La rentrée au lycée Hector Guimard : un cas si unique à Lyon

La rentrée au lycée Hector Guimard : un cas si unique à Lyon

Comment trouver à Lyon un dédale aussi impénétrable que dans un conte Disney, pour y découvrir un château rempli de trésors ?

Combien de Lyonnais passent chaque jour boulevard des Tchécoslovaques, par le train depuis la Part-Dieu, en T4 arrêt Lycée Colbert, en C25 arrêt Blandan, en vélo piste 2, en voiture, et ignorent tout de cet endroit d'exception qu'est le lycée Hector Guimard ?

Son nom et l'affiche bleue et blanche de la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour qui on a tant moqué Laurent Wauquiez sont invisibles depuis tous les arrêts et voies publiques précitées. Seule une timide banderole hissée à l'occasion de la journée portes-ouvertes du 24 juin dernier, et oubliée sans doute intentionnellement, orne la gigantesque façade du lycée qui longe anonymement le boulevard.

Fort heureusement la (relativement) nouvelle rectrice de l'académie de Lyon, Agnès Bisagni-Faure, et la vice-présidente de la Région aux Lycées Catherine Staron ont toutes les deux un peu l'habitude de ces lieux d'enseignement d'exception et ont uni leurs calmes enthousiasmes pour passer les portes d'Hector Guimard, par une minuscule entrée anonyme située dans une ruelle pas loin.

Catherine Staron ne vient-elle pas le matin même de rendre visite au lycée horticole de Dardilly ? Elle sait rester souriante et sereine face à tant de trésors inconnus des Lyonnais et des lycéens. Mais la visite se fait au pas de charge, avec simplement quelques arrêts aux formations les plus spectaculaires, de la fonderie de métal à la fabrication de bijoux, en passant par les ateliers prothèses dentaires. A la tête du petit groupe, Carine Roussot-Ogounchi virevolte d'un BTS à un bac pro, comme si être la proviseure du palais expliquait que l'on connaisse tous ses secrets.

Catherine Staron est concentrée pour ne rien perdre de l'étalage des savoirs transmis aux 500 élèves et étudiants que compte le lycée et qui travaillent dans des conditions idéales en termes d’effectifs. Le bachelor (bac + 3) prothèse dentaire qui va ouvrir à la fin du mois de septembre comptera 15 étudiants. Douze places sont déjà prises.

Pourquoi une troisième année après les deux du BTS prothésiste dentaire ? Car le prothésiste dentaire d’aujourd’hui doit maîtriser les outils de numérisation 3D (scanners), de modélisation (logiciel de conception) et de fabrication à commande numérique. Mais il maitrise encore les techniques d’hier : modèle de plâtre, fraisage et usinage à la main, travail au pinceau, à la spatule qui figurent encore dans les programmes de BTS et bac pro.

Ce travail d'ultra précision contraste si fortement avec l'atelier fonderie d'Hector Guimard qu'on a peine à croire, malmenés par les ondes brulantes du métal en fusion déversé dans des moules, que l'on a simplement traversé une cour et pris un escalier. Mais c'est à côté de ces creusets fumants qui semblent sortis d'une toile de peintre du XIXe que trône une incroyable machine à plus de 800 000 euros. Une Voxeljet, gigantesque cube posé là.

Il n'existe pas d'autre lycée en France qui en possède une. Cette merveille coûte une fortune à l'entretien, toute l'équipe fonderie fait des yeux de Chimène à Catherine Staron. N'est-ce pas la Région qui finance l'équipement des BTS ? Beaucoup d'entreprises en plasturgie (celles de la fameuse vallée du plastique de l’Ain) en rêvent. Faire un moule en acier pour y injecter du polymère et sortir une pièce en plastique demande deux choses : chauffer le polymère puis le refroidir le plus vite possible.

Comment manufacturer autour de la pièce en plastique les tuyaux qui feront passer le liquide de refroidissement au plus proche pour la refroidir le plus rapidement possible ? Voxeljet permet cela, en fabriquant des moules en sable, donc capable de prendre n'importe quelle forme, ce que l'usinage de l'acier ne permet pas (essayer donc de percer une pièce avec une mèche courbe…).

Quelques salles plus loin, une formation bijouterie. Rien de bien mystérieux là. Mais tout de suite après, dans un grand atelier fort bien tenu, le BTS CPDE s'offre aux visiteurs. C’est un BTS de découpe et d’emboutissage. C’est-à-dire ? Les étudiants de Bruno Allers conçoivent ici des moules sur lesquelles des presses d’une terrible puissance écrasent des plaques de tôles pour donner naissance à des multiples objets cachés dans la vie de tous les jours. Et quand ils maitriseront parfaitement les techniques, ces étudiants travailleront par exemple dans des bureaux d’étude.

Devant tant d'opportunités offertes aux lycéens et étudiants, on s'étonne moins. Bien sûr que l'aspect catastrophiquement moche du site internet du lycée ainsi que son entrée dissimulée ne sont pas le fruit du hasard : si les Lyonnais savaient qu'existe Hector Guimard, le lycée général et technologique Colbert, situé à 50 mètres de l'autre côté de la voie ferrée, ne recevrait plus un seul lycéen ou étudiant. Il est des secrets qui ont intérêt à le rester.

@lemediapol

2 commentaires
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@lemediapol le 12/09/2025 à 19:20
Jean Valjean a écrit le 12/09/2025 à 12h34

Un peu d'histoire aussi ferait du bien.... avant il s'appelait le lycée technique des industries métallurgiques LTRIM ou le lycée des Tchécoslovaques.
Ce lycée n'avait que des hommes et la fonderie il y a toujours été une institution à l'intérieur de ce lycée. Il y avait les les BEP électrotech MSMA fonderie et cetera.
C'était une bonne époque. Et oui j'étais un des élèves avant d'être maintenant chef d'entreprise.

Pas mal !
Si vous voulez me parler de votre parcours n'hésitez pas
romainmeltz@gmail.com

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Jean Valjean le 12/09/2025 à 12:34

Un peu d'histoire aussi ferait du bien.... avant il s'appelait le lycée technique des industries métallurgiques LTRIM ou le lycée des Tchécoslovaques.
Ce lycée n'avait que des hommes et la fonderie il y a toujours été une institution à l'intérieur de ce lycée. Il y avait les les BEP électrotech MSMA fonderie et cetera.
C'était une bonne époque. Et oui j'étais un des élèves avant d'être maintenant chef d'entreprise.

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