Des truffes noires dans la Marne ? il y en a déjà ...........!!!
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