Faibles portions de nourritures, déshumanisation, "pire que la prison" : alerte au centre de rétention administrative de Lyon Saint-Exupéry

Faibles portions de nourritures, déshumanisation, "pire que la prison" : alerte au centre de rétention administrative de Lyon Saint-Exupéry
LyonMag

Comme l’article 719 du code de procédure pénale les y autorise, la Bâtonnière de Lyon Marie-Josèphe Laurent, le sénateur EELV du Rhône Thomas Dossus et la députée de la 3e circonscription du Rhône Marie-Charlotte Garin se sont rendus vendredi 14 avril au centre de rétention administrative numéro 2 (CRA) de Lyon Saint-Exupéry lors d’une visite inopinée.

Ils ont décidé de rapporter à la presse ce qu’ils y ont vu.

Inauguré début 2022 pour 25 millions d’euros, le centre de rétention administrative numéro 2 de Lyon Saint-Exupéry est divisé en 7 compartiments pouvant accueillir chacun 20 étrangers en situation irrégulière en attente de leur expulsion. Ces derniers sont logés par deux dans des chambres qu’ils ne peuvent fermer. Même constat pour les toilettes, dont les portes ressemblent à des "portes de saloon" qui ne peuvent pas être fermées de l’intérieur. En plus de cette intimité limitée, si ce n’est inexistante, les portions de nourriture sont, selon les étrangers, insuffisantes. 

Les retenus sont entassés par vingt, isolés 23h/24h, puisqu’ils bénéficient que d’une heure par jour pour pouvoir "accéder au centre médical, aux associations ou pour recevoir des visites". 

Que ce soit dans son aspect extérieur avec un bâtiment bétonné et du grillage, ou dans son fonctionnement intérieur, où la circulation y est difficile, le lieu est "anxiogène", pour les détenus comme pour les membres de la police aux frontières, rapporte Jean-François Barre vice-bâtonnier de Lyon. Il trouve que le lieu est "glaçant et ressemble à un centre pénitentiaire". Le sénateur écologiste Thomas Dossus ajoute que "ce centre est une prison qui a été pensée comme une prison avec des cours qui ne sont des cours mais des cages". 

Ces conditions de détention sont si mauvaises que l’association "Forum réfugiés" alerte sur la détresse psychologique et sur l’état de santé mentale des retenus. "Il y a une transformation de la rétention en prolongation de leur peine", indique le sénateur Thomas Dossus, puisque certains retenus ont reçu une peine de prison et l’ont purgé avant d’arriver dans le CRA 2 de Lyon. Les étrangers en situation irrégulière peuvent rester dans ce centre légalement jusqu’à 90 jours depuis l’adoption en 2018 de la loi Collomb

"Un jour, il y aura un drame"

Le fait que les retenus n’aient aucun contact avec les employés des entreprises qui gèrent le vestiaire, la buanderie et le service de restauration rajoute encore une couche à une "déshumanisation complète", estime Morgan Bescou, membre de la commission des droits des étrangers. Une hausse de la violence a également été constatée dans ce centre, que ce soit les retenus entre eux ou avec les policiers de la police aux frontières. Mais Morgan Bescou rappelle que ce sont bien "la structure et le fonctionnement", du lieu qui poussent à la violence, et que cette dernière n’est pas "intrinsèque à ces individus qui restent des êtres humains". Plusieurs retenus que les avocats et élus ont pu rencontrer estiment que le CRA 2 est "pire que la prison". 

Après cette visite, le vice-bâtonnier de Lyon en est presque persuadé : "Un jour, il y aura un drame"

Et après ?

Ce qui inquiète, c’est que ce centre de rétention administrative est un site pilote qui a pour objectif d’être utilisé comme modèle pour les futurs autres CRA qui seront construits partout sur le territoire national. Avec cette conférence de presse, les élus et avocats souhaitaient tirer la sonnette d’alarme : "L’architecture, l’organisation et le fonctionnement de ce CRA ne peuvent en aucun cas servir de point de référence compte tenu des difficultés créées", indique Bâtonnière de Lyon Marie-Josèphe Laurent.

A la suite de cette visite, un rapport sera remis au Conseil national des barreaux ainsi qu’à la direction du CRA 2 pour qu’elle puisse apporter du contradictoire. Mais plus largement, il y a une volonté d’alerter à la veille de la discussion sur la loi sur l’immigration. "Il faut absolument légiférer sur ces CRA qui ne peuvent pas continuer de fonctionner tel qu’ils le font aujourd’hui", estime Marie-Josèphe Laurent.

T.B.

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Wat le 18/04/2023 à 16:45

On a pas déjà eu droit à des drames en provenance de personnes en situation irrégulières ?
Ce talent pour inverser les rôles...

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moretti le 18/04/2023 à 16:40

c est pourtant simple, soit on les vire de France soit on leur donne une carte de séjour avec un temps probatoire (on a assez de délinquance pas la peine d en importer)
tout le reste c est de l argent balancé par le fenêtres et de la maltraitance!!

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Ex Précisions le 18/04/2023 à 16:10

Mr Darmanin dira que ça fait passer l'envie de venir en France en situation irrégulière, et donc rien ne va donc s'améliorer...
Ça va plaire à certains pas à d'autres ;-)

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