"Possessions" : le cinéma rouvre les plaies de la tuerie du Grand Bornand

"Possessions" : le cinéma rouvre les plaies de la tuerie du Grand Bornand
Jérémie Rénier dans Possessions - Photo UGC

Possessions, le film d'Eric Guirado qui sort en salles ce mercredi, s’inspire très largement du quintuple meurtre de la famille Flactif dans un chalet de la station de Haute-Savoie en 2003.

Autant le dire tout de suite, il n’est pas question dans Possessions d’effusion de sang. Ce n’est pas un film d’horreur tiré du sordide fait divers, mais au mieux d’un thriller psychologique, déconseillé aux moins de 12 ans. "J’ai été effaré par l’objet du crime qui était terriblement vain et minable… Tuer une famille pour un chalet ça m’a profondément choqué, et j’ai voulu comprendre les choses au-delà des explications de la police scientifique. J’ai attendu la fin du jugement et j’ai voulu m’intéresser à ce qui ne pourrait jamais être résolu, c'est-à-dire comment on peut arriver à ça, partir pour changer de vie et finir par tuer une famille", explique le réalisateur, qui a vécu cette affaire en voisin, étant lui-même originaire de Haute-Savoie. D’où cette phrase, qui peut être considéré comme un sous-titre : Tu ne convoiteras point.
Les faits, les vrais, tout le monde ou presque les a encore en mémoire tant ils sont atroces. Dans la nuit du 11 avril 2003, Xavier Flactif, 41 ans, sa compagne Graziella Ortolano, 36 ans, et leurs 3 enfants  Grégory (6 ans), Sarah (7 ans) et Laetitia (9 ans) sont sauvagement assassinés dans leur chalet du Grand Bornand. L’enquête s’oriente alors vers la possible fuite de la famille du promoteur immobilier pour des raisons financières, mais l’utilisation par les scientifiques de la gendarmerie du Bluestar, un liquide permettant de déceler les traces de sang, même nettoyées méticuleusement, révèle finalement un véritable carnage : tous les cinq tués dans le chalet, des projections de sang seront retrouvées jusque sur les murs. Après 6 mois de recherche, David Hotyat est arrêté et passe aux aveux. Afin de les faire disparaître, il a brûlé les corps en forêt après son crime. Malgré sa rétractation, il sera confondu par son ADN et écopera en 2006 de la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 22 ans. Il est incarcéré depuis à la maison d’arrêt de Villefranche-sur-Saône, dans le Rhône.

Pour réaliser ce film, Eric Guirado n’a pas eu l’autorisation de tourner au Grand-Bornand. Le maire refuse d’ailleurs encore aujourd’hui de s’exprimer sur le sujet. Il a donc posé ses caméras à Méribel, en Savoie. "Ils voulaient venir ici car les paysages et les chalets ressemblent à la réalité des faits, explique Fabrice Mielzarek, le directeur de Méribel Tourisme. La mairie a donné son autorisation à la condition expresse qu’à aucun moment on ne voit que le film a été tourné ici." Si au Grand-Bornand l’intérêt du cinéma pour cette tragédie n’est pas accueillie avec la plus grande joie, à Méribel au contraire "les habitants, dont certains ont été figurants, ont vu d’un bon œil le tournage, qui s’est d’ailleurs très bien passé. Il s’est déroulé en février 2010, en pleine saison. Pour les besoins du film, il a quand même fallu prendre certaines dispositions car l’équipe a dû se servir de nos routes, mais aussi de la forêt, pour y faire du feu. Il fallait donc que les pompiers et les gendarmes soient prévenus" poursuit le directeur de l’office du tourisme.
Alors si naturellement le rapprochement entre l’action de Possessions et la réalité des faits est plus que flagrante, les détails changent. La famille Flactif devient la famille Castang, Patrick et Gladys. Elle n’a plus que deux enfants. David Hotyat devient Bruno Caron, sa femme s’appelle Marilyne. Les Caron déménagent du Nord de la France pour s’installer dans les Alpes avec leur fille. Ils sont logés par les Castang, qui leur promettent un chalet de luxe pour une bouchée de pain, mais celui-ci a du retard. Du coup, ils sont "baladés" de maisons en chambres d’hôtel, jusqu’au dénouement tragique. L’intrigue est donc essentiellement basée sur l’évolution de la relation entre les deux couples, sur la montée des sentiments de jalousie, d’envie puis de haine suscités par la réussite sociale et la possession matérielle. La scène du crime à proprement parler est simplement suggérée, au bout d’une tension qui monte crescendo. L’épisode de l’interview télévisée de David Hotyat par TF1, qui avait fait grand bruit car il critiquait ouvertement la famille qu’il venait de liquider au browning et semble-t-il avec une bûche pour les enfants, est également retranscrite avec justesse.

Le casting de ce long-métrage produit en partie par Rhône-Alpes Cinéma est pléthorique. Alexandra Lamy et Lucien Jean-Baptiste, métis comme l’était Xavier Flactif, jouent les Castang, arrogants et sans tact. Jérémie Rénier, qui a pris pour ce rôle 18 kilos, et Julie Depardieu campent eux les Caron, plus vrais que nature en "beauf" quasiment illettrés. Leur différence de caractère est l’un des intérêts du film, qui repose intégralement sur eux. On se surprend même à haïr les "riches" propriétaires et éprouver une certaine forme de tendresse pour les "pauvres" locataires victimes d’un arrangement peu scrupuleux. Jérémie Rénier est particulièrement saisissant tant on voit se construire en lui la spirale dévastatrice qui le conduira au geste que l’on sait. Fort heureusement, on aura l’occasion dès la semaine prochaine de le voir dans un tout autre registre avec Cloclo,  le très attendu biopic de Claude François.

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2 commentaires
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vic le 07/03/2012 à 11:11
chaperon franck a écrit le 06/03/2012 à 22h32

Un film que j'ai vu et que je déconseille vivement

C'est normal un blanc qui tue un Noir par pur jalousie,on a pas l'habitude de ce genre de film . On préfère un Noir qui sert un handicapé .

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chaperon franck le 06/03/2012 à 22:32

Un film que j'ai vu et que je déconseille vivement

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