Enfin une médaille pour Mario le paparazzi

Enfin une médaille pour Mario le paparazzi

La figure de la rentrée, c’est Mario Gurrieri a reçu en septembre la médaille d’or de la ville de Lyon. Une consécration pour “le photographe des stars”. Portait d’un paparazzi en pantoufles.

“Salut, moi, c’est Mario Gurrieri, je suis le photographe des stars.” Mario est toujours direct, mais jamais agressif. D’ailleurs à Tout Lyon l’embrasse. Rare pour un paparazzi ! Il faut dire que ce paparazzi n’est pas tout à fait comme les autres. Les stars l’adorent. Et son tableau de chasse est impressionnant : Johnny Hallyday, Laetitia Casta, Sharon Stone, Monica Bellucci, Michel Polnareff, Patrick Bruel... La liste est longue, immense. Et si vous ne le croyez pas, il vous montrera les photos où il pose avec  “ses potes”. Avec parfois des commentaires insolites : “Là, sur l’épaule de Johnny, c’est ma main qu’on voit !”
Pourtant, quand on débarque dans son petit appartement à Bron, surprise : on se croirait chez un paisible employé de la SNCF. Aux murs, des tableaux de paysages un peu ringards, la télé qui trône au milieu du salon avec les photos de son épouse, de ses enfants, ses petits-enfants... Mais si vous savez le prendre, il vous accordera le privilège de visiter son “studio”. Un sacré fouloir où s’entassent plus de 10 millions de clichés !
Et puis, il a le look. Unique. Avec son survêtement vert, ses pantoufles noires et son tee-shirt de Johnny... Cool, très cool. D’ailleurs à 72 ans, il mériterait largement de pouvoir se la couler douce. Après plus d’un siècle sur le terrain à flasher tout ce qui bouge. Sur le terrain, c’est-à-dire dans les salons lyonnais : cocktails, matchs, remises de médaille, départs à la retraite, anniversaires, congrès, concerts... Il est partout Mario. A Lyon, une fête sans lui, c’est forcement raté.
D’ailleurs ça tombe bien, il ne tient pas en place, comme un vrai paparazzi. Au cours de cet entretien, il ira de son fauteuil vert anis à son studio bordélique, en passant par sa cuisine... Son portable en main, une idée en tête. Infatigable.

"Lyon n'est pas une ville de stars"

Inutile de dire que pour l’interviewer, il faut s’accrocher. Car il dérape toujours sur une anecdote et ça dure des heures. De plus, impossible de lui faire dire du mal d’un notable ou d’une célébrité. Car Mario, il aime tout le monde. Pas évident d’imaginer ça à Lyon où les langues de pute ne manquent pas. Et on a beau insister, lui tendre des pièges... Impossible. Comme il est gentil, il fait un effort, fouille dans sa mémoire... Mais non, en plus d’un demi-siècle sur le terrain, il n’a que des bons souvenirs. Jamais un coup foireux, jamais une engueulade. D’ailleurs il a ses entrées partout. Sa force, c’est d’être sans gêne. Du style : Toi, tu t’appelles comment ? Sarkozy ? Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? Ça marche pour toi ? Bon, assieds-toi dans un coin, tu me gênes pour la photo...” On exagère à peine, il fait ça tous les jours, avec un naturel désarmant.
“Lyon n’est pas une ville de stars”, c’est le pire qu’il arrivera à lâcher au cours de cet entretien. Et encore, aujourd’hui il doit regretter. En revanche, il a ses chouchous. Ne lui parlez pas du maire de Lyon, par exemple, on y passerait la journée ! Surtout depuis qu’il lui a remis “la médaille”. D’ailleurs il était tellement content qu’il s’est mis à chanter au cours de la cérémonie qui s’est déroulée en septembre dans les grands salons de l’hôtel de ville. Bourré de monde, bien sûr. Très applaudi, évidemment. Sacré Mario !
D’ailleurs, il n’a peur de rien, ni de personne. Mais, avec lui, jamais un mot plus haut que l’autre, toujours un sourire, une tape dans le dos, une bonne blague que tout le monde comprend. Et on tombe sous le charme, bien sûr. Même les plus méchants ont succombé.
En plus ses photos, il ne les vend pas, il les donne. Une vieille manie. Certains en profitent, les plus scrupuleux font un geste. Il faut dire que parfois, les photos sont étonnantes. Toute une époque. “Tout le monde me regarde et on fait un beau sourire, serrez-vous pour qu’on vous voie tous !” Bref, c’est le style Lyon People. Sourires crispés, têtes en avant, un verre à la main et le décolleté qui plonge... D’ailleurs, il le reconnaît lui-même, sans façon : “Mes photos sont des instantanés.”

Vocation

De quoi il vit ? Mystère. Un paparazzi ne dévoile jamais ses sources ! Et pourtant, Mario sait bien qu’avec Lyon Mag, il faudra lâcher quelques infos pour avoir la paix. Une certitude d’abord : ce fils d’immigré sicilien qui est né le 26 mai 1936 va passer son enfance en Tunisie, où ses parents se sont réfugiés pour mettre un peu de distance entre eux et Mussolini. Dernier d’une famille de six enfants, il déteste l’école, qui le lui rend bien. Du coup, plutôt que de jouer les cancres au fond de la classe, le petit “rital” décide à 14 ans d’aller travailler pour Photo Stop, à Bizerte, pas très loin de Tunis. Son job : prendre en photo des gens dans la rue, leur remettre un ticket et les convaincre d’acheter le cliché. Le plus vieux métier du monde. Et comme ça que Mario découvre sa vocation.
Mais après la mort de son père qui est maître d’hôtel, Mario et sa mère quittent la Tunisie direction Marseille. Le jeune immigré continue le photo-stop sur la Cannebière où il se taille une belle popularité. On lui propose alors d’être photographe au Festival de Cannes. La consécration pour le futur ami des stars.
Mais en 1960, coup de tête. Alors qu’il a 24 ans, Mario décide de rejoindre sa sœur aînée à Lyon. Photo-stop toujours, mais cette fois rue de la République. “Un boulot parfois pénible mais que j’ai toujours adoré car je suis en contact avec les gens.”
Et rapidement, il deviendra un vrai fan de l’OL. Aujourd’hui encore, il va à tous les matchs ou presque et il connaît le stade de Gerland comme sa poche. Mais également toutes les stars lyonnaises du ballon rond de Fleury Di Nallo à Karim Benzema. “Tous des amis.”

Brassens, Jagger, Brown...
Un jour, il a le déclic en écoutant la radio : les Beatles, qui sont en tournée en France, débarquent à Lyon. On est le 20 juin 1965. Le jeune paparazzi décide d’y aller au culot. Il planque à l’aéroport de Bron. Il sera le seul à photographier les héros de “Yelow Submarine” qui descendent de l’avion. Exclusivité mondiale ! Et Mario le sans-gêne va suivre les rockeurs jusqu’à l’hôtel Royal, place Bellecour. Comme personne ne le vire, il réalise une série de photos inédites. Deuxième coup de maître. Du coup, il est nommé photographe officiel du Palais d’hiver à Lyon,

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1 commentaire
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Fan de Johnny le 07/12/2017 à 10:40

Coucou Mario . Je te connais depuis 1975 au Palais d'Hiver . Je faisais parti de l'équipe de protection des strars "comme tu le dis si bien" . Ménage toi , et à bientôt pour tes 90 ans .

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