Un ami de Lyon Mag
Sans Roger Caille, Lyon Mag n’existerait pas. Car c’est lui qui a donné l’impulsion initiale. En fondant ce magazine avant de nous encourager à prendre son indépendance. Mais depuis 15 ans, il aura toujours été à nos cotés, pour nous aider, nous conseiller et nous protéger. Ce n’était pas le genre à faire de grande déclaration sur la liberté de la presse, mais il nous a toujours poussé à ne pas faire de compromis quand l’essentiel était en jeu. Et jamais, il n‘est intervenu pour faire pression sur nous, pour infléchir notre ligne éditoriale, favoriser un ami, faire passer une idée... Au contraire, il nous a toujours encouragés à rester “propre”. Dans l’ombre, Roger Caille aura joué un rôle essentiel dans notre aventure. Car il était très exigeant. Carré, dur, très dur parfois, il n’hésitait jamais à nous dire ce qu’il pensait sans détour. Chaque mois, quand le nouveau Lyon Mag sortait, il me téléphonait. Et ça durait parfois plus d’une heure. Il passait tout en revue. Très technique, très pro. Un titre mal calé, une photo sans légende, un article trop long... Rien ne lui échappait. Toujours intransigeant. Mais il était également curieux de tout, ouvert, attentif... Et surtout il y avait chez lui une immense et une vraie générosité. Mais une générosité qu’il cachait avec une sorte d'entêtement. C’est ce qui lui donnait cette image parfois terrible. Alors qu’au fond, c’était un personnage sensible.
Roger Caille, il fallait en fait le mériter. On a essayé d’être à la hauteur. Même si au cours de ces 15 ans, on s’est parfois engueulés. Il y a même eu de longues brouilles qui pouvaient durer plusieurs mois. Puis il décrochait son téléphone : “Alors vous me faites la gueule ou quoi ?” Et c’était reparti. Sacré Roger ! Il y a quelques jours à peine, il était venu à une réunion pour discuter avec notre équipe de Lyon Mag et de son avenir. Intuitif, visionnaire... Mais toujours discret. S’il fallait garder une seule image de lui, ce serait celle d’un paradoxe. L’image de son regard inquisiteur qui pouvait mettre mal à l’aise. Mais pour accompagner ce regard, il y avait toujours un petit sourire, un sourire de timide.
Lyon Mag a perdu un ami, un père.
Ph.B.L.