Non classé

Expo Emilie Charmy à Villefranche

Expo Emilie Charmy à Villefranche

“Une artiste caméléon”

Le musée Paul Dini de Villefranche consacre une exposition à la peintre Emilie Charmy. Interview de Sylvie Carlier, conservateur du musée.

Pourquoi une exposition sur Emilie Charmy ?
Sylvie Carlier : Il y a cinq ans je suis tombée sur un de ses tableaux, “Piana”, représentant un très beau paysage. Du coup, j’ai voulu en savoir un peu plus sur cette artiste que je ne connaissais pas. Et j’ai été frappée par la force de son œuvre, son caractère, ses couleurs... Voilà pourquoi nous avons décidé d’organiser cette exposition qu’on a préparée pendant un an et demi. Ce qui nous a permis de réunir une centaine de toiles.
Le parcours de cette artiste ?
Elle est née à Saint-Etienne en 1878. Son père travaillait dans l’usine métallurgique de la Bérardière dirigée par son beau-père. Mais à la mort de ses parents, elle part vivre à Lyon avec son frère, Jean Barret, qui sera son tuteur. Elle a alors 20 ans et elle peint depuis son enfance. Emilie Charmy se forme alors dans des ateliers de peintres lyonnais : Jacques Martin, Eugène Baudin... Elle apprend beaucoup à leur contact et commence à présenter ses œuvres dans les salons lyonnais : des scènes d’intérieurs, des natures mortes, des jeunes femmes dans des positions suggestives... Et puis en 1903, elle s’installe à Paris pour se faire repérer dans les milieux artistiques parisiens.
Elle a du succès ?
Oui, en 1914, elle participe notamment à une exposition à Lyon avec Matisse et Picasso. Et le musée des Beaux-Arts de Lyon lui achète une œuvre : “Nature morte aux bananes”. Elle est aussi aidée par Berthe Weill, une des premières femmes marchandes d’art.



Sa vie à Paris ?
Elle est très mondaine mais pas du tout style bohème. Elle préfère une vie bourgeoise et côtoie les cercles politiques, littéraires... Elle aura une aventure  avec Elie-Joseph Bois, le directeur du Petit Parisien, un quotidien qui tire alors à deux millions d’exemplaires. Ce qui va beaucoup contribuer à sa notoriété. D’ailleurs les plus grands hommes politiques de la IIIe République posent pour elle : Edouard Daladier, Aristide Briand, Edouard Herriot, le maire de Lyon...  Elle peindra jusqu’à 70 ans et meurt en 1974, à 96 ans.
Sa personnalité ?
C’est une femme très indépendante qui vit seule. Elle aura un fils en 1915, Edmond, avec Georges Bouche, un peintre qu’elle épousera en 1931. Petite, brune, élégante avec des yeux noirs perçants, elle est très séduisante. Et coquette. Mais elle est aussi discrète : pas de lettres, de journaux intimes... On la connaît surtout par sa peinture.
Elle fait partie d’une école ?
C’est une artiste caméléon, difficilement classable. Car elle peint des natures mortes très classiques et beaucoup d’autoportraits. Mais ce sont surtout ses nus féminins qui la distinguent.
L’originalité de ses nus ?
Ils sont très audacieux, très sensuels... Avec des femmes avant ou après l’amour, avec des chairs qui ondulent, des seins qui se dressent... Bref, elle est fascinée par le  désir et le plaisir féminins. Or, des femmes qui s’intéressent à l’érotisme, c’est rare. Mais on n’a pas d’explication, car elle parle peu de sa peinture. Elle avait peut-être une attirance pour les femmes. Exemple, elle a rencontré en 1919 l’écrivain Colette, qu’elle a peinte nue. Et deux ans plus tard, Colette a écrit un texte sur elle. Du coup, on pense qu’elles ont peut-être eu une relation homosexuelle.
Ses tableaux valent cher ?
La cote d’assurance auprès des collectionneurs varie entre 10 000 et 40 000 euros.

Propos recueillis par Aymeric Blanc

Du 12 octobre au 15 février, mercredi et vendredi : 10h-12h30 - 13h30-18h. Samedi et dimanche : 14h30-18h.  Tarifs : 5 euros, 3 euros et gratuit pour les moins de 18 ans.  Tél. : 04 74 68 33 70 - www.musee-paul-dini.com


X
0 commentaire
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Les champs requis sont identifiés par une étoile *
Si vous avez un compte Lyon Mag, connectez-vous.
Nous ne vous enverrons pas d'email sans votre autorisation.

Le compte Lyon Mag est gratuit et facultatif. Il vous permet notamment de réserver votre pseudonyme pour les commentaires, afin que personne ne puisse utiliser le pseudo que vous avez enregistré.
Vous pouvez créer un compte gratuitement en cliquant ici.