Chute du mur de Berlin : deux lyonnais se souviennent

Chute du mur de Berlin : deux lyonnais se souviennent

Il y a 20 ans le mur de Berlin s’écroulait, marquant la déliquescence du bloc soviétique. Aujourd’hui, la ville commence les festivités pour cet anniversaire particulier. Que reste-t’il aujourd’hui de Berlin la scindée, devenue la cosmopolite? A l’heure ou la ville s’apprête a fêter son histoire récente, deux lyonnais, deux générations différentes, témoignent pour Lyon Mag.

Camille, 21 ans, étudiante Lyonnaise à Berlin ne fait pas de mystères : «Tous les organismes, toutes les institutions culturelles se sont tournées vers cet évènement.» Car voilà vingt ans jour pour jour que le mur est tombé. Érigé en catimini dans la nuit du 11 au 12 Août 1961 pour renforcer la frontière idéologique d’un Berlin découpé entre les pays vainqueurs, le mur est aujourd’hui fêté. Sa chute en tout cas : «A Berlin, il y a énormément de gens pour qui la chute du mur a été un vraie opportunité : cela leur a permis de faire des études, de voyager». Camille l’a bien compris, même si elle avait un an lors des évènements : la chute du mur marque à nouveau la recherche d’une identité Allemande. Car à la différence Française, l’unité de la nation n’a jamais été claire en Allemagne : «Leur histoire est toute jeune. Nous, Français, avons le 14 Juillet. C’est une institution, avec les défilés militaires. Ici, l’identité commune est encore une question, certains cherchent à trouver cette identité. Il y a beaucoup de drapeaux allemands dans les rues. Pour d’autres, c’est encore un problème car il n’y a pas d’unité, les gens de l’ «est» restent des gens de l’ «est» et il y a encore beaucoup de préjugés.» Un mur qui, s’il n’est plus matérialisé, existe toujours dans les esprits. Et pas seulement du côté occidental. L’ouverture n’a pas toujours été une libération pour les allemands de l’Est : «Il y a, ce que l’on appelle en Allemagne, une «Ostalgie», c’est à dire une nostalgie de gens qui ont envie de montrer que l’Allemagne de l’Est n’était pas qu’un état totalitaire ou il était affreux de vivre. Il y a aussi des choses qui ont disparues avec la réunification. L’Allemagne de l’Est a été totalement absorbée par l’Allemagne de l’Ouest, et tout ce qu’il y avait de valeurs de solidarité est beaucoup moins présent aujourd’hui.» Une alchimie difficile à réaliser sur une période si courte. Vingt ans plus tard, il reste toujours des réticences du côté occidental : «Pour certaines personnes, d’origine à l’ouest de Berlin, la réunification a plutôt été un poids. C’est vrai que ça n’a pas été facile d’intégrer ces régions. Pour eux, ça n’a pas d’importance, et ça n’a pas lieu d’être un évènement aussi publicitaire et aussi marchand». Mais la fête aura bel et bien lieu : «Un concert sera donné porte de Brandenburg par Daniel Barenboïm, le chef d’orchestre de l’opéra National. Il y a des expositions un peu partout dans la ville, il va y avoir une chute de dominos, comme des morceaux du mur reconstitués, qui vont tomber les uns après les autres». Des festivités qui vont de pair avec un récupération commerciale de l’évènement, inévitable pendant de l’occidentalisation : «Il y a un commerce très touristique et marketé «Chute du mur 20 ans» dans les lieux les plus symboliques type Check Point Charlie, porte de Brandenbourg, Alexander Platz, ou c’est tout pour les touristes». Mais Camille, si elle n’est pas dupe de certaines récupérations, ne boude pas pour autant son plaisir : «Aujourd’hui, Berlin c’est ça, c’est une ville en vogue, c’est plein de concerts, plein de soirées, c’est la où je fais mes études. Et tant mieux s’il y a du monde ! »

Le Berlin d’Andréas Girbig est tout autre. Enseignant depuis 2001 à l’école de management de Lyon, cet homme a vécu dans cette Allemagne bicéphale. La chute du mur, il l’a vécu en faisant ses classes militaires dans un petit village du nord de l’Allemagne. Loin de l’agitation de Berlin, il n’a pas compris immédiatement la portée de l’évènement : «J’étais dans un petit village au nord de la RDA, mais j’étais en contact étroit avec ma famille de Dresde. A l’époque, il n’y avait pas beaucoup de téléphone. Nous avons plutôt correspondu par courrier, par lettres. Ils m’ont expliqué tout ce qui se passait à Dresde dès Octobre 1989, les manifestations, la violence de la Police. Par mes parents, mes amis, j’étais assez bien informé». Lui le circonscrit n’eût qu’une peur, celle de charger ses frères allemand pour mettre fin à l’agitation : «Il y avait une atmosphère un peu bizarre, l’armée était aussi dans un état d’angoisse, elle avait peur d’être utilisé comme la Police, contre la population». Mais les méthodes du Printemps de Prague ont fait long feu, et Berlin devait être, à travers la chute du mur, la première fissure dans l’édifice communiste. Andréas, de garde la nuit du 9 Octobre 1989 raconte : «C’est une histoire assez drôle, la nuit du 9 Novembre 1989 j’étais en garde de nuit. J’ai écouté la radio de 2h à 6h du matin. Je suis tombé par hasard sur une fréquence qui annonçait la chute du mur. C’était complètement hallucinant, j’étais dans une caserne, j’étais soldat, mais en même temps le mur tombait.» Pour Andréas, la surprise fait place à l’incrédulité : «C’était incroyable, bizarre irréel. Un sentiment de grand espoir mais pas encore un grand soulagement. J’ai pensé qu’il allaient refermer le mur, il n’était pas du tout acquis que cela allait rester en l’état. Le matin, j’ai réveillé mes camarades, en leur disant que je n’avais rien à signaler à part la chute du mur. Ils étaient hallucinés.» L’histoire en marche allait redessiner les contours de la vie de millions de Berlinois. Et le mur, pour Andréas, ce n’est pas qu’un vain mot : «Ce mur représente pour moi la mort de beaucoup de gens, l’injustice d’un système de non-droit, d’une dictature. Le mur était le symbole le plus fort». Vingt ans plus tard, une vie plus tard, c’est toute l’existence d’Andréas qui s’est construite à mesure que le mur s’écroulait : «Je suis très heureux, si le mur n’était pas tombé, je ne serai pas en France». Une vie passé au prisme de l’histoire, qu’Andréas s’efforce aujourd’hui de transmettre à ses élèves : ««Aujourd’hui je suis à Lyon, je suis professeur. Je donne un cours sur l’anniversaire des 60 ans de la RFA, et en même temps un court sur les 20 ans de la c

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PasNaif le 09/11/2009 à 20:17

Pourquoi ne pas fêtr en grandes pompes la Capitulation de l'Allemagne t la chute de Berlin. Les russes leur ont rendu la juste monnaie de leur pièce, pour toutes les horreurs commises en 1940. Quelle horeur ce peuple de fonctionnaire qui fusillait femmes et enfants sans aucun pitié et par milliers. L'Allemagne à eu ce qu'elle méritait et cela devrait encore durer. On nous bassine avec le mur de ces pauvres Berlinois qui riaient tan quand nos parents tremblaient de douleur sous la botte Allemande. MANIPULATION - Non nous n'oublions pas et nous ne pouvons pas toujours oublier.

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