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Mesrine : héros ou facho ?

Mesrine : héros ou facho ?

Le film sur Mesrine cartonne à Lyon. Ce qui relance le débat sur l’ex-ennemi public numéro 1. Et vous, comment vous voyez Mesrine ? En héros ou en salaud ? Avec l’analyse d’un psy qui vous expliquera votre problème.

FACHO
Si vous faites partie des anti-Mesrine, tout au long du film vous êtes resté sceptique sur le personnage. Et certaines scènes vous ont scandalisé. Pour conclure, les flics ont eu bien raison d’abattre sans sommation ce truand prêt à tout pour faire parler de lui.

- Raciste. Les premières scène du film évoquent le passé algérien du jeune Mesrine pendant son service militaire. Et qui torture sans état d’âme les résistants du FLN. Puis à son retour il se met au service du fameux Susrini, ancien de l’OAS, le mouvement qui pose des bombes pour l’Algérie française. En prime, on a droit à des blagues à deux balles sur les “bougnoules”. Et à une exécution particulièrement violente d’un proxénète algérien.

- Sexiste. Mesrine méprise son père parce qu’il n’a “pas de couilles” et ses petites amies sont toujours des prostituées. D’ailleurs avec lui, une femme doit céder immédiatement à ses injonctions. Sinon il explose. Un vrai macho. Et avec la mère de ses enfants, il a tous les droits. De la tromper bien sûr, et qu’elle la ferme. Mais si elle ose protester, il sort son flingue, qu’il lui met dans la bouche en hurlant... Sous le regard pétrifié de son fils, 5 ans. La scène choquante du film.

- Brutal. Un mot, un regard, un rien... Et Mesrine pète un plomb. Ça finit par un poing dans la gueule ou alors il sort son flingue, son couteau. Et il s’acharne. Brutal, c’est peu dire. Un vrai dingue. Incapable de se maîtriser et d’accepter la moindre contradiction.
Bref, un cas psychiatrique lourd, qui visiblement adore la violence qui le fait littéralement jouir. Mais derrière lui, les cadavres s’accumulent.

L’analyse de Patrick Lemoine, psychiatre et écrivain
“Vous considérez Mesrine comme un facho et vous avez bien raison ! Il était en effet raciste, sexiste, autoritaire, violent, sanguinaire même... L'ennemi public numéro 1 ! Mais vous êtes-vous demandé pourquoi vous vous arrogez le droit de vous prendre pour un procureur ? Quelles sont les motivations qui vous poussent à vous poser en moralisateur... auriez-vous quelque chose à vous faire pardonner ? Ce sont souvent ceux qui se sentent les moins clairs, ceux qui ont d'obscurs reproches envers eux-mêmes, qui se montrent les plus sévères, les plus répressifs envers les vrais méchants, histoire de se sentir innocents... par contraste ! Il arrive un jour, dans la vie où il faut sortir de ce genre de position de culpabilité... laisser parler l'enfant un peu polisson, l'innocent caché au fond de vous... rajeunir en quelque sorte !”

HÉROS

Si vous faites partie des pro-Mesrine, tout au long du film vous avez serré les poings. En espérant qu’il s’en tire. Et en vous disant que ceux qui cherchent à le stopper sont des salauds et qu’à sa place vous auriez fait la même chose que lui.

- Généreux. Quand il braque une banque, c’est Robin des Bois qui s’en prend aux riches. Le fric, d’ailleurs il s’en fout. Ce qui l’intéresse, c’est l’exploit. Quand il a du fric, il n’hésite pas à le distribuer. Ses copains, il ne les trahit jamais. Et puis c’est le champion des grandes causes. La scène qu’on retient, c’est quand il revient libérer ses potes taulards, les armes à la main.

- Courageux. Il n’a peur de rien. Même pas d’une armée de flics en arme. Pas le genre à se planquer ou se rendre, il fonce. Sans hésiter. Un vrai superman. Et en plus, il vise juste. Et il passe entre les balles. Toujours prêt à sauver ses complices.

- Drôle. Toujours de la distance et de l’humour. Surtout quand la situation est grave. Surpris au cours de son premier cambriolage, il se fait passer pour un flic, avec un sacré aplomb. Arrêté au Canada, il affronte les télés pour leur lancer, un petit sourire au coin de la moustache : “Vive le Québec libre !” Bref, la classe.

L’analyse de Patrick Lemoine, psychiatre et écrivain
“Vous considérez Mesrine comme un héros et vous avez bien raison ! Il était en effet idéaliste, libertaire, généreux, fidèle en amitié. Brillant, le sens de la répartie, un vrai homme des médias. Mais comment se fait-il que vous admiriez tant les délinquants en les affublant des oripeaux de Robin des bois, Arsène Lupin, Bonnie and Clyde, Nicolas and Barth, rien que des bandits romantiques... de franches fripouilles au demeurant. Auriez-vous tant besoin de vous révolter contre les autorités en général, celles de vos parents en particulier ? Il arrive un jour, dans la vie, où il faut sortir de l'opposition systématique aux parents, apprendre à se détacher, entrer dans le monde des adultes... grandir en quelque sorte !”

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1 commentaire
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Argo le 01/07/2018 à 08:22

Faire l'apologie de ce dingue, c'est révoltant. Il n'a rien d'un héros, ni d'un robin des bois! S'il voulait jouer les chevaliers blancs, il n'avait qu'à se lancer dans l'humanitaire, ou devenir syndicaliste. Je ne comprends pas que l'on puisse admirer des types pareils!

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