Retraite de luxe pour Dutreil

Après son échec aux municipales à Reims, le Lyonnais Renaud Dutreil quitte la politique pour entrer chez LVMH à New York.

A 48 ans, Renaud Dutreil était jusqu’en mars 2008 une des figures montantes de la droite, avec Jean-François Copé ou Xavier Bertrand. Normalien et énarque, ce fils de patron lyonnais aime s’afficher comme un intellectuel, passionné de littérature et de théâtre. Mais un intello avec une belle gueule, un large sourire et une mâchoire carrée. Bref, le profil idéal pour réussir en politique.
Après un bref passage au Conseil d’Etat, il devient conseiller général puis député de l’Aisne. Repéré par Jérôme Monod, le conseiller politique de Jacques Chirac, il sera le premier président de l’UMP en 2002. Avant de devenir secrétaire d’Etat aux PME en mai 2002. Un parcours sans faute qui va donner des idées à cet ambitieux.

Début 2003, la droite lyonnaise se cherche un candidat pour les prochaines municipales. Et après les divisions de 2001 qui ont propulsé Gérard Collomb à l’hôtel de ville, il faut trouver un leader qui n’a pas été impliqué dans cette bataille. L’idée d’un parachutage s’impose rapidement. Plusieurs pistes sont alors évoquées : le commissaire européen Michel Barnier, le président du conseil général de Savoie Hervé Gaymard, le maire de Chalon-sur-Saône Dominique Perben... Mais le favori, c’est Renaud Dutreil, alors secrétaire d’Etat aux PME dans le gouvernement Raffarin, qui ne rate pas une occasion de se montrer à Lyon : débats, inaugurations, cocktails... Et lui-même suggère alors en “off” que c’est “jouable”.

Pourtant, en juin, il se fait doubler par Perben, qui s’impose comme le candidat de la droite lyonnaise aux municipales de 2008. Avec le succès qu’on connaît...

50 000 euros
Mais Dutreil ne désarme pas car il veut décrocher un mandat local. Après avoir été élu député de la Marne en 2007 sous l’étique radicale, il se met en tête de conquérir la mairie de Reims, où le maire sortant ne se représente pas. Son parachutage va provoquer une profonde division à droite, puisque la ministre Catherine Vautrin refuse de lui laisser la place. Même s’il bénéficie de l’investiture UMP. Résultat, Dutreil se fera battre dès le premier tour, avec seulement 23% des voix. Et Reims basculera à gauche, avec la victoire de la PS Adeline Hazan.

Après cet échec, Dutreil a choisi cet été de prendre sa retraite politique. Une retraite dorée. Luxueuse même, puisqu’il devient président de LVMH Inc., la filiale américaine du groupe Louis Vuitton Moët-Hennessy. Installé à New York depuis le 1er septembre, il devrait toucher plus de 50 000 euros par mois. Soit dix fois plus que ses indemnités de député !

Un joli parachute doré pour cet énarque décidé à découvrir le monde de l’entreprise. Il faut dire qu’avoir été ministre des PME et du commerce pendant cinq ans permet d’avoir un beau carnet d’adresses où figurait sans doute en bonne position Bernault Arnault, le puissant patron de LVMH.

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