1973, l'OL gagne sa dernière Coupe de France

Alors que les Lyonnais ont l'occasion samedi de remporter la quatrième Coupe de France de l'histoire du club, Fleury Di Nallo, le célèbre attaquant de l’Olympique lyonnais, raconte comment l'OL a remporté la Coupe de France en 1973.

Le contexte
“En 1973, j’avais 30 ans et ça faisait 13 ans que j’étais attaquant à l’Olympique lyonnais. Du coup, j’étais le capitaine de l’équipe. Et même si on n’était pas toujours très bien classés en championnat, contrairement à Saint-Etienne qui avait gagné plusieurs fois le championnat de France, on réussissait plutôt bien en coupe. D’ailleurs, l’OL était déjà arrivé en demi-finale de la coupe d’Europe en 1964 et en quart de finale en 1968. Sans oublier la Coupe de France, qu’on avait déjà gagnée à deux reprises, en 1964 et 1967. D’ailleurs, en 1973, pour arriver en finale, on avait battu de grandes équipes, comme Paris ou Marseille. En fait, on aimait bien les coupes. D’autant plus que la Coupe de France avait plus d’importance qu’aujourd’hui. Et puis, les finales étaient retransmises à la télé. Un événement au début des années 70 où on ne voyait qu’un match tous les six mois à la télé !
Mais à l’époque, les salaires n’avaient rien à voir, puisqu’on était payés entre 2 000 et 3 000 euros par mois. Car le budget du club était beaucoup moins important. Un budget financé en partie par la Ville de Lyon, d’autant plus que le maire, Louis Pradel, adorait le foot et assistait pratiquement à tous les matchs de l’OL à Gerland. Le reste de nos recettes, c’était essentiellement la billetterie, car les sponsors investissaient très peu dans le foot.

Bref, l’OL n’était pas une grande entreprise comme aujourd’hui. D’ailleurs, les deux dirigeants du club, Forest, un patron d’une grande entreprise de soierie, et Edouard Rochet, un médecin, étaient à la tête d’une équipe d’une dizaine de salariés. Alors qu’ils sont plus d’une centaine aujourd’hui. Même chose pour les spectateurs qui étaient beaucoup moins nombreux, car le foot était moins médiatique. Avec en moyenne, 15 000 spectateurs par match à Gerland, contre plus du double aujourd’hui. Il faut dire que le stade n’était pas du tout confortable, avec seulement deux tribunes couvertes, Jean Jaurès et Jean Boin. Du coup, les spectateurs qui se trouvaient dans les virages devaient souvent braver le froid, la pluie, le vent... Mais le public était aussi beaucoup plus populaire, car les prix des places étaient plus accessibles.”

Les personnages
“La grande force de l’OL en 1973, c’étaient ses attaquants. Avec Bernard Lacombe qui a marqué un but en finale de cette Coupe de France. A 20 ans, c’était déjà le meilleur buteur du club. Un battant sur le terrain qui adorait marquer en se retournant, alors qu’il était dos au but. Mais c’était aussi un joueur très sérieux et concentré sur les matchs.
L’autre grand attaquant de l’OL, c’était Serge Chiesa, qui faisait partie de l’équipe depuis 1968. Très discret, pas très grand et très bon dribbleur, c’était aussi un grand buteur. Avec lui, je faisais souvent des une-deux, c’est-à-dire une série de petites passes assez rapides. Pour lui, le foot, c’était un métier. Pas une passion. D’ailleurs, il avait refusé une sélection en équipe de France parce qu’il ne voulait pas partir en stage pendant 8 jours ! Et à la fin de sa carrière, il n’est pas resté dans le milieu du foot et il s’est acheté un bureau de tabac à Clermont-Ferrand.

Enfin, il faut citer l’entraîneur de l’OL, Aimé Mignot. Un gars du Midi, très joyeux et qui parlait beaucoup. Pendant cette Coupe de France, il a dû faire face à la suspension de Jean Bazea pour la finale, un joueur clé de l’OL qui était défenseur central. Mais Mignot a fait le bon choix en le remplaçant par Robert Cacchioni qui a réalisé un très bon match en finale. Et puis, dans les années 60, Aimé Mignot avait joué à l’OL. Du coup, il connaissait bien ses joueurs. Ce qui lui a permis de faciliter l’entente entre les jeunes, comme Bernard Lacombe, Raymond Domenech... et des joueurs plus anciens, comme moi, Jean Baeza ou Ljubomir Mihajlovic.”

Les faits
“Ce 17 juin 1973, il faisait très chaud au Parc des Princes, à Paris. Dans les vestiaires, juste avant de débuter la rencontre, c’était assez tendu. Et puis on a eu droit à un speech de l’entraîneur, Aimé Mignot. En fait, on ne partait pas favoris contre Nantes, qui avait déjà remporté plusieurs fois le championnat. Et qui avait d’excellents joueurs : Henri Michel et Bernard Gardon qui jouaient en équipe de France, mais aussi l’Argentin Hugo Bargas. En plus, le public du Parc des Princes était globalement contre nous, car il y avait beaucoup plus de supporters nantais que de Lyonnais. Mais je me souviens quand même des supporters lyonnais, habillés en rouge et bleu, les couleurs du club, et qui chantaient “Allez l’OL” avec des pancartes où étaient inscrits des noms de joueurs. Bref, c’était une ambiance de fête dans un stade qui affichait complet avec 40 000 spectateurs.
Le début de la première mi-temps était assez équilibré entre les deux équipes. Avec peu d’occasions vraiment dangereuses, sauf un tir d’un joueur nantais qu’Yves Chauveau, notre gardien, avait détourné en corner. Mais on a quand même réussi à marquer au bout d’une vingtaine de minutes. Après une belle passe que j’avais adressée à Chiesa, il avait pu pénétrer dans la surface de réparation. Ce qui avait obligé le goal de Nantes à le faucher. Du coup, l’arbitre a sifflé un penalty que Trivic, un joueur yougoslave de l’OL, a marqué. Vraiment pas évident, vu l’enjeu et vu que le public sifflait Trivic pendant qu’il tirait ce coup de pied arrêté.

En deuxième mi-temps, les Nantais se montraient alors plus dangereux, car ils voulaient absolument revenir au score. Avec notamment un tir d’un Nantais qui a été repoussé de la tête par Bernard Lhomme, l’arrière gauche de l’OL, sur la ligne des buts ! Mais quelques minutes plus tard, on faisait le break grâce à Bernard Lacombe. Après avoir contrôlé le ballon de la main, ce que l’arbitre n’avait pas vu, il a envoyé une superbe frappe croisée des 16 m. A 2-0, on était plus tranquilles. Mais à 5 minutes de la fin du match, le Nantais Didier Couécou marquait un but, avec son poing cette fois ! Là encore, l’arbitre n’a rien vu ! Ce qui permettait à Nantes de revenir à 2-1. Mais toute l’équipe a alors fait bloc pour tenir ce score jusqu’à la fin du match

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