Beaujolais : "Un pari risqué"

Beaujolais : "Un pari risqué"

Alors que les vendanges viennent de commencer dans le beaujolais, Michel Chapoutier, le célèbre producteur de Tain-l’Hermitage, cherche à investir dans ce vignoble en crise. Interview.

Vous vous intéressez vraiment au Beaujolais ?
Michel Chapoutier : Oui. D’ailleurs, je devais acheter ce mois un vignoble de 15 hectares dans une zone d’appellation réputée du Beaujolais pour produire un vin de garde haut de gamme, en viticulture bio. Mais au dernier moment, j’ai renoncé.
Pour quelle raison ?
A cause du prix. Avec le propriétaire, on avait conclu 90 000 euros par hectare. Mais finalement, il en voulait 120 000. Je trouvais le prix surévalué car il y avait beaucoup de travaux. Mais il a dû se dire, Chapoutier il a de l’argent, il peut payer plus. Alors que, pour moi, un prix est un prix. Et si j’ai de l’argent, c’est justement parce que je sais compter.
Vous renoncez au Beaujolais ?
Non pas du tout. Je reste toujours à l’affût d’une opportunité. Mais dans l’immédiat, je préfère plutôt acheter un domaine dans le Douro au Portugal. Pour ce prix, je peux avoir un beau domaine, qui va nous permettre de faire des vins rouges de qualité.
Pourquoi cet intérêt pour le Beaujolais ?
C’est un beau terroir, avec des sols très intéressants sur le plan géologique. Il y a vraiment un potentiel. En plus, c’est un vignoble de la région très connu. Bref, ça vaut le coup d’investir.
Surtout que les prix sont très bas !
Pas tant que ça. Les prix restent encore élevés dans certains secteurs. Surtout si on calcule le prix de revient d’une bouteille. D’ailleurs, ce n’est pas le prix du vignoble qui doit motiver un achat. Car le plus difficile dans ce métier, ce n’est pas de produire le vin, mais de le vendre. Surtout en période de crise.
Acheter des vignobles dans le Beaujolais, ce n’est donc pas rentable ?
Si, à condition d’être capable d’investir beaucoup d’argent dans la commercialisation, notamment à l’export. Car l’avenir du vin, c’est le marché international. Il faut donc avoir de solides réseaux. Mais aussi être capable de produire des vins de qualité. On ne s’improvise pas viticulteur.
Comment vous analyser l’arrivée des investisseurs étrangers  ?
C’est très risqué pour ceux qui ne sont pas du métier.  95 % d’entre eux feront faillite dans les cinq ans car ils ne se rendent pas compte que la vigne, c’est une industrie lourde où on peut perdre beaucoup d’argent. D’ailleurs, on le dit souvent, dans le vin, pour gagner un million, il faut en investir deux !
Pour vous, le Beaujolais a de l’avenir ?
Je suis plutôt confiant d’autant plus que des groupes réputés comme Latour ou Bouchard sont en train de racheter des domaines. Et ils vont servir de locomotives à toute la région. Grâce à eux, le Beaujolais va gagner en qualité.

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chdesigaud@aol.com le 30/01/2010 à 12:55

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