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Débat : Les photographes lyonnais sont-ils nuls ?

La 5e Biennale de de la Photographie se déroule jusqu’au 31 octobre. Avec des photos très artistiques, belles, dérangeantes ou chocs mais très peu de lyonnais à l’affiche. Explications de Gilles Verneret, le directeur de la biennale, et réaction du photographe lyonnais Yves Neyrolles.

“La qualité est très faible”
 
Pourquoi les photographes lyonnais sont très peu présents dans cette biennale ?
Gilles Verneret : C’est un choix. J’ai voulu, pour cette nouvelle édition de la biennale de la photo, exposer des photographes venus des pays de l’Est dont j’ai pu constater le formidable travail. Dans cette biennale, il y a quand même quelques artistes lyonnais mais c’est vrai que par rapport aux travaux de leurs homologues étrangers, les Lyonnais sont vraiment en retard. Au fond, leur qualité est très faible. Ils manquent d’ouverture et de curiosité. Ils sont souvent restés à l’aspect émotionnelle des choses. Moi je voudrais qu’ils me donnent matière à réfléchir. 
Pourquoi le niveau des photographes lyonnais est faible ?
A Lyon, à part l’Ecole des Beaux Arts, il n’y a de bonne école de photos. Et ça se voit sur le terrain. D’ailleurs, pour le prix de la Ville de Lyon, nous avons fait appel à des candidatures. Sur 60 dossiers reçus, seuls 20 ont été retenus. C’est très peu pour la deuxième ville de France. Mais au fond, je pense qu’il y a autant de talents à Lyon que d’autres villes du monde, sauf qu’ici, on ne sait pas les mettre en valeur. La photographie est le parent pauvre de l’art lyonnais. En plus les pouvoirs publics ne veulent pas défendre cette forme d’art.
C’est une question de volonté politique ?
Oui. le soutien de la ville de Lyon et des autres pouvoirs publics est essentiel pour rattraper notre retard. En comparaison, Cologne en Allemagne, ville de taille moyenne, compte de nombreux jeunes photographes prometteurs. Mais pour cela, il faut mettre la main au porte-monnaie. En créant des formations pour les étudiants, en achetant les œuvres des artistes... Alors qu’à Lyon, je suis le seul à défendre la photographie. J’ai dû harceler la municipalité de Lyon pour créer un Prix Ville de Lyon. C’est déjà un début mais il faut continuer.



“Verneret a une vision ségrégationniste”

Peu de photographes lyonnais sont présents dans cette biennale, votre réaction ?
Yves Neyrolles : C’est dommage d’avoir privilégié des photographes étrangers au détriment des Lyonnais. Du coup, certains photographes lyonnais vont devoir exposer leurs photos dans le parcours non officiel. En fait, il y a vraiment une différence de traitement entre les photographes étrangers et nous. Par exemple, on doit tout prendre en charge, même le développement de nos photos. Gilles Verneret pense qu’ils nous donne la chance de nous faire connaître en bénéficiant de la notoriété de la biennale.  Mais je n’ai pas besoin de Gilles Verneret pour me faire connaître ! J’ai déjà fais mes preuves par mon travail et mes livres.
Mais les photographes lyonnais sont moins bons !
Non, pas du tout. Gilles Verneret dit ça mais il ne sait même pas vraiment ce qui peut se faire dans notre ville et dans notre région. Il n’est pas présent sur le terrain. Et on ne peut pas dire que Lyon n’est pas une ville de photographes, cela serait renier le travail d’un grand photographe lyonnais, Marc Riboud, et de tous les autres qui l’ont suivi.
Mais vous n’êtes pas des artistes !
Gilles Verneret fait une distinction entre artistes photographes et photographes illustrateurs. Je ne peux pas être d’accord avec ça. Car il ne veut pas admettre que tout en ayant des commandes pour le marché, on reste des artistes photographes. Dans mon travail, j’ai vraiment une démarche artistique. Mes clichés véhiculent des messages. J’ai été un photographe amateur avant de devenir professionnel. Je suis un autodidacte et je le revendique. Mais ce qui compte, c’est le travail que l’on fait sur le terrain pas les diplômes.
Une école d’art, c’est quand même important !
Oui, c’est important. Mais encore faut-il pouvoir se la payer. Et il faut arrêter de croire que les meilleurs photographes artistes sont issus des écoles. Il en existe de très bons qui ont appris sur le tas. Il faut arrêter de penser que l’autodidacte n’est pas capable de devenir un artiste. C’est très dangereux de penser ça. En fait, Gilles Verneret a une vision ségrégationniste des photographes.
Lyon est en retard pour la photo ?
La ville de Lyon était vraiment à la traîne dans les années 80. Mais aujourd’hui cela a beaucoup changé. Grâce à ses différents maires, Michel Noir, Raymond Barre et maintenant Gérard Collomb, Lyon est connue au niveau international pour la gastronomie, la danse mais aussi pour la photo.

Renseignements : www.9ph.fr

Propos recueillis par Loubna Bouhrizi

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