Primaires de l'UMP à Lyon : peu de divergences entre les candidats après le premier débat

Retransmis donc en différé sur TLM, LCP et RCF lundi soir, le débat de 90 minutes mettait aux prises Nora Berra, Georges Fenech, Emmanuel Hamelin, Michel Havard et Myriam Pleynard.
Face à Arnaud Ardoin et Jean-Christophe Galeazzi, les cinq de l’UMP avaient enfin la chance de pouvoir lâcher quelques pistes sur leurs programmes respectifs et permettre aux futurs votants du 2 et 9 juin de les départager.

Etant tous à l’UMP, difficile de remarquer une grande différence idéologique et politique chez les cinq candidats. Georges Fenech a toutefois marqué son empreinte très à droite quand Myriam Pleynard se voulait humaniste. Entre Michel Havard, Emmanuel Hamelin et Nora Berra, on se marchait parfois dessus. La pluralité n’a pas toujours du bon.

Le débat débutait sur la première mesure prise lors de l’arrivée place de la Comédie à l’Hôtel de Ville. Michel Havard maire de Lyon mettrait en place "un grand projet sur la réussite scolaire des jeunes et lancerait une révision des politiques éducatives, scolaires qui doivent permettre à la jeunesse lyonnaise de réussir".
Myriam Pleynard, elle, intégrerait au conseil municipal 60% de personnes qui n’ont, comme elle, jamais été élues. Elle créerait également "des boîtes aux lettres citoyennes pour que les Lyonnais donnent leurs idées".
Redonner la parole aux Lyonnais, c’est également le cheval de bataille de Nora Berra qui restera désespérément floue sur la question.
Georges Fenech, "moi maire de Lyon", réduira la voilure. "Je me suis plongé dans le compte administratif et je me suis rendu compte que le cabinet du maire comporte 120 personnes. Vous imaginez la dépense".
Enfin, Emmanuel Hamelin lancerait immédiatement la création de 1500 places de crèches ainsi que d’un conseil consultatif des citoyens sur les grands projets.

Les transports : pas tous fans du métro

Les cinq candidats ont ensuite pu dresser le bilan des transports à Lyon et les grands chantiers qu’ils lanceraient en ce sens.
Myriam Pleynard déclasserait l’axe A6-A7, tout comme Georges Fenech et Nora Berra. Le député UMP aimerait même que l’autoroute partant de Paris soit déplacée à Clermont pour finir en Espagne, il misera également sur les téléphériques urbains, les fleuves et le tram-fret.

Premier et seul gros point de désaccord : le métro. Nora Berra "ne croit pas en la création d’une nouvelle ligne de métro, c’est insoutenable pour les finances. On peut travailler sur la ligne B, on pourrait la prolonger vers les hôpitaux sud et la Doua".
Tout le contraire de Michel Havard qui rêve toujours de sa ligne "prioritaire Gare Saint-Paul-Part-Dieu". Emmanuel Hamelin n’est pas fan de cette dernière mais misera tout de même sur le métro. "En deux mandats, on peut faire Ampère-Confluence", annonce le conseiller municipal.

Georges Fenech a le mérite d’amener des propositions nouvelles, quoique difficilement finançable : "l’ouverture du métro toute la nuit tous les week-ends et la création d’un pass Gone pour la gratuité totale des transports en commun pour les moins de 12 ans". Le président du Sytral Bernard Rivalta, s’il regardait le débat, a du faire un bond.

Grands projets : dans la continuité de Collomb, même si c’est mauvais

Difficile quand on commence un premier mandat de stopper les chantiers et de faire un bras d’honneur aux investisseurs. Et s’ils sont tous d’accord pour critiquer l’Hôtel-Dieu ou le Grand Stade, les candidats le sont aussi pour dire qu’ils devront continuer le travail de Gérard Collomb.

Myriam Pleynard veut "amortir les erreurs de l’Hôtel-Dieu", Nora Berra veut faire du stade de Gerland un lieu de rencontre entre le sport amateur, universitaire et de loisirs, Michel Havard espère "amender la Confluence ou la Part-Dieu", Emmanuel Hamelin a ré-évoqué sa proposition de destruction du Palais des Sports.
Quant à Georges Fenech, il s’est montré le plus sceptique. "L’Hotel Dieu, ca aurait mérité une consultation. Peut-être que c’est encore rattrapable." L’ancien conseiller municipal de Givors promet aussi d’arrêter la construction des tours à la Part-Dieu.

Logement : SO-LI-DA-RI-TE

S’il est de plus en plus difficile de rester vivre à Lyon, les cinq candidats promettent chacun leur solution à cet exode d’une tranche de la population.
La classe moyenne retient toute l’attention de Michel Havard et d’Emmanuel Hamelin. Le premier avait vendu l’idée d’un chèque premier logement il y a quelques mois ("Gérard Collomb est en train de me piquer l’idée"), le second veut favoriser pour elle les logements intermédiaires.

Georges Fenech s’inspirera de Bertrand Delanoë à Paris avec le logement solidaire. Myriam Pleynard entend trouver des solutions pour le logement social et l’hébergement d’urgence. Quant à Nora Berra, elle obligera notamment la création d’une loge pour un gardien dans les nouveaux immeubles.

Les Roms : Pleynard contre le reste du monde

Environ 2000 Roms sont recensés dans le Rhône. Récemment, un incendie dans un squat du 8e a tué trois Roms dont un enfant de 12 ans.
La situation requiert des solutions et l’UMP renvoie le dossier à François Hollande et à l’Europe. C’est le cas de Michel Havard et de Nora Berra. Emmanuel Hamelin pense que Lyon "arrive à saturation".
Myriam Pleynard, elle, voit la situation d’un œil totalement différent : "Ayons de la compassion pour les familles. C’est une population à citoyenneté européenne. Il faut avoir une approche socio-économique et intégrons ces familles pour qu’elles deviennent une richesse pour demain".
Un discours qui ne plaira sûrement pas à Georges Fenech, bien plus autoritaire dans son intervention : "Je créerais une brigade anti squat qui démantèlera tous les campements qui abrite une population souvent criminogène. Ces familles doivent rentrer chez elles." La 'brigade anti squat' risque d'en rebuter certains...

Sécurité : le dada de Fenech

C’est son slogan de campagne, Georges Fenech veut faire de Lyon une ville plus sûre. "La plus sûre de France !, annonce même l’ancien magistrat. Je ferai de tout Lyon une Zone de sécurité prioritaire. (…) Vous cassez, je suspends les aides sociales".
Myriam Pleynard, plus en retrait sur le sujet, taclera son adversaire à la primaire, pensant que "faire de Lyon, la ville la plus sûre de France, ce n’est pas faisable".

Sur la police municipale, tous veulent l’armer. Et sur la vidéosurveillance, Michel Havard aimerait augmenter la capacité à Lyon tandis qu’Emmanuel Hamelin veut carrément doubler le nombre de caméras en un mandat.

Métropole européenne : un sujet de municipales, vraiment ?

La scission programmée entre Rhône et Grand Lyon ne touche pas encore les habitants du département. Il serait également intéressant de prendre 50 personnes place Bellecour et de leur demander s’ils sont au courant du projet de la Métropole de Lyon.
En tout cas, les candidats sont invités à s’exprimer sur le sujet. Mais comme ce dernier ne fera pas la différence durant les municipales, et que les cinq de l’UMP semblent le savoir, leurs réactions sur le sujet dérivent dans des constats alambiqués et des petites promesses.

La soirée se terminera enfin sur la question ultime, Gérard Collomb est-il un bon maire ? On est alors en droit d’attendre une surprise, une réponse positive qui transporterait le débat dans une autre dimension.
Mais non, les cinq de l’UMP ne pensent, étonnamment pas, que Gérard Collomb mérite de faire un troisième mandat. "Professionnel de la politique, il cache son étiquette aux Lyonnais, pas un grand maire", les qualificatifs abondent et les candidats restent désespérément en phase.

Qui a gagné ce soir ?

Il n’y aura pas eu de débordements ce lundi, chacun sait qu’il risque l’exclusion en cas de non respect de la charte imposée par Philippe Cochet. Tout juste Georges Fenech accusera Nora Berra de l’avoir copié concernant la sécurité. Un petit rire et puis s’en va. Georges Fenech, toujours lui, tentera également de jouer à qui a la meilleure formation de juriste avec Myriam Pleynard. Un jeu rapidement avorté par les deux journalistes de LCP et TLM.

La crainte de la fédération UMP du Rhône est d’affronter une participation minime aux scrutins du 2 et 9 juin. Rue Vauban, on espérerait 2500 à 3000 votants, soit plus ou moins le nombre de militants inscrits à Lyon.
En visionnant le débat, certains auront pu mieux cerner les candidats, du moins ceux qui ont pris la peine de marquer leur différence avec des projets concrets.
Ceux qui soutiennent corps et âme un poulain restent persuadés qu’ils ont fait le bon choix.
Les autres auront eu la vague impression de voir des gens de la même famille qui seraient bien mieux tous ensemble qu'adversaires lors d'un scrutin. Car finalement, aucun n'a vraiment gagné ce lundi soir. Sauf en visibilité, merci la TNT.