Prière de toucher : une expo multi sensorielle à Lyon

Prière de toucher : une expo multi sensorielle à Lyon

‘L’Art et matière : Prière de toucher’ est une exposition maligne et chaleureuse.

Pensée au départ pour les non ou mal voyants, elle offre un parcours autour d’une dizaine d’œuvres spécialement reconstituées pour être découvertes par le biais du toucher.

Il est vrai qu’il existe déjà au Musée de Confluences de Lyon des météorites accessibles aux petites et grandes mains. Mais il ne s’agit pas d’œuvres d’art. Alors que des sculptures comme La Rieuse de Jean-Baptiste Carpeaux (1870) ou Balance en deux (1957) de Marta Pan sont des vraies œuvres qui sont là pour être paluchées, caressées, empoignées, bref : touchées.

Bien sûr l’exposition du musée des Beaux-Arts est conçue ainsi car le toucher pour les aveugles, cela fonctionne très bien. Mais si vous êtes en fait très voyant, vous avez le droit de mettre des bandeaux (fournis) sur les yeux pour découvrir avec vos doigts les dix œuvres exposées. L’expérience est nouvelle, celle d’embrasser de tous ces doigts et bras et parmi d’autres, l’Ange déchu (1895) de Rodin, une sculpture venue de la Grèce archaïque Koré (-550 avant J.C) ou l’Eté (Jean-Antoine Houdon, 1785) qui "s’éloigne du modèle antique de la déesse de l’agriculture en prenant l’allure d’une jeune paysanne" d’après le dossier de presse.

En plus de ces pièces d’art reconstituées à l’imprimante 3D, deux angles supplémentaires de découverte d’un art pourtant très visuel comme est la sculpture sont proposés. Des casques audio diffusent des sons extraits d’ateliers d’artistes sculpteur. Et surtout : il y a Givaudan.

Parfumeur et mécène de l’exposition, Givaudan est une entreprise qui réunit une quarantaine de parfumeurs (les fameux "nez") en créant, pour des grandes marques, les parfums dont on croise le sillage aussi dans nos rues. Parmi les quarante "nez" de Givaudan, Antoine Maisondieu est celui qui a accepté de fournir pour l’exposition "L’Art et Matière, Prière de toucher" trois senteurs évoquant le travail des sculpteurs. "Terre mouillée" "Pierre taillée" ou "fusion du métal" sont là pour que le visiteur découvre la sculpture par le nez.

Antoine Maisondieu qui a déjà travaillé pour des musées (par exemple musée Zadkine, Paris 6eme ou le Musée de la mode à Chaillot) explique ainsi la différence entre sa création pour cette exposition et celle d’un parfum : "Quand vous travaillez pour une marque, ils vous décrivent ce qu’ils aimeraient sentir. Vous leur faite une première proposition, et à partir de là un processus d’aller/retour se met en place entre votre proposition et le désir du client. Il peut y en avoir 100 ou 150 modification de la formule. Pour le MBA c’était ma création libre. Pour ‘Terre mouillée’ j’ai mis de l’huile de lin pour ‘Fusion du métal’ j’ai évoqué ça en utilisant des senteurs chaudes comme la vanille". 

Au final, la visite par le biais des oreilles, des doigts et du nez enrichit une expérience muséale inédite, et ce d’autant plus que cette exposition inscrite dans le cadre du partenariat Frame (associations de musées français et américains) a été entièrement recréée et considérablement améliorée entre sa première étape à Montpellier et son arrivée à Lyon. Les Lyonnais peuvent donc y aller les yeux fermés. Jusqu’au 22 septembre.

@lemediapol

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