Encadrement des loyers à Lyon : Les professionnels de l’immobilier sont en colère

Encadrement des loyers à Lyon : Les professionnels de l’immobilier sont en colère
Image d'illustration - LyonMag

L’Union des syndicats de l’immobilier Lyon-Rhône a tenu à faire un bilan après la mesure d’encadrement des loyers prise par la Métropole de Lyon l’année passée. L’Unis a profité de cette occasion pour réagir à ce qu’elle prend comme une attaque de la part de la Ville de Lyon.

"En tant que professionnel on se sent blessés et stigmatisés", voilà les termes utilisés par Patrick Lozano, président de l’Unis Lyon-Rhône, en réaction à ce que les professionnels du métier prennent comme une critique. Mais alors qu’est-ce qu’a bien pu faire la Ville de Lyon ? Eh bien, un dessin de caricature. Dans le numéro d'hiver 2022/2023 du magazine municipal Au fil de Lyon, il y avait une bande dessinée rappelant la légende du Gros Caillou de la Croix Rousse.

Dans cette dernière, il nous est présenté un huissier de justice qui, après avoir expulsé une famille de Canuts, a été condamné par le bon dieu à pousser son cœur de pierre à travers toute la ville jusqu’à ce qu’il rencontre quelqu’un de plus méchant que lui.  Il y croisa un régisseur d’immeuble qui lui dit. « Quand vous aurez fini de vous amuser, vous irez expulser quelques locataires qui réclament qu’on entretienne leur immeuble. » Même si cette bande dessinée prend place en 1890, cette caricature ne passe pas pour les professionnels du métier. C’est pourquoi, ils ont demandé une réunion au maire de Lyon pour avoir des explications. Cette demande formulée via une lettre recommandé envoyée début février n’a, pour l’heure, reçu aucune réponse. "Ce n’est pas tant la caricature que l’on veut dénoncer mais bien le fait qu’elle provienne de la municipalité qui se veut être un partenaire de l’Unis. Cela encourage la stigmatisation de la profession et certains se sentent blessés. De plus, la mairie ne répond pas à notre sollicitation c’est pourquoi, j’annonce que nous ne signeront pas la Charte lyonnaise du ravalement de façade", déclare par Patrick Lozano.

Outre cette réaction, l’Unis a tenu à dresser un bilan suite à la décision de la part de la Métropole de Lyon de tester l’encadrement des loyers sur Lyon et Villeurbanne.

Pour rappel, l’année dernière elle a décidé de tester cette mesure pour tenter de limiter l’augmentation des loyers dans des secteurs en forte tension immobilière. Le secteur a été découpé en 4 zones et pour chacune, ils ont observé et dressé en suite une référence du m² qui varient en fonction du nombre de pièces de l’année de construction, et si le bien est loué vide ou meublé. Ensuite pour encadrer ce loyer, il faut faire plus 20% et cela donne le plafond hors charges que les propriétaires ne peuvent pas dépasser.

Par exemple, pour un T3 de 60 m2 loué vide autour de la place Bellecour et construit avant 1946 : le loyer de référence de 12 € par m² fixera le plafond du loyer à 864 € par mois hors charges (soit 60 x 12 + 20 %). Au-delà, les tarifs pratiqués seront illégaux.

Cependant les propriétaires peuvent quand même faire payer un complément de loyer si le logement présente des caractéristiques exceptionnelles (localisation, confort...) par rapport aux logements voisins.

Patrick Lozano a rappelé que l’objectif affiché avec cette mesure était de faire revenir les ménages dans la ville de Lyon. Mais au bout du compte quels sont les effets sur le marché locatif ? Après un an on observe que les T1 et les T2 sont tirés vers le bas, les propriétaires doivent louer moins cher leurs appartements mais c’est l’inverse pour les appartements T3 et plus qui eux voient leur loyer augmenter. Ce qui ne correspond pas à l’objectif de l’encadrement des loyers.  "On se trompe de cible et on se trompe de méthode surtout", énonce Patrick Lozano. Au total 60 loyers non conformes ont été signalés aux services de la métropole, 29 procédures de conciliation ont été lancées et seulement 7 loyers ont été baissés.

Cela rajoute encore de la complexité pour les propriétaires et les investisseurs potentiels. Car en plus de cet encadrement ils doivent faire face l’obligation des travaux pour remettre aux normes les bâtiments énergétiquement.  Les appartement classé G et F ne pourront plus être loués à partir du 1er janvier 2025 et du 1er janvier 2028. Ce que les professionnels observent c’est que face à toutes ces difficultés, les gens délaissent l’immobilier et préfèrent vendre et l'on va faire face à un appauvrissement du parc. Avec l’encadrement des loyers, les propriétaires ne peuvent plus amortir le coût des travaux qu’ils feront pour remettre aux normes leurs logements.

Au bout du compte, cet encadrement des loyers dégrade la qualité de vies des locataires selon le président de l’Unis, "un propriétaire qui décide d’engager 30 000 euros de travaux pour créer une chambre à son locataire, ramener à l’encadrement des loyers avec la typologie et la surface, l’appartement est moins cher qu’auparavant. C’est une aberration du système et c’est ce qu’on dénonce, on veut un marché qui est régulé."

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Perdu d'avance le 30/03/2023 à 13:32

Tout est dit dans ce article : à force de trop vouloir réguler, on finit par obtenir un effet contraire à l'effet souhaité.

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